NETTALI.COM – Le fait que Mansour Faye nargue l’OFNAC n’est pas un fait isolé. Il y a eu des précédents plus graves, concernant d’autres dignitaires de l’actuel régime et le président Macky Sall avait semblé fermé les yeux.  

La dernière sortie du ministre Mansour Faye, qui semble narguer l’l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), n’en finit pas de défrayer la chronique. Pour d’aucuns, s’il s’est permis cette outrecuidance, c’est tout simplement parce qu’il est le beau-frère du président Macky Sall.

Pour rappel, Mansour Faye, invité à l’émission “Grand Jury” de la Rfm, ce dimanche 27 septembre, a déclaré qu’il ne va pas déférer à une convocation de l’OFNAC, au sujet de la gestion des 63 milliards destinés à l’achat de vivres, dans le cadre des actions initiées pour juguler les contrecoups du coronavirus.

Pourtant, au moment de sa création en 2012, le chef de l’Etat, qui était dans une logique de promouvoir la probité et la gouvernance vertueuse dans la conduite des affaires publiques, explique que si les enquêtes de la Cour de répression de l’enrichissement illicite concernent le passé et notamment les anciens dignitaires du régime de Me Abdoulaye Wade, l’Ofnac est un instrument pour le futur et s’intéresse à la gestion des dirigeants actuels. L’institution était bien accueillie par la société civile à la pointe du combat contre la corruption. « C’est une réforme audacieuse du chef de l’Etat. Une véritable révolution », se réjouissait feu Mouhamadou Mbodj, alors président du Forum civil.

Depuis lors, rien de nouveau sous le soleil. Pis, on a l’impression que les gestionnaires semblent bénéficier de quelque impunité, du fait de leur appartenance au parti au pouvoir. Car, ils ne cessent de défier les dirigeants des corps de contrôle.

Pour mémoire, en 2015, le Comité de juridiction de la Cour des comptes soutenait que le ministre délégué auprès du ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, chargé de la Microfinance et de l’Economie solidaire, Moustapha Diop, a tenu des propos discourtois à l’endroit des enquêteurs. « Il a tenu d’autres propos que la morale républicaine et la bienséance nous empêchent de relever dans ce communiqué. Une telle attitude venant d’un ministre de la République est ahurissante et remet en cause les fondements sur lesquels est assis l’Etat de droit. L’attitude de M.Diop témoigne d’une ignorance des fondements de la République et de ses règles de fonctionnement, ou d’une crainte immodérée du contrôle envisagé », notait la Cour des comptes qui estimait que Moustapha Diop est incapable d’occuper de hautes fonctions..

En 2016, les enquêteurs de l’Ofnac se sont fortement offusquées de l'attitude de Cheikh Oumar Hann lors de leur mission de vérification qui a révélé nombre d’irrégularités.

«Il convient de signaler que le Directeur du Coud a tout fait pour empêcher l’exécution correcte de la mission de vérification, menaçant ouvertement les membres de l’équipe, posant des actes d’intoxication et intimant l’ordre aux travailleurs du Coud de ne pas déférer aux convocations de l’Ofnac. Ainsi, dès que les vérifications ont commencé à mettre en évidence certaines pratiques, il a initié des actes de sabotage de la mission, relevant de leurs fonctions des agents qu’il soupçonnait d’avoir fourni des informations à l’équipe de vérification. Ce comportement a rendu impossible l’audition de certaines personnes pour permettre de recueillir leurs dépositions sur des faits les concernant », révélait l’Ofnac dans son rapport.

C’est dire que l’attitude de Mansour Faye ne doit pas surprendre, puisqu’il y a eu des précédents plus graves. Macky Sall va-t-il enfin siffler la fin de la récréation ?