NETTALI.COM - Les Américains William Kaelin et Gregg Semenza, ainsi que le Britannique Peter Ratcliffe, ont été récompensés, lundi 7 octobre, du prix Nobel de médecine pour leurs recherches sur l’adaptation des cellules à l’apport variable d’oxygène, permettant de lutter contre le cancer et l’anémie.
« L’importance fondamentale de l’oxygène est connue depuis des siècles, mais le processus d’adaptation des cellules aux variations de niveau d’oxygène est longtemps resté un mystère », a déclaré l’assemblée Nobel de l’Institut Karolinska à Stockholm dans ses attendus. « Le prix Nobel de cette année récompense des travaux ayant révélé les mécanismes moléculaires à l’œuvre dans l’adaptation des cellules à l’apport variable d’oxygène [dans le corps] », a-t-elle souligné.
« Ils ont établi les fondements de notre connaissance sur la manière dont le niveau d’oxygène affecte le métabolisme cellulaire et les fonctions physiologiques. Leurs découvertes ont également ouvert la voie à des stratégies nouvelles et prometteuses dans le combat contre l’anémie, le cancer et beaucoup d’autres maladies », dit-elle encore.
Altitude, exercice physique, anémie : ces mécanismes jouent également un rôle central dans les tumeurs dont la croissance dépend de l’apport en oxygène du sang, en particulier certains cancers à progression rapide comme celui du foie qui consomment tellement d’énergie qu’ils brûlent tout l’oxygène disponible autour d’eux.
« Des efforts intenses en cours dans les laboratoires universitaires et les entreprises pharmaceutiques se concentrent maintenant sur le développement de médicaments capables d’interférer à différents stades d’une pathologie soit en activant ou en bloquant le mécanisme de captation de l’oxygène », selon le jury Nobel.
Neuf millions de couronnes
Kaelin, 61 ans, travaille au Howard Hughes Medical Institute aux Etats-Unis, Semenza, 63 ans, dirige le programme de recherche vasculaire au John Hopkins Institute de recherche sur l’ingénierie cellulaire. Ratcliffe, 65 ans, est le directeur de la recherche clinique au Francis Crick Institute de London et du Target Discovery Institute d’Oxford.
Semenza a étudié le gène EPO qui permet à l’organisme de créer plus de globules rouges et a isolé les segments d’ADN spécifiques qui l’aide à s’adapter à de faibles niveaux d’oxygène. Radcliffe et Semenza ont ensuite appliqué ces connaissances pour montrer que le mécanisme de détection de l’oxygène était présent dans pratiquement tous les tissus humains.
Kaelin a identifié un autre gène, le VHL, présent chez les patients atteints d’un trouble génétique qui les expose à un risque beaucoup plus élevé de certains cancers. Le gène transfère la capacité de l’organisme à prévenir l’apparition du cancer et joue un rôle-clé dans la façon dont les cellules cancéreuses réagissent à de faibles niveaux d’oxygène. Les colauréats du « prix de physiologie ou médecine » se partageront la somme de neuf millions de couronnes (830 000 euros).
Avec lemonde.fr