NETTALI.COM - Six mois nous séparent des prochaines échéances électorales. Mais force est de reconnaitre que nous sommes en plein dans la fièvre des locales. Et ce n’est pas Macky Sall qui dira le contraire, lui qui a déjà enfourché son cheval pour galoper avant que les autres écuries ne se réveillent. Une atmosphère qui n’est pas d’ailleurs pour déplaire aux médias qui trouvent là une aubaine, une belle occasion de doper leurs canards et d’animer des émissions sur le sujet.

Les tournées économiques de Macky Sall ont bien repris. Et les présences récentes de ce dernier à Kaffrine avec l’inauguration de l’hôpital de la localité et à Kédougou, sont vues comme une campagne électorale avant l’heure. Une manière de battre le rappel des troupes en direction des locales. Janvier 2022 n’est plus très loin. Des élections toutefois analysées par des observateurs de la scène politique comme des joutes qui vont préfigurer les résultats de la présidentielle de 2024. Si Macky Sall est bien sûr candidat. De quoi  créer chez lui une forte émuler et le doper. Il est à fond sur cette élection. Il ne lâche rien. Il s’active sur le terrain, inaugure des édifices, s’offre des bains de foule, tâte le pouls du Sénégal profond et effectue quelques réglages au passage. On ne change pas une recette qui fonctionne, diront certains. La preuve, le chef de Benno Bokk Yakaar agit méthodiquement. Un déploiement sur le terrain qui s’est déroulé en quelques étapes bien planifiées.

D’abord, il fixe par décret, la date du scrutin pour le renouvellement général du mandat des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022. Ensuite, dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, informe, à son tour, que, conformément aux dispositions de l’article 1er de la loi n° 2021-24 du 12 avril 2021 portant report des élections territoriales, le président de la République, Macky Sall «a, par décret n° 2021 – 562 du 10 mai 2021, fixé la date du prochain scrutin pour le renouvellement général du mandat des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022».

Aussitôt après, le chef de l’Etat qui n’est pas, à vrai dire concerné par ces élections, renoue avec les tournées économiques. Première étape, pendant la période du 29 mai au 2 juin, il pose ses baluchons dans les régions de Kaffrine et Kédougou. Du 12 au 19 juin, il fera cap sur le Nord du Sénégal (régions de Saint-Louis et de Matam) avant d’y présider un Conseil présidentiel et un Conseil des ministres à Matam.

Mardi 5 juin, Le Soleil dans un «Dossier Exclusif» anticipe déjà sur la visite du Président Sall en faisant un «point sur 10 ans d’investissements énormes» avec comme titre «Comment Macky Sall a changé le Nord» et annonce 400,2 milliards de F CFa investis dans 34 projets majeurs achevés pour «doter les régions de Saint-Louis  et de Matam, d’infrastructures routières (routes, ponts, voiries, pistes), scolaires , sanitaires, d’ouvrages d’art  et hydrauliques» et «336,7 milliards de F Cfa prévus entre 2021 et 2024 pour achever la modernisation du Fouta et du Walo». Signe que la machine électorale est bien lancée, et Macky Sall en est le directeur de campagne !

Si le chef de l’Etat agit ainsi, c’est bien parce qu’il ne veut, en aucun cas abandonner sa stratégie payante, celle qui l’avait portée au pouvoir en 2012. Mais surtout parce que les tentatives de mobilisation de ses militants, suite aux évènements violents, n’avaient pas produit de bons résultats à part soulever des critiques. Macky Sall sait bien aussi que le gain politique que peut lui apporter le contact permanent avec les populations de l’intérieur du pays. C’est pourquoi, avant son accession à la magistrature suprême, il avait sillonné à plusieurs reprises le pays. Lors de la campagne électorale présidentielle de 2012, il avait patiemment et stoïquement visité toutes les régions du pays, de l’Ouest à l’Est, du Nord au Sud pour terminer au centre et enfin revenir à Dakar pour son meeting de clôture.

