NETTALI.COM – Hissène Habré retourne en prison après 60 jours passés avec sa famille. Une décision des autorités judiciaires qui met Fatima Habré dans tous ses états. L’épouse de l’ancien président tchadien dénonce «une décision éminemment politique».

«L’affaire Habré est actuellement en instruction devant le juge de l’exécution des peines. Il va devoir retourner en prison demain, comme cela avait été indiqué.» C’est ce qu’a laissé entendre, ce samedi sur Iradio, Malick Sall, ministre de la Justice. L’ancien président du Tchad va donc retourner en prison ce dimanche. Une décision incompréhensible, de l’avis de Fatima Habré. Sur les ondes de Walf fm, l’épouse d’Hissène Habré explique que rien n’a changé par rapport à ce qui avait motivé la libération de son époux. «Ce qui avait motivé cette autorisation de sortie, c’était la circonstance exceptionnelle de la crise sanitaire et la santé fragile du Président Habré qui, en étant exposé, pouvait avoir des risques importants», explique Mme Habré. Qui révèle : «Il y a quelques jours, nos avocats ont fait une demande de renouvellement auprès du juge d’application des peines dans la mesure où les éléments qui avaient motivé sa sortie, c’est-à-dire la crise sanitaire et son état de santé sont toujours d’actualité.» «A notre grand étonnement, le juge a rendu une décision hier (vendredi, ndlr) en refusant le renouvellement», dit-elle.

En fait, le juge a posé des conditions à ce renouvellement. «D’abord, il faut que le président Habré réintègre la prison. Ensuite, il faut attendre un mois avant d’avoir la possibilité de demander une autre une permission», explique Fatima Habré. Selon lui, le juge a fondé sa décision sur le décret qui organise le régime des autorisations de sortie. Or, dit-elle, «nous l’avons analysé avec nos avocats et nous avons observé deux choses importantes. Ce décret ne fait nullement obligation de réintégrer la prison avant de redemander une permission de sortie. Ensuite, le décret qui parle d’une permission par trimestre ne concerne pas le cas de Habré».

«Le coronavirus est à son pic au Sénégal, la santé du président est fragile. Pourquoi le juge se casse-t-il la tête pour prendre une décision sans aucune base légale ?  C’est regrettable. Habré a 78 ans. Il est malade», tonne l’ancienne première dame du Tchad. Et de poursuivre : «Nous réclamons une expertise médicale pour nous dire si Habré est apte à continuer la détention.» Non sans accuser le Sénégal d’avoir toujours failli à ses obligations par rapport au droit international. «Que voulez-vous qu’on fasse. Cette décision est éminemment politique», finit-elle par dire.