NETTALI.COM - Un drame a eu lieu à Moussala Mahinani, une localité frontalière avec le Mali, sur la route nationale n°6 (région de Kédougou). Originaire de Médina Gounass (région de Kolda), Harouna Bâ est accusé d’avoir mortellement poignardé l’auxiliaire de police, Mohamed Ndao, en faction au poste de contrôle. Il a ensuite blessé une dame avant de se trancher la gorge. Retour sur cette affaire qui fait couler beaucoup d'encre et de salives.

Petite localité située sur la route nationale n°6, Moussala Mahinani (région de Kédougou), s’est tristement révélée hier vendredi, par une tragédie qui a consterné les habitants et a eu l’effet d’un coup de massue sur les forces de sécurité déployées dans la zone. Un jeune policier répondant au nom de Mohamed Ndao venait d’y perdre la vie dans des circonstances brutales et atroces. Surpris par un anonyme armé d’un couteau, l’auxiliaire de police recevra plusieurs coups de couteau qui ne lui laisseront aucune chance de survie. Dans sa fuite, son bourreau va grièvement blesser une dame. Après quoi, le meurtrier répondant au nom de Harouna Bâ, se donnera la mort en se tranchant la gorge.

Le film du carnage

Cette tragédie qui a laissé sans voix les habitants de ce hameau, a eu lieu aux environs de 14 heures, au poste de contrôle de police de la localité, érigé sur le bas-côté de la route nationale n°6 qui dessert le Mali voisin. En ce début d’après-midi, Moussala Mahinani distant de 109 Km de Kédougou, est balayé par un vent frais, malgré la présence d’un soleil qui darde ses rayons. Sur la nationale n°6, principal lieu d’attraction des populations, le trafic était plus fluide que d’habitude. Sur le rebord droit de la chaussée, en provenance de Kédougou, se dresse le local servant de poste de contrôle de la police. À l’intérieur des agents s’affairent. Au nombre de ceux-ci, Mohamed Ndao. Âgé de 35 ans, il est occupé à l’enregistrement des filiations des voyageurs qui présentent leur carte d’identité nationale. Puis, d’une voix bien audible, un lot de pièces d’identité sous les yeux, il nomme des voyageurs d’un bus en provenance du Mali, invités à venir récupérer leur document. Tour à tour, les passagers vont défiler devant lui et repartir avec leur papier d’identité. Le policier Mohamed Ndao qui pensait avoir passé en revue tous les passagers du bus, constate qu’il y avait un sac de voyage non récupéré par son propriétaire. Alors qu’il cherchait à l’identifier, celui-ci se présente à lui. Il est identifié sous le nom de Harouna Bâ, né le 13 mars 1990. Originaire de la commune de Médina Gounass (région de Kolda), Bâ s’est retiré pendant que le policier Mohamed Ndao qui avait fini de contrôler les passagers, de retour au poste de contrôle, s’était assis sur une chaise. Il était loin d’imaginer que le passager H. Bâ qu’il venait de contrôler, préméditait d’attenter à sa vie. Cela, le jeune policier va l’apprendre à ses dépens.

Les derniers instants du policier

Au moment où il s’y attendait le moins, le limier est discrètement rejoint par Harouna Bâ qui dissimulait dans ses habits, un couteau. Selon des témoins de la scène, Bâ qui est parvenu à hauteur de sa cible, sort son couteau, placé derrière le policier. Là, sans sommation, Harouna Bâ s’acharner sans retenue sur le jeune policier. Tel un forcené, Bâ assène plusieurs coups de couteau à Ndao, atteint à plusieurs parties névralgiques du corps. Le policier s’affale et se vide de tout son sang. «Tout est allé très vite, personne n’a rien vu venir et le temps que les secours interviennent, le mal était déjà fait», confie un habitant de la localité.

Le suicide du forcené 

Sachant qu’il venait de perpétrer un crime, Harouna Bâ prend ses jambes à son cou, pourchassé par la clameur publique et d’autres policiers. Ne sachant visiblement où se réfugier, il s’engouffre dans une demeure où il trouve une dame, plus tard identifiée sous le nom de Fama Koroma. Le fugitif la percutée et la moleste et l’abandonne sur le carreau, blessée à l’épaule et à la cuisse, se tordant de douleur. Elle sera acheminée au centre de Santé de Saraya. Après quelques mètres de course et visiblement à bout de souffle, H. Bâ s’arrête et retourne son couteau contre sa personne. «D’un geste vif, il s’est littéralement tranché la gorge», confie notre interlocuteur qui précise que Bâ s’est affalé de tout son poids. «Le sang giclait. Il agonise et rend l’âme sur le coup».

Pendant ce temps, le policier Mohamed Ndao est assisté par les secours. Il avait malheureusement perdu beaucoup de sang et ne survivra pas. Sa mort va ainsi porter à deux et un blessé grave, le bilan de cette après-midi mouvementée dans la paisible Moussala Mahinani. Sa dépouille et celle de son bourreau ont été acheminées à la morgue de l’hôpital de Kédougou. Aux dernières nouvelles, le dossier aurait été confié au commissariat urbain de Kédougou.

Qui est l’auxiliaire de police Mohamed Ndao

Originaire de la commune de Koutal, dans la commune de Ndiaffate (région de Kaolack), le défunt auxiliaire de police Mohamed Ndao était marié et père de deux enfants. Âgé de 35 ans, Mohamed Ndao est un produit de la 40e promotion des agents de police, classe 2000/1. Sorti en 2014 de l’Ecole de police, il est versé au Groupement mobile d’intervention (Gmi). Deux années après, en 2016, Mohamed est affecté  au poste de contrôle frontalier avec la Gambie, Keur-Ayib. Après de bons et loyaux services, il est muté dans un autre poste de contrôle de la Direction de la police de l’air et des frontières (Dpaf): Moussala Mahinani, frontalier avec le Mali. Son dernier poste.