NETTALI.COM - A la quête de travail depuis des années, le regroupement des diplômés sans emploi du Sénégal a écrit ce mardi 10 novembre au chef de l'Etat Macky Sall. Dans cette missive parvenue à notre rédaction, les diplômés chômeurs déplorent l'absence de politique d'emploi mais aussi le mutisme du gouvernement suite aux naufrages ayant emporté des centaines de jeunes sénégalais candidats à l'émigration clandestine.

Le regroupement des diplômés sans emploi du Sénégal, une association apolitique à but non lucratif créé le 25 août 2011 et dont le but est l’accès à l’emploi des jeunes diplômés via le plaidoyer auprès des autorités et de la société civile, lance un énième appel de détresse au président de la République, Macky Sall suite à la précarité qui secoue fortement les jeunes diplômés.

Pour le Rdses, la quête de plus de justice sociale est la principale motivation des activités et actions du Regroupement. Le droit au travail garanti par notre constitution est le fondement de la justesse de cette démarche " Chacun a le droit de travailler et le droit de prétendre à un emploi. Nul ne peut être lésé dans son travail, en raison de ses origines, de ses opinions, ou de ses croyances. "

A travers une lettre signée par le coordinateur, le regroupement des diplômés chômeurs invite le président Sall à revoir le mode recrutement.

" Par cette présente, nous tenons à vous interpeller sur certaines pratiques qui hélas constituent un virus pire que la ravageuse covid-19.

En effet, nous ne comprenons toujours pas votre silence suite aux naufrages des centaines de jeunes sénégalais morts à la fleur de l’âge en mer à la quête d’une vie meilleure en Europe car au Sénégal, les recrutements sont sympathisants, les professions libérales verrouillées et les financements inaccessibles.

Dès lors, nous attirons votre attention sur le retard inexpliqué dans les recrutements de la Fonction publique qui dans la plupart des cas est fondé sur le clientélisme politique, le népotisme, le fait partisan et surtout nous fustigeons l’absence de politique d’emploi. Déjà dans nos récentes sorties notre objectif était d’alerter l’autorité sur les pratiques peu catholiques que nous remarquons lors de ces recrutements de la fonction publique pour le compte de l’année 2019-2020", ont déploré Ives Nzalé et compagnie dans la note.

Le document d'ajouter  : "le regroupement des diplômés sans emploi a toujours exprimé son patriotisme et son activisme citoyen en adoptant une démarche participative et inclusive avec des propositions durables pour la réduction du chômage des diplômés. Malheureusement les tentatives pour rencontrer certaines autorités en charge de la question sont souvent vaines.

Ainsi, fermement engagé dans le chantier de l’insertion professionnelle des diplômés, le Regroupement dans ses travaux de réflexion a diagnostiqué la question du chômage des jeunes diplômés et proposé des solutions à court et long terme. Par-là, nous exigeons un conseil présidentiel sur l’emploi pour apporter des solutions efficaces aux jeunes diplômés".

Face au taux de chômage qui ne cesse d'accroître, le Regroupement dégage quelques pistes de solutions.
" En réalité, le recrutement massif dans la fonction publique et l’organisation régulière des concours peuvent aider à remédier au vieillissement des fonctionnaires et au double emploi. Le recrutement massif des jeunes diplômés des facultés de Droit dans les fonctions libérales telles : Huissiers de justice, avocats, notaires, concourrait à la fois à une baisse considérable des diplômés cherchant insertion mais surtout au renforcement de l’Etat de droit.

Le Sénégal est un pays qui regorge hélas plusieurs niches d’emplois. L’immensité des chantiers à entreprendre est un bon indicateur des potentialités d’emploi. Pourtant l’impuissance à faire bon usage des ressources humaines disponibles pour réaliser ces chantiers, condamne ces jeunes à une oisiveté et une indigence qui transforment cet atout en bombe sociale incontrôlable", précise le communiqué.

" En effet, l’argument de l’inadéquation formation-emploi souvent brandi par vos services nous semble faible. De fait, explorer toutes les possibilités d’insertion professionnelle pour ces ressources humaines est la principale tâche à laquelle nous devons tous nous atteler. Pour rappel, le regroupement lors de la pandémie s’était rallié à l’effort national de lutte contre ce fléau et même engagé des initiatives de sensibilisation", rappelle le Regroupement.

" En plus, avec les 557 Communes et 14 Régions que compte le Sénégal, l’acte 3 de la décentralisation offre également de réelles possibilités d’insertion aux diplômés. La quête d’efficacité et de compétitivité dans la gestion locale a abouti à l’installation récente du Haut Conseil de la Fonction publique locale. Cette institution pourrait travailler à mettre au service des structures locales toutes les ressources humaines disponibles (juristes et autres) pour une meilleure gestion des affaires locales".

En définitive, le regroupement des diplômés chômeurs du Sénégal mentionne que " la convention Etat-Employeur est également un outil efficace pour remédier à l’inadéquation entre la formation et l’emploi. En exonérant les entreprises de certaines taxes et impôts en contrepartie du recrutement de jeunes stagiaires, l’Etat encouragerait une insertion professionnelle progressive des jeunes diplômés. L’effective application de cette convention est vivement requise pour faire baisser sensiblement le nombre de candidats à l’émigration irrégulière".