NETTALI.COM  - Jadis présenté comme un sérieux prétendant à la magistrature suprême, Khalifa Ababacar Sall semble de plus en plus relégué au second rang dans la hiérarchie des ténors de la classe politique sénégalaise. Bientôt un an après sa sortie de prison, mais l'homme ne dégage plus une grande envie de se battre.

Khalifa Ababacar Sall est-il toujours prêt, comme tout homme politique, à donner des coups et en recevoir ? La question taraude l'esprit des observateurs. Tant l'ancien maire de la ville de Dakar ne donne plus l'image d'un combattant prêt à en découdre avec ses adversaires. Pourtant, l'ex-secrétaire politique du Parti socialiste (Ps) était jusqu'à une période assez récente présenté comme un sérieux prétendant au fauteuil présidentiel. Mais il semble que son long séjour à la sinistre prison de Rebeuss a laissé des séquelles et lui a peut-être fait perdre le goût du combat politique.

Arrêté en mars 2017 dans l'affaire dite de la caisse d'avance de la mairie de Dakar, Khalifa Sall était sans doute dans la phase la plus ascendante de son parcours politique. Trois ans plus tôt, il rempilait à la tête de la municipalité de la capitale malgré le combat farouche que lui a mené le pouvoir de Macky Sall. D'ailleurs, son arrestation avait été interprétée comme "une manoeuvre politique destinée à écarter le charismatique ancien maire de Dakar de la course à la présidentielle de février 2019".

Et malgré les critiques et dénonciations aussi bien au Sénégal qu'ailleurs, le pouvoir de Macky Sall est resté droit dans ses bottes. Au terme d’un procès de plus de deux mois, Khalifa Ababacar Sall, alors député et maire de Dakar, est condamné à 5 ans de prison ferme pour escroquerie portant sur des deniers publics.  Il perd, par la suite, ses mandats de député et de maire de Dakar. Ce n'est que le dimanche 29 septembre 2019 qu'il recouvre la liberté. Macky Sall profite d'un vent de réconciliation qui souffle sur le pays après l'inauguration de la mosquée Massalikul Jinaan pour lui accorder une remise totale de peine. Deux de ses anciens collaborateurs, dont Mbaye Touré, proche de la famille du khalife général des mourides, sont aussi graciés. Ce dimanche-là, Khalifa Ababacar Sall fait un triomphe dans les rues de Dakar. Des centaines de Dakarois sortent pour l'acclamer. Mais ceux qui pensaient que le "Khalife" de Dakar allait vite reprendre sa marche victorieuse vont vite déchanter.

En dehors de quelques rares et timides sorties, l'ancien maire de Dakar qui a, entre temps, perdu des soutiens comme Moussa Sy des Parcelles Assainies et Banda Diop de la Patte d'Oie, disparaît de la circulation. Il faudra attendre l'apparition de la Covid-19 au Sénégal pour le voir répondre à l'appel du Président Macky Sall. Et c'est un homme visiblement affaibli qui sort de l'audience avec le chef de l'Etat. Avant de clamer son soutien au gouvernement dans sa lutte contre le coronavirus. Ce qui n'est pas pour plaire à son fidèle lieutenant, Barthélemy Dias.

Mais que reste-t-il de la force de frappe de Khalifa Sall ? Difficile à mesurer. Toujours est-il que le doute s'installe dans les rangs de Taxawu Dakar. Et certains n'excluent plus un rapprochement avec le pouvoir de Macky Sall. L'épouse de ce dernier est allée présenter ses condoléances à la famille de Khalifa Sall suite au décès de sa tante. Et la dernière sortie du maire de Grand-Yoff sur la gestion de la crise de la Covid-19 a davantage semé le doute sur les intentions de son mentor. Madiop Diop n'a pas tari d'éloges à l'endroit de Mansour Faye, beau-frère du Président Macky Sall. Est-ce suffisant pour parler d'un rapprochement ou d'une éventuelle entrée du camp de Khalifa Sall dans un gouvernement ? L'avenir nous édifiera.