Une vieille recette remise au goût du jour : 115 localités visitées, 62 meetings organisés

Sur les 21 jours de la campagne, il n’est en réalité resté à Dakar que trois matinées et trois nuits. Il avait ainsi parcouru plus de 115 localités et tenu 62 meetings au total. Des meetings qui avaient eu lieu parfois jusqu’à 4 heures du matin. Partout où il était passé, il avait drainé des foules. Il avait même noyé, l’on se le rappelle, Souleymane Ndéné Ndiaye, Directeur de cabinet d’alors et Premier ministre d’Abdoulaye Wade, dans son fief de Guinguinéo, le jour de la visite de l’ex-président Wade dans cette localité pour les besoins de sa campagne. A Tambacounda chez Khouraïchi Thiam, il avait aussi réussi une mobilisation exceptionnelle. Chez Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, il avait également été assailli par une horde de personnes, l’obligeant à y passer une nuit supplémentaire. A Kédougou, même succès, le chef de l’Apr avait rallié les populations à sa cause, enrôlant au passage deux anciens ministres de Wade, Mamadou Sidibé et Mamadou Makalou qui avaient d’ailleurs fini par quitter la barque libérale et déposer leurs baluchons à l’Alliance pour la République (Apr).

Et même à Thiès, fief réputé indéboulonnable, Macky Sall avait titillé Idrissa Seck, et même osé aller à l’assaut de la promenade des Thiessois, endroit réputé difficile à remplir. A Mbacké, la forte affluence aurait pu virer au drame si sa sécurité n’avait pas anticipé pour l’exfiltrer avant de le faire revenir au moment où certaines populations, croyant qu’il est parti, étaient rentrées. Au Fouta, il avait fait une razzia, poussant le chef de l’Etat de l’époque, Abdoulaye Wade à l’accuser de jouer la carte ethniciste, avec à la clef une victoire à la présidentielle de 2012. Macky Sall avait, en effet, durant sa campagne, visité la quasi-totalité des localités peulh, s’exprimant dans la même langue, expliquant au passage son programme «yoonou yokkute» (le chemin du développement), tout en exhibant à chaque fois, son bulletin de vote reconnaissable par la tête de cheval et la couleur marron. A Fatick, localité dont il était le maire, il s’était adressé aux populations en wolof et en français et chanté en sérère, déclenchant une hystérie collective.  En Casamance, il était allé jusqu’aux bastions rebelles pour promettre le règlement de la crise casamançaise, si jamais il venait à accéder à la magistrature suprême.

Son marathon électoral, Macky Sall l’avait couplé avec une série de visites de courtoisie, surtout dans les foyers religieux et coutumiers. Partout où il était passé, il avait sollicité et obtenu des prières. Du khalife général des mourides au Khalife des layènes, en passant par le guide des khadres, de Léona niassène, de Taïf, de Darou Mousty, l’évêque de Ziguinchor, le roi d’Oussouye…, il avait été partout reçu avec les honneurs par ces différents guides.  Une stratégie qui s’était avérée payante au regard des résultats obtenus.

Macky face à ses obligations pour des élections nickel

Sachant que seul le terrain paie, Macky Sall ne veut donc en aucun cas être celui qui se laissera distancer par ses adversaires politiques. Il cherche à garder les cartes en main et décidera en dernier ressort de ce qu’il compte faire. Toutefois, en tant que leader d’une coalition, personne ne peut lui reprocher sa stratégie politique, mais en tant que chef de l’Etat, il a l’obligation de veiller à ce que tous les moyens soient mis à disposition pour les Sénégalais puissent sacrifier à leur devoir citoyen. Il a pris un décret pour fixer la date des élections, il devra aussi en faire autant pour fixer la période de révision des listes afin de permettre aux primo-votants (qui viennent d’avoir 18 ans, l’âge légal pour pouvoir voter) de figurer sur les listes ; mais aussi à ceux qui veulent changer de lieux de vote, avec les nouveaux découpages administratifs qu’il a initiés, de le faire. Last but not least, il doit veiller à ce que l’information soit portée à la connaissance du public afin d’éviter une rupture d’égalité des citoyens devant la loi.

