NETTALI.COM - Après le succès rencontré par la manifestation de la plate-forme NOO LANK, pour un baptême du feu, des perspectives se dessinent. Cela, dans un contexte marqué une atmosphère de morosité économique. Sous Léopold Sédar Senghor, ce fut la crise sociale qui favorisa le rapprochement entre syndicats et politiques pour donner naissance à MAI68. Abdou Diouf, le président qui appliqua les politiques d’ajustement structurel préfigurées dès 1979 par le premier plan de redressement économique et financier, vécut les contrecoups du « moins d’Etat, mieux d’Etat », à des heures chaudes comme au lendemain de la présidentielle de 1988. Me Abdoulaye Wade connut les « émeutes de la faim », en 2008, consécutivement à la double crise financière et alimentaire caractéristique de cette année-là, qui vit se réunir les Assises nationales initiées par plusieurs forces politiques et sociales. Ainsi, toutes les conditions sont mobilisées par le sort, à la suite de la hausse du prix de l’électricité qui s’explique par une tension budgétaire exacerbée par la flambée du prix du baril de pétrole, pour que l’Histoire se répète.

En première ligne, hier, à la marche de NOO LANK, Mamadou Moctar Sourang, coordonnateur du Front de résistance nationale-le cadre unitaire de l’opposition sénégalaise-n’écarte pas le scénario d’une nouvelle jonction entre politiques et syndicats : « Nous sommes venus représenter les leaders des partis politiques de l’opposition. Nous avons discuté et décidé de faire une jonction entre les politiques, les syndicats et la société civile. Ce combat va se gagner dans la durée, mais aussi dans l’intelligence. Ce que veut le gouvernement, c’est un plan d’ajustement structurel qui ne dit pas son nom. Ceci est un recul .En plus de l’électricité, ils veulent augmenter le prix d’autres denrées, privatiser des sociétés nationales et d’autres mesures. Si le gouvernement veut renflouer ses caisses, il n’a qu’à aller dans la bourse des plus riches, des voleurs, pas les miettes des ‘baadolo’ (pauvres). Il faut diminuer le coût de l’électricité. Il faut libérer les personnes détenues. Cela ne nous découragera point », déclare-t-il.

Toutefois, Macky Sall, qui a initié un dialogue national, semble avoir pris ses devants, en prenant une série de mesures pour apaiser ses relations avec les travailleurs. En clair, au cours de la réunion du Conseil des ministres du mercredi 5 décembre passé, le chef de l’Etat, abordant la question de l’ancrage durable du dialogue social et de l’accélération de l’adoption d’un nouveau pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique, a demandé aux ministres chargés respectivement de la Fonction publique, des Finances et du Budget, de l’éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle de privilégier, dans l’esprit des accords signés, un dialogue social dynamique et constructif avec les partenaires sociaux. Le président Sall a, en outre, invité le ministre du Travail et du dialogue social à accélérer les processus d’évaluation, d’actualisation du plan d’actions et de signature du Pacte national de Stabilité sociale et d’Emergence économique, conformément à la phase II (2019-2024) du Plan Sénégal Emergent.

Mieux, à travers un communiqué qui nous est parvenu mardi dernier, la Direction générale du travail et de la sécurité sociale a informé de l’augmentation des salaires dans le privé, à compter du 1er janvier 2020. Ainsi, de la première à la troisième catégorie une hausse de 8% sera enregistrée. Les employés de la quatrième à la huitième catégorie bénéficieront, pour leur part, d’une hausse de 5%. Cette décision est issue des négociations menées par la commission mixte paritaire chargée de mener les négociations pour la revalorisation des salaires catégoriel dans le secteur privé.

En définitive, Macky Sall n’a plus d’autre choix que de capitaliser sur le dialogue national pour espérer endiguer la crise et éviter une synergie des forces sociales et politiques. D’autant plus que la polémique sur le 3e mandat ne souffle pas dans le sens de desserrer l’étau.