NETTALI.COM - Emmanuel Macron, s'est s'exprimé lundi pour réagir à la prise de contrôle de l'Afghanistan par les Taliban. Alors que la France évacue ses ressortissants, le Président a par ailleurs déclaré que le "devoir et la dignité" de la France était de "protéger" les Afghans qui l'ont aidée et qui sont désormais menacés.

"L'Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu'il a été", a exhorté lundi 16 août Emmanuel Macron, lors d'une allocution télévisée, en réaction de la prise de pouvoir de l'Afghanistan par les Taliban.

"Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation", a mis en garde le Président, assurant que la France continuerait "de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ses formes".

Le chef de l'État a par ailleurs appelé à "une réponse internationale responsable et unie", et à "une action politique et diplomatique". "C'est un enjeu pour la paix et la stabilité internationale, contre un ennemi commun, le terrorisme et ceux qui le soutiennent. À cet égard, nous ferons tout pour que la Russie, les États-Unis et l'Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont les mêmes", a-t-il insisté.

Le président Macron s'est exprimé sur la situation en Afghanistan, le lendemain de la chute de Kaboul,  le 16 juillet 2021
Le président Macron s'est exprimé sur la situation en Afghanistan, le lendemain de la chute de Kaboul, le 16 juillet 2021 © studio graphique

"Protéger les Afghans qui l'ont aidée"

Pendant cette prise de parole, d'une dizaine de minutes, Emmanuel Macron est aussi revenu sur l'opération d'évacuation des ressortissants français, mise en place dès dimanche soir. Alors que la première rotation aérienne d'évacuation de Kaboul doit être organisée lundi soir, le chef de l'État a insisté sur "le devoir et la dignité" de la France de "protéger" les Afghans qui l'ont aidée et qui sont désormais menacés par l'arrivée des Taliban.

"L'urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France", a-t-il affirmé. Et d'ajouter : "C'est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident : interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d'autres. Près de 800 personnes sont d'ores et déjà sur le sol Français. Plusieurs dizaines de personnes sont encore sur place […] pour lesquelles nous restons pleinement mobilisés".

Le président Macron s'est exprimé au lendemain de la chute de Kaboul,  le 16 juillet 2021
Le président Macron s'est exprimé au lendemain de la chute de Kaboul, le 16 juillet 2021 © studio graphique

Quelque 625 Afghans employés dans des organisations françaises sont déjà arrivés en France avec leur famille depuis le mois de mai, selon le gouvernement.

"Deux avions militaires et nos forces spéciales [arriveront] dans les prochaines heures" à l'aéroport de Kaboul pour prendre en charge ces personnes et les ressortissants français encore présents dans la capitale afghane, a ainsi annoncé le chef de l'État.

Lutter "contre des flux migratoires importants"

Emmanuel Macron a cependant affirmé vouloir porter une initiative européenne visant à "anticiper" et "protéger contre des flux migratoires irréguliers importants" qui pourraient émerger après la prise de pouvoir des Taliban.

Cette question est sensible alors que les Afghans ont constitué en 2020, 10,6 % des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44 000 sur quelque 416 600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2 %), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat. À l'instar d'autres capitales, Paris a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d'asile.

Tout comme une résurgence du terrorisme, une nouvelle vague migratoire est crainte par de nombreux responsables politiques, comme le numéro deux du RN, Jordan Bardella, qui a appelé à "un sursaut international pour protéger la France et l'Europe d'une déferlante migratoire sans précédent que nos dirigeants semblent encore prendre à la légère".

"Nous porterons, en lien avec la République fédérale d'Allemagne et d'autres Européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie", a déclaré le président français, en appelant à "la solidarité dans l'effort, l'harmonisation des critères de protection et la mise en place de coopérations avec les pays de transit".

Avec AFP