NETTALI.COM - Accusé  d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et apologie du terrorisme, le vendeur de bétail malien, Boukhary Bah, a comparu ce mardi 30 mars devant la chambre criminelle spéciale de Dakar. Le parquet a requis son acquittement.

En détention préventive depuis août 2017, l’éleveur malien, Boukhary Bah a comparu à la barre de la chambre criminelle spéciale de Dakar pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. En effet, l’accusé venait régulièrement au Sénégal pour y vendre ses bœufs. Et en 2017, il était venu avec 33 ruminants. Après-vente, il détenait par devers lui le montant de 10 millions de francs CFA. Ainsi, pour des raisons de sécurité, il est à la BOA pour voir si cette banque ne correspond avec celle où il ouvert un compte afin d’y verser ses sous. Malheureusement, en sortant de la banque, il y a oublié son téléphone qui a ramassé par l’un des vigiles qui l’a consulté. Il y découvre des images et des vidéos à caractère extrémiste. Il s’en ouvre à son à son patron qui lui a conseillé de saisir la police. Ce qu’il a fait. L’exploitation du téléphone par les éléments enquêteurs a permis la confirmation de cette découverte mais a révélé que le propriétaire était membre d’un groupe WhatsApp où on envoyait des messages et des vidéos ethnocentristes. Les investigations menées ont conduit à l’arrestation de Boukhary Bah qui, déféré au parquet, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt avant d’être renvoyé devant la juridiction de la chambre criminelle spéciale.

Il a, à la barre, nié les faits à lui reprocher. Il a indiqué qu’il n’est ni de près, ni de loin impliqué à une entreprise terroriste. A l’en croire, c’est un jeune qui, après lui avoir expliqué les avantages de WhatsApp, l’a aidé à télécharger cette application avant de l’ajouter dans le groupe dénommé « Andal poulagou » du Mali. « Je suis dans ce groupe uniquement pour avoir des informations. Il y a des sénégalais et des maliens qui sont membres de ce groupe. Il m’a fait les installations et m’a ajouté dans le groupe WhatsApp », a expliqué l’accusé.

Pour ce qui est des images et des vidéos troublantes trouvées dans le téléphone, il dit les avoir découvertes après son arrestation. « Je prie régulièrement et je respecte les préceptes de l’islam. Mais je ne connais pas le terrorisme », a-t-il fait savoir. Mieux, il souligne même qu’ils sont victimes de ces hommes armés qui volent leurs bétails. « Je ne sais pas s’ils sont des bandits ou des terroristes mais, ils volent nos animaux. Certains disent que ce sont les rebelles d’autres nous disent que ce sont des terroristes », a ajouté le présumé. Lequel a été conforté par les différents témoins qui ont défilé devant le prétoire.

Le parquet a requis l’acquittement. A son avis, il n’y aucun élément dans le dossier qui atteste qu’il y avait un projet de terrorisme à la réalisation duquel l’accusé a adhéré. Mieux, il a souligné que rien ne lui permet de soutenir que l’accusé était sous le contrôle opérationnel de groupes djihadistes. « Le groupe dont il est question, rien ne dit que c’est un groupe terroriste. On ne peut pas dire qu’il est affilié à un groupe à caractère terroriste. L’exploitation du téléphone ne nous a permis de relever aucun message provenant de l’accusé. J’ai consulté 102 messages sur la liste de ceux qui ont été répertoriés, j’ai pu écouter les 102 messages, je n’ai vu qu’une plateforme d’échanges qui parle de projet de développement de leur association et d’un journal satirique », a expliqué le maitre des poursuites.

Et d’ajouter : « l’accusé n’apparait sur aucune des vidéos qui ont été recueillies, il n’a émis aucun message. Rien ne dit qu’il a pris contact avec les djihadistes. Il avait Aucun élément ne lui permet de soutenir l’association ».

Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement. D’après Me Ibrahima, c'est à cause d’un vigile curieux que son client a été arrêté mais, il n’y a, dans le dossier, aucun élément prouvant sa culpabilité. Ses autres confrères ont abondé dans le même sens.

L’affaire est mise en délibéré pour jugement qui sera rendu le 29 avril prochain.