NETTALI.COM - Unique médaillé olympique de l'histoire de l'athlétisme sénégalais, El Hadj Amadou Dia Ba reste une icône mondiale. Son ancien encadreur, Fernand Urtebise est largement revenu dans un entretien sur ses relations avec le brillant athlète sénégalais.

Selon le technicien français, sa rencontre avec le médaillé d’argent sénégalais aux Jeux olympiques de 1988 l'a enrichi sur le plan humain et changé sa manière de percevoir le monde et la conception qu’il avait de sa discipline.

" Au début, je m’accrochais aux résultats et puis j’ai compris que c’était un prétexte", a fait savoir Fernand Urtebise dans un entretien paru dans l’édition de mercredi du quotidien sportif français L’Equipe.

A l'en croire, l’activité d’entraîneur est capitale, on apprend la vie à travers ce métier.

"J’avais amené (chez Dia Ba) une bouteille de très bon Bordeaux (vin) alors qu’il était un musulman, quel idiot", se souvient le technicien français.

" Je n’admettais pas qu’on baisse les yeux quand j’avais quelque chose à dire, sans penser que cela peut être perçu comme un comportement mal placé dans certaines cultures comme en Afrique où un enfant est supposé baisser les yeux quand les adultes lui parlent", dit encore.

Malgré sa retraite, Urtebise garde le contact avec des athlètes qu'il a entraînés pendant de nombreuses années.

"On a été invité à tous les mariages, ils nous envoient des photos de leurs enfants, ils viennent jusqu’ici parfois, ils m’écrivent", confie-t-il.

L’entraineur français revient aussi sur les premiers pas en France de l’actuel directeur du Centre africain d’athlétisme de Dakar.

" J’étais un peu là pour suppléer les parents, ils en étaient souvent loin. A Amadou Dia Ba, ma femme avait acheté un bonnet et des gants tellement il avait froid, quelle chance j’ai eue de les fréquenter tous. Quand il a commencé à gagner de l’argent dans les meetings, il faisait envoyer des sacs de riz au pays", poursuit-il.

" Pas de l’argent, car il disait : je ne sais pas s’ils auront à manger avec de l’argent", précise le technicien, qui a aussi dirigé la carrière de Stéphane Diagana, champion du monde français du 400m haies à Athènes (Grèce) en 1997.

Le Français dit avoir aussi retrouvé au sein de la famille de Dia Ba une continuité de l’éducation qu’il a reçue chez son père.

Ce dernier, dit-il, laissait toujours sa porte ouverte à l’étranger de passage qui a besoin d’une main charitable.

"C’est étonnant, c’est une forme de continuité que j’ai retrouvée chez Amadou Dia Ba au Sénégal. On mangeait par terre autour du plat. Il y avait une place de libre à côté", dans le cas où quelqu’un viendrait.

Sur la base des relations de confiance tissées avec ses athlètes, Fernand Urtebise assure qu’aucun d’eux ne pouvait penser au dopage.

"J’en suis certain et je leur ai dit que si un seul d’entre vous se dope, je quitte Paris et je m’installe où je suis aujourd’hui", a-t-il ajouté, soulignant leur avoir dit qu’il ne s’en remettrait jamais si quelqu’un parmi eux en venait à se doper.

Pourtant, à son départ à la retraite en 2005, deux de ses anciens protégés "ont fauté". "Et ça, c’était la douleur de ma vie", confie-t-il.