NETTALI.COM - Les formations politiques ainsi que des entités regroupant des personnalités indépendantes se sont réunis, hier, pour trouver un consensus autour du montant de la caution pour les élections locales et départementales du 23 janvier prochain. Elles n’ont pas trouvé un accord. Le montant de la caution devra être fixé par un arrêté du ministre de l’Intérieur, au plus tard à 150 jours du scrutin.

I l est dit que le processus électoral devant nous conduire au prochain scrutin local du 23 janvier 2022, risque de se transformer en foire d’empoigne entre pouvoir et opposition.

Hier, à l’occasion d’une rencontre qui visait à recueillir les avis consultatifs concernant le montant de la caution pour les élections municipales et départementales du 23 janvier prochain, les différentes formations politiques du pouvoir et de l’opposition, ainsi que des entités regroupant des personnalités indépendantes ne sont pas tombés d’accord sur le montant de la caution.

En effet, si l’opposition souhaite que le montant de la caution pour les élections locales soit fixé à 5 millions F CFA pour chaque type d’élection, afin d’assurer une plus large expression de toutes les composantes de la vie politique locale, les partis de la mouvance présidentielle, de leur côté, réclament un montant de 20 millions F CFA, afin d’éviter une floraison de candidatures susceptibles de nuire au processus électoral.

Pour Benoit Sambou, porte-parole du Pôle de la majorité présidentielle, cette somme a aussi pour but de mettre fin à la surenchère de candidatures et aux problèmes de logistiques liés au scrutin. ‘’Nous voulons être fidèles à nos positions que l’on avait déjà mentionnées, lors du dialogue politique. Nous avons constaté que, lors des dernières Locales 2014, la floraison de listes a occasionné un vrai casse-tête logistique pour les autorités, alors qu’elles ne comprenaient que les partis politiques. Aujourd’hui, avec les candidatures indépendantes, on risque de connaître une explosion de listes pouvant nuire à la bonne organisation de ce scrutin. Fort de cela, nous souhaitons que la caution soit fixée à 20 millions F CFA pour les élections municipales et 20 millions pour les élections départementales’’, a déclaré le ministre d’Etat.

Selon le responsable ‘’apériste’’ de Ziguinchor, ce montant ne constitue pas un frein à l’expression d’une démocratie viable, dans la mesure où le parti ou la coalition de partis qui aura réussi à obtenir des conseillers municipaux et départementaux verra sa caution remboursée.

‘’Les candidats qui veulent aller quérir les suffrages des Sénégalais doivent pouvoir s’aligner sur cette somme, d’autant plus qu’ils pourront recouvrir leur caution, si les populations leur accordent leur confiance. L’organisation d’élections dans notre pays coûte excessivement cher et il est important que les acteurs qui participent à ces élections participent aussi à son financement. En outre, ce montant va aussi nous permettre d’écarter les candidatures fantômes’’, dit-il.

Une proposition que rejette Aldiouma Sow, porte-parole du Pôle de l’opposition. D’après le responsable du Pastef/Les Patriotes, ce montant trop élevé remet en cause le caractère inclusif de cette élection qui doit permettre à une large partie des formations politiques et autres organisations politiques d’aller à la quête des suffrages des Sénégalais. ‘’Nous avons suivi les recommandations des experts et observateurs chargés d’évaluer les recommandations du dialogue national, qui estiment que la caution doit être à un montant raisonnable pour garantir la liberté de candidatures. Nous proposons 5 millions F CFA pour l’élection municipale et 5 millions pour l’élection départementale. Nous voulons, à travers ce montant, préserver la démocratie locale, en instaurant un mode de scrutin qui permette aux mouvements associatifs de participer aux élections. Or, si la caution est fixée à 20 millions F CFA, cela risque de faire disparaître le mouvement associatif qui est un levier de notre démocratie participative’’, clame-t-il.

Partis d’opposition et non-alignés sur la même longueur d’onde

Même son de cloche du côté du Pôle des partis non-alignés qui met en avant la crise économique liée à la pandémie de la Covid-19 pour fixer la caution à 5 millions F CFA. ‘’Nous estimons que la caution ne doit pas constituer un élément discriminatoire contre des citoyens qui veulent participer à la gestion de leur cité. Nous demandons à l’Etat de prendre en compte la situation économique liée à la pandémie de la Covid-19. Sur ce, nous rejoignons les positions de l’opposition, pour que le montant de la caution soit de 5 millions pour les élections municipales et 5 millions pour les départementales’’, déclare Déthié Faye, le coordonnateur du Pôle des non-alignés.

Auparavant, le ministre de l’Intérieur Antoine Diome a rappelé l’importance et les objectifs de cette rencontre qui visent à recueillir les avis consultatifs des représentants des partis politiques, des coalitions de partis et des entités indépendantes, en vue de déterminer le montant de la caution. Une somme qui sera finalement fixée par arrêté du ministre de l’Intérieur au plus tard, à 150 jours avant la tenue du scrutin.

‘’Cette rencontre traduit le comment vouloir des acteurs politiques pour la réussite du processus électoral. C’est un précieux outil d’aide à la prise de décision, dans une démarche inclusive et participative. Il ressort des articles L247 et L282 du Code électoral, que les listes de candidats sont astreintes au dépôt d’une caution auprès de la Caisse des Dépôts et de Consignation par le mandataire du parti politique, de coalition de partis politiques et d’entités regroupant des personnalités indépendantes. Le montant sera fixé après avis des partis légalement constitués, des coalitions de partis politiques et d’entités regroupant des personnalités indépendantes’’, indique le premier flic du pays.

(Avec Enquête)