NETTALI.COM - La victoire de Lewis Hamilton à Silverston, lors du Grand prix de Grande Bretagne, a du bon. Elle a au moins permis de régler un problème anglais pour lequel trois joueurs noirs de football ont subi la furie de supporters racistes qui les ont abreuvés d’insultes. C'était suite à des pénaltys manqués en finale de coupe d’Europe.

Les amateurs de course automobile ne sont pas au bout de leurs surprises en Formule 1 avec Lewis Hamilton ou plus exactement le septuple champion du monde de Formule 1 en 2008, 2014, 2015, 2017, 2018, 2019 et 2020. Le britannique n’est personne d’autre que le pilote le plus titré en compagnie de l’Allemand Michael Schumacher qu’il dame toutefois le pion en nombre de pôles positions.

Alors que beaucoup pensaient que Max Verstappen, avec cette année une voiture très rapide et devançant Hamilton au classement, allait remporter le Grand Prix de Grande Bretagne, Lewis 2ème sur la ligne de départ, gagnera la course après un crash dont est victime le Néerlandais et un dépassement sur le pilote de Ferrari Charles Leclerc.  Une nette victoire qui tranche avec les insultes racistes essuyées par les trois joueurs anglais de football, Marcus Rashford, Jordan Sancho et Bukayo Saka, suite aux penaltys manqués lors de la finale de coupe d’Europe Angleterre-Italie.

Ces supporters emportés par leur bêtise, ont même oublié que l’Angleterre n’a jamais remporté une coupe d’Europe et que cette équipe dans laquelle, il y a des joueurs noirs aussi, lui a permis enfin, après plusieurs années,  d’accéder en finale en 2021. La seule fois d’ailleurs.

Une défaite honorable aux tirs aux buts qui a aussi montré à quel point certains supporters racistes peuvent être ingrats face à la défaite, dans un sport où au finish, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur. A la vérité, un penalty ne peut être manqué que par celui qui le tire. Et Dieu sait qu'il en existe des stars du ballon rond qui en ont raté dans leur carrière. Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Neymar, Kylian Mbappé, Harry Kane... ne nous démentiront pas. Lors de la séance de tirs aux buts qui demande une grande force mentale ainsi qu’une concentration, il est clair que les entraîneurs ne choisissent pas les joueurs au hasard car ils savent, dès les séances d'entraînement, ceux qui en ont l'habitude, la dextérité, le mental et les réussissent. Un exercice devenu d’ailleurs bien plus difficile surtout avec la présence de gardiens de buts de plus en plus bons. Si l’on y ajoute l'épreuve de nerfs que c’est, il est difficile, au regard de l'enjeu et de la jeunesse de ces joueurs, de ne pas être impressionnés ou stressés.

Jordan Sancho, Marcus Rashford et Bukayo Saka ont en commun d’être des Noirs. Et le hasard a voulu que ces échecs tombent sur eux. Ils auraient su qu'ils rateraient les penalties qu’ils ne les auraient certainement pas tirés. Cela aurait été trois Blancs, l’affaire serait restée au stade de simple déception.

Des actes racistes qui ont d’ailleurs poussé la Fédération anglaise de football à réagir. Celle-ci s'est dite « consternée » et « dégoûtée » par les propos racistes publiés sur les réseaux sociaux à l'encontre de ces trois joueurs qui ont manqué leur tir au but, lors de la finale de l'Euro perdue face à l'Italie dimanche à Wembley.

Ce dimanche 18 juillet, Lewis Hamilton a fait honneur encore une fois de plus à l’Angleterre en gagnant face à une écurie italienne, Ferrari. Une victoire vue par des commentateurs de télévision comme une revanche pour l'Angleterre face à l'Italie en finale de Coupe d’Europe de football. Comme quoi, ces gros racistes qui ont abreuvé d'insultes ces trois jeunes, devraient, ne serait-ce que pour être conséquents avec eux-mêmes, glorifier ce génie de métis. Pardon, ce Noir né d’un père noir et d’une mère blanche. Mais en lieu et place, Lewis Hamilton a été victime lui aussi d'insultes racistes en ligne après sa victoire au Grand Prix de Grande-Bretagne dimanche, si on en croit les médias britanniques. En réponse à un post Instagram de son équipe, Mercedes, des emojis de singe ont été envoyés par des utilisateurs du réseau social

Ce qui a d’ailleurs entraîné une réaction de l'équipe Mercedes, ce  lundi matin 19 juillet aux messages racistes reçus. Dans un communiqué commun avec la Fédération internationale (FIA), elle a « condamné ce comportement avec la plus grande fermeté » et « exhorte à ce que les responsables soient punis pour leurs actions ».

Des propos racistes contre les trois joueurs noirs qui ont évidemment choqué les basketteurs noirs américains Lebron James et Carmelo Anthony, militants actifs de « Back Lives matter » (la vie des Noirs compte) aux côtés de Colin Kaepernick qui ont été obligés d’apporter leur soutien à ces trois footballeurs noirs à travers des messages. Rappelons tout de même que Colin Kaepernick est devenu une icône des droits civiques en 2016 qui, au lieu d'écouter l'hymne américain la main sur le cœur, les yeux tournés vers le drapeau, se fait remarquer en posant le genou à terre, afin de manifester sa solidarité avec le mouvement "Black Lives Matter". Un geste qui rappelle les prières publiques des manifestants pacifiques pour les Droits civiques, dans les années 1960.

Cet ex-joueur de la National Football League (NFL) et son activisme qui aura eu raison de sa carrière, répétait cet acte hautement symbolique avant chaque rencontre, rejoint par certains de ses coéquipiers. "Je ne veux pas me lever pour saluer un drapeau qui opprime les Noirs et les gens de couleur", avait expliqué le sportif de 28 ans, né d'un père noir et d'une mère blanche.

Un mouvement et une cause auxquels n’a pas été insensible le Britannique qui s’est d’ailleurs élevé contre le racisme dans la société, notamment en Formule 1. Il a ainsi insisté sur le fait que les personnes de couleur ont moins de chance de réussir: « il y a beaucoup d'autres jeunes enfants de couleur qui méritent d'avoir l'opportunité de progresser, d'avoir une bonne éducation, [qui pourraient] être ingénieurs ou ce qu'ils veulent. Mais le fait est que l'opportunité n'est pas la même pour eux ». Alors que la signature de son contrat pour la saison 2021, où il briguera un huitième titre, se faisait toujours attendre, Hamilton n’avait pas semblé craindre les conséquences que pouvaient entraîner ses prises de parole: « Il n'y a aucune raison de rester silencieux. Et une fois que je me suis dit cela, je n'ai eu aucune peur. » Le pilote Mercedes avait d’ailleurs affirmé que la cause « Back Lives matter » pour laquelle, il s’était engagé au cours de l’été, l’a aidé à être plus performant.

De quoi se demander à quand la fin du racisme dans le sport ? Mais lorsqu’on comprend que les supporters émanent de la société, l’on peut bien mieux intégrer que le racisme a de beaux jours devant lui. Aux joueurs noirs, on demandera toujours d’être excellents. Bien plus que les sportifs blancs. Mais l’on comprendra difficilement qu’ils trébuchent un jour.  Comme s’ils n’étaient pas de simples êtres humains, comme les autres. Et c’est cela qu’on appelle le racisme !