On le sait, le président de la République a récemment acté un découpage de plusieurs localités avec notamment Keur Massar, devenu un département. A partir de ce moment, une nouvelle carte électorale se dessine et le chef de l’Etat devra prendre un nouveau décret portant carte électorale dans ce sens. A la suite de cela, il devra sortir un décret portant révision des listes électorales en application des dispositions du code électoral pour permettre justement aux populations de ces localités touchées par le découpage, de changer de circonscriptions et de bureaux de vote. Cela permettra aussi aux primo-votants de s’inscrire, mais aussi à ceux qui sont détenteurs de la carte nationale d’identité depuis belle lurette, mais qui ne figurent pas sur les listes électorales (ils sont nombreux) de pouvoir y figurer. De même, le chef de l’Etat a l’obligation morale de concrétiser, comme il s’y était engagé, les propositions de la commission politique du dialogue national. Il a été ainsi proposé que les maires soient élus au suffrage universel direct (comme c’est le cas pour la présidentielle et les législatives) pour mieux prendre en compte la volonté des votants. Macky Sall devra donc proposer un projet de révision du code électoral dans ce sens afin que cette volonté affichée soit traduite en acte.

Bref, une somme de devoirs auxquels, il devra sacrifier au moment où des recommandations ont été faites par la société civile dans le but de corriger les failles du fichier. La mise à l’écart du ministre de l’Intérieur comme arbitre des élections, est aussi réclamée par la même organisation. Lors d’un récent atelier de partage du mardi 1er juin, Doudou Gningue, un porte-parole du collectif d’organisations de la société civile, a évoqué la nécessité pour la Direction générale des élections de «s’affranchir du joug politique de sa tutelle (le ministère de l’Intérieur) et (…) de se tenir à équidistance des parties prenantes des processus électoraux». Mais toujours est-il qu’il y a eu dans les actes posés par Macky Sall comme un subterfuge pour prendre de vitesse l’opposition avec pour objectif de le mettre devant le fait accompli, notamment sur la question du découpage électoral et du fichier.

Macky face aux frondes

Mais Macky Sall a un grand écueil devant lui depuis qu’il a demandé à ses partenaires politiques de la coalition et de son parti d’attendre ses décisions dans les différentes localités en vue d’organiser le choix des candidats en vue des locales de janvier 2022. Des directives que beaucoup ne sont toutefois pas prêts à entendre, estimant que la validation des candidatures doivent rester une émanation des populations qui connaissent mieux la réalité de leurs localités.

Et même si beaucoup ont ressenti ces directives comme mal venues,  à Kaffrine, le chef de file Macky Sall a usé de la carte diplomatique pour tenter de faire passer la pilule du calme. On voit bien qu’il fait allusion à la rivalité Abdoulaye Sow et Abdoulaye Wilane e qui avait poussé ce dernier à faire des sorties un peu musclées avant de mettre de l’eau dans son vin à Déclic sur la Tfm en se déclarant se référer à l’autorité. A ses militants du Ndoukoumane, Macky Sall a en tout cas ordonné : «Il ne faut pas vous quereller pour des postes, si vous croyez en moi. Ce qui est important, ce n’est pas qui sera maire ou président du Conseil départemental. Ce n’est pas important pour le Sénégal. L’essentiel est de m’écouter, le moment venu, pour que je vous indique le chemin à prendre…». Se faisant on ne peut plus clair, le président de la République a lancé dans une allusion assez édifiante : «Si nous sommes unis, je suis sûr que nous allons gagner à 100% les communes dans cette région. N’écoutez pas les visiteurs du soir qui vont essayer de vous monter contre votre parti ou votre coalition, en vous faisant croire qu’on ne vous respecte pas. Ce sont des gens qui sont persuadés qu’ils ne peuvent rien gagner et qui veulent juste vous utiliser pour espérer compter. Il faut leur dire de garder leurs récépissés. Nous, on ira sous la bannière de Benno Bokk Yaakaar. Aucun militant ne prendra une autre liste. Je tenais à le dire…» Un discours qui semble tomber dans l’oreille d’un sourd car beaucoup ne l’entendent pas ainsi.

