NETTALI.COM - Après la levée de boucliers des religieux contre Pr Iba Der Thiam et Cie, c’est au tour de certains historiens de critiquer les travaux de leurs collègues. Pour ces derniers, la production éditoriale pour retracer l’«l’Histoire générale du Sénégal» est mal dirigée.

«Notre travail n'est pas parfait. Il y a des choses que je sais et des choses que je ne sais pas. Nous sommes prêts à corriger». Cet aveu de Iba Der Thiam ce dimanche a mis mal à l’aise beaucoup d’historiens.

«Iba Der Thiam a raconté du n’importe quoi (hier) à la radio (iRadio du groupe EMedia). Ce qu’il a dit au point de se justifier, est honteux. Le problème dans cette histoire, c’est lui (Iba Der) qui est un intellectuel incommode. Sa sortie est un signe d’aveu. Il a dit qu’il devient partial sur certains sujets. C’est grave pour un agrégé en Histoire. Il y a de l’argent dans cette histoire», a déploré un historien, sous le couvert de l’anonymat.

Au bout du fil, il ajoute : «L’édition, la typographie et le choix des photos dans ces travaux, ça ne vaut rien. C’est du réchauffé, les gens n’ont pas été sur le terrain, ils ont juste repris les travaux que personne ne connaît. C’est une Histoire nationale, mais non générale. Une Histoire nationale en Afrique n’a pas de sens, parce que Cheikh Anta Diop a dit que toute notre Histoire vient de l’Égypte».

Selon le Dr Sawrou Fall, enseignant d’Histoire moderne à l’Ucad, beaucoup de choses ont été faussées dès le départ de l’écriture de l’œuvre.

«Le Pr Iba Der Thiam a été mal entouré et mal conseillé. Au début des travaux, il a dit que tout est dans les textes. Ça ne se dit pas. Quand il l’a dit, de grosses pointures parmi les rédacteurs ont démissionné», a regretté l’historien.

«Il y a une faiblesse méthodologique et de démarche, des thèses dépassées sont défendues. Le Pr Iba Der Thiam a voulu avoir la reconnaissance de tout le monde. Mais à vouloir faire plaisir à tous, il a fini par se tirer une balle dans le pied», déplore-t-il.

Cheikh Kaling, maître-assistant en Histoire moderne et contemporaine à l’Ucad, ajoute que «l’objectif de l’Histoire n’est ni de plaire, ni de déplaire. Mais si elle doit créer des tensions de cohésion nationale, il faut l’éviter».

Toutefois, l’ancien membre du comité de rédaction de «l’Histoire générale du Sénégal» est d’avis que les erreurs soulevées sont mineures et qu’il ne faut pas jeter tout le travail scientifique abattu par ses collègues.  «C’est une humilité de reconnaître ses erreurs, ils (les rédacteurs du document) ne gèrent pas des états d’âme », conclut-il.