NETTALI.COM - Entre Ousmane Sonko et Lansana Gagny Sakho, le rendez-vous pris a finalement accouché d’un faux bond. Après des échanges courtois qui ont d’ailleurs fait le buzz et suscité des applaudissements, l'espoir du leader de Pastef d'avoir des chiffres officiels version Sakho sur les investissements et programmes liés aux inondations, a fait pschitt au grand dam d’une occasion de clarifications même partielles.

Qu’est-ce qu’il est teigneux et bon buzzer ce Sonko ! Malgré ce faux bond, il a laissé croire qu’il nourrissait toujours l'espoir de rencontrer le DG de l’Onas, non sans une pointe de pression, question de le mettre en mal avec les Sénégalais. Le DG de l’Onas, s’est-il fait rappeler à l’ordre ?  « L’Observateur », si l'on en croit Moustapha Diop de Walf TV, au cours de la matinale du vendredi 17 septembre, a évoqué le courroux de Serigne Mbaye Thiam, son ministre de tutelle qui l’aurait engueulé en lui décommandant de rencontrer Sonko. Y a-t-il eu instruction de Macky Sall ? Le rendez-vous a en tout cas été renvoyé sine die. On comprend bien qu’il est compromis. L’occasion ne voudrait pas être donnée à Sonko de tirer la couverture sur lui et d’engranger un gain politique. Voilà pour résumer.

Mais dans cette affaire, c’est surtout Lansana Gagny Sakho qui a mis l’ancien inspecteur des Impôts  dans l’idée qu’il pouvait obtenir des chiffres après qu’il a démenti les siens. Aussi, l’avait-il invité vendredi dernier à l’Onas. Il croyait sans doute qu’Ousmane Sonko n’allait pas répondre à l’invitation. Mais mal lui en avait pris. Le patron du Pastef avait pris la balle au rebond. Awa Niang, la députée Apr et non moins 2ème questeur de l’Assemblée nationale sur le plateau de « Jakarloo »,  ce vendredi 18 septembre pense toutefois que son collègue de Pastef aurait pu passer par le Président de l’Assemblée nationale s’il souhaitait interroger le DG. Aussi, s’est-elle empressée de préciser que c’est le rôle d’une commission de l'hémicycle que de se livrer à un tel exercice. De qui se moque t-elle celle-là ?  Si l’Assemblée nationale voulait agir, malgré les vacances des députés, elle aurait bien trouvé les moyens de le faire au regard de la situation d’urgence et de détresse des populations.

Moustapha Diop de Walf TV et Cheikh Tidiane Gomis, au cours de la matinale du vendredi 19 septembre, ont perçu dans ce désistement de dernière minute du DG de l’Onas, une fuite, un manque de transparence. Un fait symptomatique, selon eux de la gouvernance actuelle. Ce qui a conduit Diop à assimiler le revirement de Gagny Sakho à la posture de Bitèye dans le dossier Akilee où un syndicaliste de Senelec et Amadou Ly, le DG de la start-up sénégalaise ont accepté de recevoir les activistes Guy Marius Sagna, Thiat etc qui voulaient en savoir plus sur cette affaire. Le DG de Senelec Papa Mademba Bitèye avait tout simplement refusé de les recevoir, nous a informé le journaliste  qui a ainsi conclu à un manque de transparence. Pour Cheikh Tidiane Gomis qui estime bien connaître ce dossier, lorsqu’on analyse les deux positions (celle de Bitèye et de Ly), l’ on se rend vite compte de là où est la vérité, estimant au passage que M. Bitèye avait déjà eu à déclarer et à informer sur un plateau de télé (ndlr – ITV face à Mamoudou Ibra Kane) que ce contrat ne souffre d’aucune irrégularité ainsi que l’a récemment conforté le rapport de l’ARMP qui a établi sa régularité et sa transparence.

L'équation de la politisation des inondations

Ah la transparence, elle fait vraiment défaut sous le ciel sénégalais ! Et Macky Sall nous a fait savoir qu’il ne peut l'arrêter. Sauf que personne ne lui a demandé cela sachant que ce n’est pas dans ses cordes. Le président Sall est en réalité un adepte de ce type de réponses sèches qui créent une dissonance dans sa communication. Les médias se sont ainsi donné à cœur joie de reprendre cette formule choc "je ne peux arrêter le ciel" dans leur publication du lendemain de la visite du PR. Les populations méritaient bien des propos plus amènes et bien plus que de la compassion.

