NETTALI.COM - La hausse du coût de l’électricité alimente toutes sortes de commentaires. Pour en débattre, Mamadou Ibra kane a invité des acteurs pour une édition spéciale, en début de semaine. Le directeur de cabinet du ministre du Pétrole et des énergie a estimé qu'il n'y pas de crise à la SENELEC. A l'en croire, l’entreprise n'a pas reçu les financements qu'elle attendait de l'Etat.

"Il n'y a pas déficit, encore moins de crise à la SENELEC". C’est, du moins, l’avis d'Abdoulaye Dia, ancien Secrétaire général de SENELEC et actuel directeur de cabinet du ministre du Pétrole et des énergies. Selon lui, il y a de nombreuses allégations sur les bénéfices de SENELEC et sur la situation actuelle décrite comme une crise et portées par des gens qui ne maîtrisent pas le sujet. Il souligne qu'en l'espèce, c'est d'une certaine manière que, partant des résultats, on fait la différence entre bénéfices et pertes, conformément aux dispositions de la Loi 98-29 qui détermine la base de calcul des revenus. "Les pertes sont passées de 55 milliards à 2 milliards, ensuite il y a eu une remontée avec des bénéfices de 12 milliards à 30 milliards. Le coût du combustible représente  55 à 60% des investissements, 40 % pour l'entretien du réseau, les centrales, les lignes et les postes, et 8 % à 9% les salaires et les impôts. C'est après tous ces investissements qu'on calcule le bénéficie comptable de la société. Une société peut réaliser un bénéfice sans ça que cela n'ait un lien avec le prix", renchérit-il.

M. Abdoulaye Dia d'affirmer que la gestion de la SENELEC, durant ces dernières années, a été auditée par des cabinets reconnus au Sénégal, des cabinets étrangers, des agences de notation AA en Afrique..."Comme il s'agit de prêts, les bailleurs de fonds surveillent tout le temps la destination de l'argent. C'est grâce à cette gestion transparente que la SENELEC a pu lever des fonds avec des taux d'intérêt de 2%", soutient le directeur de cabinet du ministre ; non sans rappeler que les tarifs ont augmenté 80 fois depuis 1998 et qu'à chaque fois, c'est l'Etat qui supportait la hausse. C'est ainsi que le directeur de cabinet est revenu sur la hausse de 2011 caractérisée par un gap évalué à 16 milliards F Cfa. "De janvier à juillet 2019, il y a eu trois augmentations. C'est pour le dernier trimestre de cette année que l'Etat, en héritant de 20%,  a décidé que les consommateurs vont supporter 6 % de cette augmentation", l'ex-secrétaire général de la SENELEC.

Se réjouissant de la qualité du service, Abdoulaye Dia dit que c'est grâce aux nombreux investissements consentis sur les centrales et les réseaux de transport d'électricité qu'il y a presque plus que des coupures qui durent quelques instants. "C'est dans le but de maintenir cette qualité de service que l'Etat, en plus de continuer à investir chaque année, a décidé de faire supporter une partie des revenus de SENELEC, dont une bonne partie est dédiée au combustible, par la hausse", termine-t-il.

Même son de cloche de Habib Aïdara, responsable syndical dans la boîte. " J’ai remarqué que votre édition spéciale s’intitule Eau-électricité comprendre la crise.  Mais, en réalité, il n’y a pas de crise à la SENELEC. Ce sont les activistes qui parlent comme ça. En vérité, il existe un contrat liant l’Etat à la SENELEC pour permettre aux Sénégalais de disposer de l’électricité. La société demande des moyens et c’est la disponibilité de ceux-ci qui détermine les tarifs sur l’électricité arrêtés par la Commission de régulation du secteur de l’énergie, où les consommateurs sont bel et bien représentés. Si les moyens diminuent, il est normal que les tarifs augmentent ", explique Aïdara sur le plateau de Itv. Le syndicaliste trouve qu’il y  a une politisation outre mesure de cette hausse.

Babacar Bathily , expert : "Il y a beaucoup d’investissements pour la stabilité du réseau et la disponibilité de l’offre"

A la question de savoir si les travailleurs de la SENELEC souscrivent à cette  augmentation, Habib Aïdara a répondu qu’en tant que citoyens, ils sont contre cette hausse. Par contre, souligne-t-il, la SENELEC traverse des difficultés et elle mérite d’être soutenue, " compte tenu des nombreux efforts entrepris durant ces dernières années pour améliorer le sort des Sénégalais ". " Les revenus de SENELEC n’ont pas augmenté ", se laisse-t-il convaincre ; non sans attirer l’attention des téléspectateurs sur les charges de l’entreprise, dont la plupart des sièges sont des maisons en location, à travers la capitale.

Interrogé, l’expert en efficience énergétique, Babacar Bathily, focalisera son intervention sur les habitudes de consommation, dans un souci de rationalisation. " Si vous circulez dans Dakar, vous voyez que des actions sont apportées. Il y a beaucoup d’investissements pour la stabilité du réseau et la disponibilité de l’offre pour éradiquer progressivement le phénomène des coupures intempestives. En retour, ces investissements doivent être amortis. Le coût de l’électricité est cher au Sénégal, comparativement  aux tarifs appliqués aux autres pays de la sous-région, mais il faut aussi voir les habitudes de consommation ", ajoute-t-il.