A l’émission «Edition du Soir» de Walf Tv, animée par Moustapha Diop, il a été question du thème «Vent de révolte à Benno». Et c’est le focus qui a été fait sur certaines rivalités dans certaines localités. Présent sur le plateau, Bocar Diongue de l’Alliance pour la république (Apr) a menacé au cas où Macky Sall viendrait à désigner Moussa Sy aux Parcelles Assainies, ils ne le supporteraient pas. Une manière de dire qu’il roule pour Amadou Ba qui est le bon candidat, selon lui, pour Parcelles et Dakar. Un avis que ne partage pas le journaliste Mame Birame Wathie, alors que son collègue sur le plateau semblait confirmer accréditer cette thèse affirmant que Benno a gagné Dakar depuis qu’Amadou Ba y milite. Pour Wathie, la victoire d’Amadou Ba n’a jamais été clairement établie au regard de l’heure très tardive à laquelle ont été annoncés les résultats. Ce qui augure, d’après lui, d’âpres rivalités d’autant plus que Georges Nesta Diop pense que Moussa Sy est candidat à sa propre succession.

Le quotidien "Enquête", dans un large dossier de ce mardi 8 juin, sur le thème, rappelle ! «L’exemple de Malick Gakou étant encore frais dans les mémoires, le “coordonnateur’’ de Benno a intérêt à s’affirmer, lors des prochaines joutes électorales». «En effet, en 2014,  croit savoir notre source, Malick Gakou, présenté comme favori, avait accepté de jouer les seconds rôles, au profit du frère du Président, Aliou Sall, dans son fief même à Guédiawaye. Depuis lors, ce dernier a renforcé sa notoriété politique et cumule les victoires dans cette localité de la banlieue. Pour éviter de subir le même sort que l’ancien numéro 2 de l’Afp, l’ancien ministre des Finances va devoir se peser aux locales. C’est en tout cas la conviction de ses partisans, pour qui, Amadou Ba est le prochain Président de la République. Il suffit de faire un tour dans les différentes plateformes de communication du ministre pour s’en convaincre. Mais pour y parvenir, il faudra trancher le débat entre lui, Moussa Sy et Mbaye Ndiaye. Qui va défendre les couleurs de l’Alliance pour la République et de Benno aux Parcelles assainies ?».

Ce sont en effet des dissensions similaires qui ont vu le jour dans plusieurs localités. A Saint-Louis, face à Mansour Faye, Mary Teuw Niane déclare sa «candidature irréversible» dans «L’Observateur» de ce lundi 7 juin, arguant que ce sont les citoyens qui décident de leur maire et non une autre personne. Pendant ce temps, le quotidien «Dakar Times» de ce lundi 7 juin annonce des élections à risques pour Mansour Faye, après avoir évoqué son élection contestée sans oublier «ses échecs dans sa gouvernance locale». A Grand-Yoff, Adama Faye, le frère de la première dame, responsable politique dans cette localité, déclare sa candidature aux élections locales de 2022 et défie Macky Sall de diriger une liste parallèle, si jamais il choisit quelqu’un d’autre pour diriger la liste de l’Alliance pour la république (Apr) dans cette localité. Et sans gants, dans une lettre aux allures de défis et d’attaques, celui-ci révèle son état d’âme et sa volonté de se rebeller s’il venait à l’idée du président d’imposer un candidat. «Monsieur le président, grande fut ma peine de vous entendre demander à vos partenaires politiques de la coalition Benno Bokk Yaakaar et à vos frères et sœurs du parti Apr de vous écouter et d’attendre vos décisions dans les différentes localités pour les élections locales de Janvier 2022. Attention ! (…) À la question nationale concernant vos mandats, vous avez eu la liberté de répondre par un ni oui ni non. (…) Monsieur le président, attendez-vous à ce que l’on ne soit pas toujours d’accord avec vous et ce, en toute liberté. (…) Tant que c’est à huis clos cela peut ne pas déranger, mais votre excès de pouvoir et votre comportement de dictateur ou de monarque inquiètent plus d’un. Ma liberté de porter ma candidature et de la proposer non pas à vous, mais à mes concitoyens, ceux de ma commune qui auront l’éclectisme et la liberté de porter ou non leur espoir en moi (…) Monsieur le président tout cela pour marteler hic et nunc que moi Adama Faye, membre fondateur du parti APR, je déclare ma candidature aux prochaines locales de janvier 2022 dans ma commune, Grand-Yoff. Il va s’en dire que si je ne bénéficie pas de l’accord de mon parti ou plutôt je dirais de votre décision, je présenterai si Dieu le Veut, une liste parallèle et concurrente quel que soit le mode de scrutin choisi, in fine, ma liberté aura été affirmée jusqu’au bout. Advienne que pourra.»