Les inondations ont en tout cas remis en selle des politiques en mal de sujet et de prétextes, puisque la gestion de la Covid avait créé une sorte d’entente cordiale qui interdisait de se lancer dans des conjectures ou polémiques. A « Jakarloo » sur la TFM, il a surtout été question de la politisation de la question des inondations et beaucoup se sont demandés si le moment est bien choisi pour cela. Pour « Fou Malade » les affrontements opposition-pouvoir participent de la vitalité de la démocratie, rappelant au passage les sorties de feu Amath Dansokho durant la gouvernance de Me Wade. Le premier n’hésitait jamais à mettre les sujets qui fâchent sur la table. Pour Bouba Ndour, si Ousmane Sonko est au-devant de la scène politique, c’est parce que c’est lui qui a pris en charge la question des inondations et a critiqué leur gestion par Macky Sall. Un argument qui a amené le rappeur à se poser des questions sur la posture actuelle d’Idrissa Seck.  Celui-ci est en effet étonné par son silence et lui demande de se prononcer sur la question afin que les Sénégalais sache s’il est ou non avec Macky Sall dans un contexte où sont agitées les questions de gouvernement élargi et de statut du chef de l’opposition.

Le chroniqueur rappeur n’est pas seulement interloqué par le côté aphone d’Idy, « la posture d’une journaliste qui a passé son temps à pilonner Sonko », l’a fortement interpellé. Il faisait allusion à Aïssatou Diop Fall sans toutefois citer son nom. Ousmane Sonko a reçu des vertes et des pas mûres, Aïssatou Diop Fall de la TFM a usé de qualificatifs pas très sympas pour dépeindre le leader de Pastef comme un personnage arrogant, suffisant, excessif, violent dans ses propos etc au cours d’une matinale sur la TFM, prévenant au passage les « fameux insulteurs du net » qu’elle est un « cadavre ambulant ». Sacrée Aïssatou, elle n’en a cure. Etait-elle à la recherche de buzz ?  Lorsqu’elle s’y met, impossible de l’arrêter. Tel un sniper, elle a fait feu et sans discernement.  Elle doit avoir mangé du lion. Récemment, c’est Thierno Alassane qui était sa cible, suite à la sortie de son livre. Autre pourfendeur permanent de Sonko, Mame Goor Diazaka qui se prend pour un acteur des médias parce qu'il a créé un site d'informations, est un partisan assumé de Macky Sall. Il n'a trouvé aucune qualité à cet opposant qualifié de radical. Quand même ! Dans un jugement, il y a un tant soit peu d’actif. Il semblerait pourtant que chaque politique choisit sa méthode, son style d'opposition et en assume les conséquences. C'est sur cet argument que s'est d'ailleurs fondé Birima Ndiaye pour critiquer l'attitude de Fou malade et Bouba : « Vous demandez à Idrissa Seck de parler mais il faut laisser aux gens le choix de s'opposer à leur manière. ».

Bougane VS Sonko

Mais la polémique par voie de presse et par celle des réseaux sociaux qu’on n’attendait pas du tout, c’est celle entre Ousmane Sonko et Bougane Guèye Dany qui vivaient jusqu'ici une idylle certaine. Et il n’y a guère longtemps que Sonko avait fait son discours de fin d'année sur la Sen TV, la chaîne privée de Bougane, au même moment où Macky Sall devait faire le sien sur la chaîne nationale. Il est intervenu par la suite, une coupure du signal de cette chaîne qui avait été rapidement interprétée comme des représailles de la part du gouvernement. L’on se rappelle aussi la sortie d'Ousmane avec force déclarations contre El Hadji Ndiaye qui avait fini par riposter, connu qu’il est pour ne  pas être un tendre. Il avait semblé verser dans la menace brandissant au passage toutes les couvertures accordées par sa chaîne au leader de Pastef. Ce fut finalement le calumet de la paix. la patron de la 2 STV est quand même son "goro".

En tout cas sur Sen TV, au cours d’une édition spéciale, Mansour Diop, tout comme Pa Assane Seck n’ont pas manqué de nous expliquer que si le signal de Sen TV télé avait été coupé un moment, c’est bien à cause d’Ousmane Sonko et de cette fameuse déclaration de fin d’année. Ceux qui utilisent l’argument selon lequel Sonko doit se souvenir des bienfaits de Bougane, doivent réfléchir par deux fois avant de prononcer de telles phrases. En faisant cette « bonne action », la Sen TV, était-elle mue par la seule volonté d’informer ou de faire une fleur à Ousmane Sonko ? Une bonne question. Ce dernier également, en s’y rendant et choisissant ce médium, savait-il qu’on lui faisait une fleur et qu’il jouait la carte de son intérêt du moment ?

Ce qui pose la question des imbrications entre la politique, le journalisme et les affaires. Sont-ils compatibles ? Le cas de Yaxam DG du quotidien gouvernemental "Le Soleil" et membre de l’Alliance pour la République (APR) interpelle ; celui de Dié Maty Fall, journaliste et membre du Parti socialiste, donne à réfléchir car il y a des sujets qu'elle éviterait. Il y a également le cas de Racine Tall, patron de la RTS 1 et membre de l'APR. Latif Coulibaly lui, a eu la sagesse de démissionner de la presse. Youssou Ndour est patron d'un mouvement politique "feekee ma ci boole", tout comme Bougane "guem sa bopp". loin de dire que tous utilisent leurs médias pour faire leur propre propagande et gérer leurs affaires, il y a en effet, reconnaissons le, une histoire d’incompatibilités notoires qui ne sont pas sans poser des problèmes d’éthique et d’équidistance par rapport aux sujets traités dans le cadre de l’information.  Autant de questions que l’on peut raisonnablement se poser dans un contexte où l’incursion de la politique dans les médias, devient flagrante.

