NETTALI.COM - Serigne Moustapha Sy pense que Macky Sall n'est pas son alter ego. Ainsi, il demande aux colporteurs de rumeurs de cesser de le présenter comme un dangereux adversaire du régime cherchant à brûler le pays. 

Inscrit dans l’agenda du Gamou de Tivaouane depuis plusieurs années déjà, la conférence annuelle de Serigne Moustapha Sy s’est tenue. L’édition de cette année a servi de tribune au guide des Moustarchidines pour décocher des flèches acerbes en direction du pouvoir.

« Des cancans me prêtent le dessein secret de vouloir déstabiliser le régime. Je me suis dit qu’ils n’ont rien compris. Tant que je parle, je ne prépare pas ce genre d’action. Cette conduite m’a été dictée par un illustre guide, Cheikh Ahmed Tijani. Celui-ci m’a confié un jour que tant qu’on chante Allahouma, à travers les radios, nous ne sommes pas une menace sérieuse pour les pouvoirs. Quelqu’un qui cherche à brûler le pays ne parle pas beaucoup », introduit le fils de Serigne Cheikh Admed Tidiane Sy Al Makhtoum.

Cependant, avertit-il, « toute méchanceté dirigée contre lui se retourne contre son propre auteur ». Pour étayer ses propos, il revient sur le comportement d’un régisseur auquel, selon ses dires, depuis le ministère de l’Intérieur, on avait donné des ordres pour lui rendre la vie dure en prison. « Le régisseur, se rappelle-t-il, avait refusé d’exécuter ses ordres illégaux et s’en était ouvert à moi pour me dire qu’on menaçât d’opérer des retenues sur son salaire ou de lui adresser une mise à pied. Il m’a dit qu’il préférait subir ces sanctions que de susciter ma colère.  Devant son refus, on finira par lui appliquer ces sanctions. On l’avait même muté. Je lui ai donné un montant équivalent au triple de son salaire. On m’apprit qu’il était un talibé de Cheikh Amadou Dème. Il n’a pas regretté son geste à mon endroit ».

Serigne Moustapha, déplorant toujours une sorte d’acharnement dont il serait la cible, raconte qu’un gendarme a, à une autre occurrence,  immobilisé son cortège en demandant à son chauffeur s’il avait l’autorisation préalable pour se permettre  l’usage des sirènes et des gyrophares. «  Son supérieur hiérarchique est intervenu pour lui dire qu’il n’avait pas à s’en mêler, car les sirènes et les gyrophares ont toujours fait partie des commodités utilisées dans nos cortèges », recadre le marabout. Il en conclut qu’il ne vise pas le fauteuil de Macky Sall, car, explique-t-il, celui-ci n’est pas son concurrent.

Pour finir, le patron du Pur a exhorté ses militants à se préparer pour les locales et les législatives. Cependant, il est plus pessimiste, s’agissant de la présidentielle d 2024, dont il doute de la tenue. Tout au plus, ironise-t-il : « J’avais conseillé à Abdou Diouf de choisir entre quitter le Palais ou mourir. Tout le monde se souvient de la manière dont ses bagages ont été sortis du Palais, alors qu’il n’avait même pas une demeure au Sénégal ».