NETTALI.COM - Boubacar Camara dresse un tableau sombre de l'économie sénégalaise. Pour ce leader politique, le Plan Sénégal émergent (Pse) dont se vante le gouvernement, est dépassé. Ce dimanche 16 Août sur Iradio, l'ancien patron de la Douane a qualifié de cinéma l'annulation de la dette africaine.

Boubacar Camara est formel. Si le Sénégal n’a pas les résultats de la croissance, "c'est parce que les investissements sont réalisés dans des secteurs où il n’y a pas beaucoup d’emplois, où il n’y a pas beaucoup d’utilisation de la main d’œuvre".  Par conséquent, a-t-il dit ce dimanche sur Iradio, il faut réorienter l’économie en amenant l’argent dans l’agriculture.

Dans la même veine, M. Camara a laissé entendre que le Plan Sénégal émergent (Pse) est complètement dépassé pour deux raisons. La première est en relation avec les découvertes pétrolières. "Le Sénégal est un pays gazier et, avec ce gaz, il fallait aller vers le «gaz to power». Il faut transformer le gaz en Energie pour avoir une industrie importante. Donc, de ce point de vue-là, la PSE est dépassé. Cette énergie permettra d’avoir de l’énergie qui créera des emplois", argue-t-il. Le deuxième volet, poursuit-il, "c’est le développement de l’industrie pour avoir l’autosuffisance alimentaire".  "Quand vous orientez l’économie vers ces chaines de valeur, vous avez des investissements qui permettent d’avoir un développement durable", souligne Boubacar Camara.

Interpellé sur les récentes statistiques faisant état d'un taux de pauvreté qui est passé de 46 % à 37% au Sénégal, M. Camara s'est montré sceptique. A ses yeux, les statistiques de l’Ansd obéissent à des règles qui ne permettent pas de rendre compte de la réalité de la pauvreté au Sénégal. Et d'expliquer : "Je conteste formellement la façon dont veut nous faire comprendre la pauvreté. La pauvreté de quelqu’un, c’est quand il a un loyer à payer et qu’il ne peut pas le payer. La pauvreté de quelqu’un, c’est quand, du matin au soir, il cherche de quoi manger tous les jours. La pauvreté, c’est quand tu travailles qu’il y a 200 milles gosses qui, tous les jours, tous les ans viennent pour demander de l’emploi et qu’ils ne l’ont pas."

S'agissant de la demande d'annulation de la dette africaine, sénégalaise plus particulièrement, le président fondateur honoraire du Parti pour la construction et la solidarité y voit du cinéma. "Quand vous êtes dans un système, il y a des règles dans ce système. Les règles dans ce système, c’est que l’annulation, il faut y avoir droit, quand on est un pays pauvre très endetté. Aussi, quand vous demandez une annulation dans une situation exceptionnelle, il faut dire comment se réadapter et comment le faire", explique M. Camara.

Lorsque le journaliste Mamoudou Ibra Kane lui a demandé si le Président Macky Sall se trompe en engageant le combat pour l’annulation de la dette africaine, il rétorque : "Ça décrédibilise". Et d'ajouter : "On ne s’amuse pas avec les histoires d’Etat. Il faut changer notre façon de gouverner ce pays, il faut changer le cap. Il faut voir comment financer l’économie, comment investir et comment dépenser l’argent que nous avons obtenu. Et c’est cela qui n’est pas fait."