A « Jakarloo » en tout cas, c’est une descente en règle que le chroniqueur Birima Ndiaye a subi. Des assauts signés par « Fou Malade » qui lui a demandé s’il préfère voir soulager les problèmes des habitants de Keur Massar ou chanter les louanges de Macky Sall, l’applaudir, le féliciter, "danser pour lui" en occultant la vérité. Pour le rappeur et chroniqueur, le problème des inondations n’a pas été résolu. Le Président a préféré distraire les populations en leur proposant une départementalisation sachant que ce procédé ne va pas régler le problème d’autant plus que l’assainissement n’est pas une compétence transférée. Malal trouve juste qu’il ne faut pas insulter l’histoire car Yeumbeul, Malika ont enfanté Keur Massar, d’où la question qu’il se pose et qui est de se demander s’il ne fallait pas par exemple créer un département des Niayes plutôt que celui de Keur Massar.

Eh oui, Birima Ndiaye qui est réapparu à l’émission, après deux mois en faveur du sujet des inondations sur lequel le gouvernement avait d’ailleurs du mal, a osé dire qu’il supporte Macky Sall et ne s’en cache pas. Rien de nouveau sous le soleil. Ce n’est donc pas un hasard si « Fou malade » lui avait fait comprendre que s’il était revenu, c’est parce qu’il était en mission commando et que ses chiffres lui avaient été envoyés pour ne pas dire dictés en direct. Il ne croyait pas si bien dire. Après ce fut le tour de Bouba Ndour qui a été accusé par Birima de rouler pour l’opposition ; avant que celui-ci ne jure sur tous les saints qu'aucun opposant ne peut accréditer cette accusation. Ne devrait-on pas y inviter des représentants de partis politiques pendant qu'on y est ? C'est à ne rien comprendre, et la présence de Birima pose réellement un problème.

Quoi qu’il en soit ce dernier est bien content que Bougane et Sonko se soient disputés. Pour lui le patron de la Sen Tv ouvrait grandes ses antennes au leader de Pastef qui « disait tout et n’importe quoi contre Macky Sall ». « Le discours à la nation, c’est le président qui doit le faire même si les opposants peuvent le critiquer par la suite », a poursuivi le syndicaliste.

Un plateau de « jakarloo » qui finalement n’est pas sans poser quelques problèmes entre ceux qui sont pour ou contre Macky Sall, même si les journalistes qui y officient convoquent toujours les faits, socle de leur métier. Heureusement qu’Abdoulaye Der tient son émission en main de maître avec le calme, la pondération et le professionnalisme qu’on lui connaît.

Quoi qu’il soit la politique a repris ses droits. Macky Sall semble pour l’instant chercher sa voie, perdu certainement dans ses calculs. Le ni oui, ni non de Macky Sall n'est en réalité qu'une posture politique floue sur la question du 3ème mandat. Mais posture inédite et certainement pas fortuite, deux députés de sa majorité ont relancé le débat dans le sens qui arrange le président. Abdoulaye Matar Diop, jadis opposé au 3ème mandat, a fait un rétropédalage en direct la semaine dernière. Un fait qui n’a pas échappé aux radars de la presse. Ce fut le tour d’Aymérou Gnining, membre important du Macky et non moins président du groupe parlementaire de la majorité qui a rebondi sur le sujet à « Grand jury » de la RFM, ce dimanche 20 septembre. Deux personnalités qui donnent l’impression d’avoir été activées pour tâter le pouls du peuple, au moment où la parole est retirée à ceux qui défendent le contraire et qui sont tout simplement virés sans ménagement. Macky Sall a pour l’heure enfourché son cheval de campagne et a débuté ses tournées économiques. Il est allé parler d’agriculture dans les zones où l’eau n’est pas un problème après son naufrage dans les milieux urbains. Une posture qui est une sorte de procédé utilisé et qui consiste à prendre le chemin des campagnes à chaque qu’il est en difficultés dans les villes.

PS : En tout cas les plus de 5 milliards récoltés, si on en croit le "Guiss Guiss" de « Jakarloo » pour la construction de la mosquée de Tivaouane, sont une leçon pour les politiques. Malal Talla pense tout simplement que les gouvernants doivent apprendre du leadership des marabouts car pour lui, cela revient à apprendre à convaincre et à créer l’adhésion sur des projets de société. Et cela, seule l’exemplarité peut le conférer.  A l'issue, a ajouté le rappeur, les marabouts doivent appeler à la construction d'hôpitaux à Touba et à Tivaouane