Une sortie que les médias ne pouvaient rater puisqu’elle est reprise par quelques supports de la presse quotidienne qui prédisent un  clash à venir entre le beau-frère et le président, là où un journal comme «Les Echos », barre à sa une : «Adama Faye crache du feu sur Macky». Des salves qui lui ont valu des retours de flammes notamment de Lat Diop qui a qualifié d’indigne la sortie de Faye. Ce qui a amené Mame Birame Wathie dans «Edition du soir» de Walf TV à se demander s’il ne s’agirait pas là d’un cas de chantage car cela faisait longtemps qu’Adama Faye n’avait pas pris la parole. Une sortie qui n’est toutefois pas une première car récemment, le beau-frère s’était distingué par d’autres attaques. Ce qui repose la question de l’invasion familiale au cœur du pouvoir. Un fait que relate le journal « Exclusif » qui a barré à sa une de ce jeudi 10 juin : « ces frères de Marième Faye qui « insultent » impunément Macky », citant Adama Faye et Ibrahima Faye, le président du mouvement « Aar sa reew » ; ce qui a aussi interpellé "Direct news "qui se demande ce « qu’attend pour le sanctionner ? ». Il parle bien sûr d’Adama Faye.

A sa une de ce jeudi 10 juin, Walf Quotidien est revenu sur la rivalité Amadou Ba et Abdoulaye Diouf Sarr et la question du choix du candidat de Bennoo de Dakar. Et c’est pour titrer : « les germes d’une débâcle » en évoquant les forces et les faiblesses de chacun des prétendants.

A Guédiawaye Bougazely invite à des investitures de Benno Bokk Yaakaar «dans les règles de l’art». Le responsable apériste entend ainsi défier Aliou Sall, même s’il dit n’avoir «aucun problème» avec ce dernier. L’ancien député, en liberté provisoire, suite à l’affaire des faux billets, annonce sa candidature et son soutien à Lat Diop pour la mairie de Golf Sud. De quoi augurer de lendemains incertains.

Et même si Me Wade a mis en place une task force pour ne pas se faire surprendre et éviter en même temps de reproduire son erreur en appelant au boycott de l’élection présidentielle de 2019, il reste aussi que l’opposition n’a pas dit son dernier mot sur la question du découpage, de l’inscription sur les listes électorales pour les primo-votants, la révision des listes et l’arbitrage des élections par le ministre de l’Intérieur. Aura-t-elle finalement le temps de régler toutes ces questions ? En tout cas, le temps paraît compté au regard même des questions de candidature pas encore réglées dans les différents états-majors.

De son côté, Macky Sall sait que les listes parallèles ne peuvent mener qu’à la débâcle. En 2017, il avait promis de ne pardonner aucune défiance, même si la politique du bâton n’a jamais été appliquée à tout le monde. D’autres ont pu bénéficier de plus de souplesse. Le patron de l’Apr a dû réconcilier ses lieutenants dans certaines localités capitales pour la victoire.  Constituer une liste pour des élections locales ou législatives, n’est pas chose aisée pour la coalition au pouvoir. Ce sera d’autant plus compliqué pour les élections à venir que la tête de liste va devenir directement maire si le code électoral est changé et que le suffrage universel direct consacré. Il sera donc bien difficile pour des tractations de nuit entre concurrents sur fond de corruption. Ainsi, ceux qui croient véritablement en leurs étoiles, n’auront d’autres choix que de s’émanciper de la liste présidentielle, en cas de non investiture. Mais à leurs risques et périls ! Et cela, Macky Sall le sait bien, le fin politicien qu’il est.