NETTALI.COM - Oumar Youm, Alioune Badara Cissé, Aminata Touré ou même Amadou Ba… ont subitement disparu de la sphère politique sénégalaise. Ces hommes et femmes, qualifiés de militants de la première heure, ont, au fil du temps, été débarqués de leur station ministérielle. Seuls quelques uns, comme Abdoulaye Daouda Diallo, continuent leur cheminement auprès du chef de l’Etat.

Il est en train de battre un record de longévité dans les gouvernements de la deuxième alternance. Si le contingent qui a constitué le premier gouvernement d’Abdoul Mbaye s’est dispersé, au fil du temps, Abdoulaye Daouda Diallo a lui opéré une sorte de montée en puissance, occupant, tour à tour, des stations ministérielles de souveraineté. Figurant dans le premier gouvernement aux côtés d’Alioune Badara Cissé (Affaires étrangères), Mbaye Ndiaye (Intérieur), Mor Ngom (Transports) et Aly Coto Ndiaye (Jeunesse), Ibrahima Sall (Éducation), ou encore Aminata Touré (garde des Sceaux-Justice), Abdoulaye Daouda Diallo (ADD) a su conserver sa place dans l’appareil étatique.

Budget auprès du ministre de l’Economie et des Finances en 2012, il a été reconduit dans le gouvernement piloté par Aminata Touré en 2013. Le maire de Boké Dialloubé, une localité située dans le nord du Sénégal, précisément dans le département de Podor, a atterri dans le très exposé ministère de l’Intérieur. Rapidement, le responsable politique du Fouta est mis à rude épreuve, essuyant les critiques et les remarques acerbes de l’opposition.

Mais le technocrate fait front. Il se forge très vite une carapace et fait face. L’opposition juge inconcevable que le ministre, un partisan de Macky Sall, organise les scrutins. A l’époque, c’était d’ailleurs l’actuel ministre des Mines et ancien secrétaire général adjoint du Parti démocratique sénégalais, Oumar Sarr, qui portait la parole de ses pairs au sein du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Sénégal, pour exiger une personnalité neutre et consensuelle, afin d’éviter tout soupçon de fraudes dans l’organisation des élections.

ADD et son leader feront fi de ces remarques. Sous son magistère, vont être organisées les Municipales de 2014, le Referendum de 2016 et les Législatives de 2017 remportées par la coalition Benno Bokk Yaakaar. Le ministre de l’Intérieur d’alors sera d’ailleurs félicité par le chef de l’Etat pour l’organisation des Législatives, sous les récriminations de l’opposition. “Les élections ont été bien organisées. Il y a eu des couacs ; mais couac ne veut pas dire échec. Le ministre de l’Intérieur doit être félicité. Sept cents tonnes de bulletins ont été acheminées dans 39 pays. C’est un record’’, déclare le chef de l’Etat.

Après le département de l’Intérieur, le maire de Bokké Dialloubé rejoint, en 2017, le département des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. Il effectue, en septembre 2018, le lancement du Bus Rapid Transit sur voies réservées (BRT). Un projet financé à hauteur de 184 milliards de F CFA par la Banque mondiale et 52 milliards de F CFA par la Banque européenne d’investissement, qui a pour but d’améliorer la mobilité dans la capitale sénégalaise.

Depuis avril 2019, ADD est le ministre des Finances et du Budget. Un secteur qu’il maitrise bien. Puisqu’avant son entrée dans le gouvernement, Abdoulaye Daouda Diallo a, de 2009 à 2012, été adjoint au chef de Centre de DP1 et chef de Bureau de recouvrement des professions libérales. Le responsable de l’APR dans le Fouta a également été, en 2008, secrétaire général de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres).

Il a, auparavant occupé, entre 2005 et 2007, le Secrétariat général du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales. Plus tôt, en 2000, le sieur Diallo était directeur administratif et financier de Dakar Dem Dikk.

Au fil des années et des péripéties, ADD s’impose comme un homme fort du régime et un fidèle allié du président Macky Sall. Parallèlement à sa présence dans les différents gouvernements des deux magistères de Macky Sall, le technocrate prend de l’épaisseur politique et s’impose, dans son Fouta natal, comme l’un des politiques les plus en vue. En attestent les propos de Macky Sall, lors de sa dernière tournée dans le Nord. Il disait ne pas avoir besoin de battre campagne dans cette localité où le parti au pouvoir contrôle 22 mairies sur les 22 du département. “Je ne suis pas en campagne à Podor. Je n’ai pas besoin de venir ici pour faire campagne ; ni à Podor ni à Matam. Je suis tellement fier que mon discours de Bokké Dialloubé soit un de remerciement et de gratitude’’, déclarait Macky Sall devant un Abdoulaye Daouda Diallo qui a fini de déclarer Podor titre foncier du président de la République.

(Enquête)