NETTALI.COM- Les cas de viol ont connu une hausse au Sénégal. 414 procédures sont enregistrées dans 12 des 14 tribunaux d’instance du Sénégal alors que le viol a été  criminalisé. Et cette loi crimisalisant le viol et la pédophilie votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 31 décembre 2019 pose un imposant point d’interrogation au sein de la justice.

Les chiffres sur le viol révélés par l’Obs dans sa livraison de ce jour font froid dans le dos. En effet, d’après le journal, au cours de l’année judiciaire 2018, 565 cas d’infraction à caractère sexuel (viol, attentat à la pudeur, pédophilie…) ont été repertoriés dans 12 des 14 tribunaux de grande instance du Sénégal. Mieux, en une année de criminalisation, 414 procédures de viol ont été enclenchées au Sénégal. Une hausse des cas comparés à ceux des années précédentes.

Le tribunal de Dakar a connu le plus grand nombre des cas de viol. En effet, 102 dossiers avec 108 inculpés dont 2 mineurs y ont été traités. Il est suivi du tribunal de grande instance de Thiès où, 48 dossiers ont été totalisés de janvier à décembre 2020.

A Tamba, 32 affaires de viol, pédophilie et détournement de mineurs sont actuellement sur la table du magistrat en charge de les instruire, là où, à Louga, 22 dossiers ont atterri à la table du procureur près le tribunal de grande instance de Louga. Et parmi ces 22 affaires, il y a 3 actes contre nature.

A Matam, il y a 7 cas de viol qui ont été portés à la connaissance de la justice. Du 06 février 2020 au 03 novembre 2020, 45 dossiers de viol impliquant 54 mis en cause sont décomptés au tribunal de grande instance de Pikine. Là où 41 cas de viol ont été traités au tribunal de Grande Instance de Diourbel.

Les tribunaux de Ziguinchor, de Mbour et de Kolda ont respectivement 37, 21 et 13 dossiers. Du 02 janvier au 30 novembre 2020, le tribunal de Kolda a décompté 13 affaires de viol, 1 tentative de viol et 7 attentats à la pudeur. A la date du 4 décembre 25 affaires de viol ont été remises au juge d’instruction à Kaolack.

Une loi décriée par les acteurs de la justice 

Saluée par les acteurs de la société de civile, la loi criminalisant le viol et la pédophilie, elle est décriée par des acteurs de la justice (procureurs, magistrats, avocats et techniciens de droit). Selon le journal, en voulant régler le problème d’autres ont jailli.

Cette loi est qualifiée d’absurde par un procureur interrogé par le journal. Car pour lui, cette loi n’a eu aucun effet sur la baisse de la recrudescence du viol. Un autre procureur souligne la difficulté à asseoir la culpabilité. Puisque, justifie-t-il, le certificat médical atteste seulement de l’existence de rapport sexuel, mais pas du fait que ça soit fait avec ou sans consentement.

Interpellé sur le sujet, Me Abatalib Guèye explique : « l’inconvénient de cette loi est de rendre la procédure très longue pour un fait de flagrant délit. Au Sénégal, il n’y a pas assez de juge d’instruction et on les encombre davantage de dossiers qui n’ont aucun acte d’information., car tous les éléments de preuve sont déjà dans le procès-verbal ».

Des propos partagés par un juge d’instruction, sous couvert de l’anonymat. « C’est un peu comme la loi sur la criminalisation du trafic de drogue. Ça engorge les cabinets et les prisons. Parfois, la personne fait des aveux circonstanciés et n’a pas besoin d’être emmenée en instruction. Il n’y a pas de plus-value avec l’instruction parce que c’est rare que le juge trouve des preuves supplémentaires ». Avec tous ces écueils, on va vers la disqualification et le non-lieu de certains dossiers.