NETTALI.COM - Le projet de loi de finances de l’année 2021 a connu une hausse de 8,9%. Seulement pour les députés de l’opposition, cette hausse n’a aucune importance.  Un argument des opposants battu en brèche par le ministre des Finances et du budget, des preuves à l’appui.

Passant à la loupe le budget 2021 du Sénégal, les députés de l’opposition n’ont pas caché leurs réserves face à son augmentation. Et ils l’ont dit publiquement hier à l’hémicycle. Le député Moustapha Mamba Guirassy a démonté la «hausse inopportune» dudit budget par le pouvoir en place. Lequel est arrêté à 4 589,15 milliards FCfa, contre 4 215,2 milliards FCfa en 2020, soit une hausse de 373,95 milliards FCfa en valeur absolue et de 8,9% en valeur relative. «Augmenter le budget de l'Etat n'est pas grand-chose. Ce qui importe, c'est la capacité de redistribution de la richesse. C'est là que nous attendons le gouvernement. Le fait d'avoir un budget de plus 4 000 milliards FCfa et au même moment voir presque 500 jeunes mourir en mer doit suffire à mesurer la pertinence de la politique de l’emploi», a indiqué M. Guirassy, tirant la première salve, lors de la session ordinaire unique 2020-2021 qui a permis aux députés d’adopter le projet de loi de finances de l’année 2021.

Moustapha Guirassy soutient que les investissements du gouvernement n'ont pas de sens pour la jeunesse. «C'est de la politique. On ne doit pas continuer à dire qu'on est à 4 000 ou 5 000 milliards FCfa de budget. Ce n'est qu'un investissement de prestige. Ce sont très peu de personnes qui accaparent la richesse du pays. Il faut qu'on revienne à l'essentiel», signale-t-il. Par éthique, Moustapha Guirassy pense qu’on ne devrait pas augmenter le budget de l'Assemblée nationale et celui du Cese. «Je pense que si on mobilise 1 000 milliards FCfa pour combattre la pandémie, alors qu'on n'a même pas eu 300 morts, on doit fondamentalement modifier les choses, là où on a presque 500 morts à cause de l'émigration clandestine. On devait organiser un «ndeup», pour voir ce qui se passe au Sénégal. Ce qui se passe actuellement est tragique. C'est un échec des politiques depuis longtemps», a-t-il ajouté.

Mame Diarra Fam contre la hausse du budget de l'Assemblée nationale

Mame Diarra Fam, députée de la diaspora, abonde dans le même sens. Elle a contesté la hausse du budget 2021 de l’Assemblée nationale. Pour elle, «l’augmentation du budget de l’Assemblée nationale ne sert à rien. La somme qui est ajoutée pour acheter des véhicules, pouvait être mise dans le budget du ministère de la Jeunesse pour lutter contre le chômage et l’émigration clandestine», avise-t-elle.

Abdoulaye Diallo, ministre des Finances et du budget, a tenu à apporter des éclairages face aux députés de l’opposition. «Le projet de loi de finances de l’année 2021 est bâti sur une prévision de croissance de 5,2% et un déficit budgétaire attendu à 5% contre 6,1% lors de la loi de finances de l’année 2020. Cette hausse du budget est liée, d’une part, à l’augmentation du déficit que l’on doit toujours financer, mais aussi aux appuis exceptionnels, importants de nos partenaires techniques et financiers. Le budget 2021 a été élaboré sur des bases réalistes, en tenant compte surtout des conséquences de la pandémie et du cadrage budgétaire», a-t-il indiqué.

Le ministre souligne que pour ce qui concerne l’accès au financement, les moyens de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide (Der) seront renforcés. Dans le but d’accompagner les secteurs formel et informel, le Pap2A prévoit des lignes de financement, notamment 300 milliards FCfa pour le secteur formel, les grandes entreprises, surtout les Pme avec des garanties que l’Etat va proposer, dont les taux d’intérêt ne dépassent pas 5,5%. Pour le secteur informel, la ligne est de 100 milliards FCfa. L’Etat mettra 50 milliards FCfa et par effet de levier avec l’aide du Fongip et de la Der, il est prévu de lever 50 milliards FCfa supplémentaires afin de financer le secteur privé informel. «Pour lutter contre le chômage, il nous faut une bonne formation et une bonne industrialisation pour que les jeunes puissent se retrouver. L’émigration clandestine ne concerne pas uniquement l’emploi, c’est aussi un problème de perception et de responsabilité. Ce phénomène n’est pas de la responsabilité exclusive de l’Etat, c’est aussi dû à la pression des parents et de la société», a noté le ministre.

Sur le budget 2021, les 86 231 158 638 FCfa sont alloués à la présidence de la République, 24 810 186 496 FCfa à l’Assemblée nationale, 14 894 546 000 FCfa au Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct),  8 244 246 284 FCfa au Conseil économique, social et environnemental (Cese), 1 290 122 400 F Cfa au Conseil constitutionnel, 2 064 240 000 FCfa à la Cour suprême, 9 510 098 577 FCfa à la Cour des comptes et 26 975 085 109 FCfa au Secrétariat général du gouvernement. Le montant de la dette publique pour la gestion 2021 est arrêté à 327 milliards FCfa.