NETTALI.COM - Elargi de prison ce vendredi, Adama Gaye a réservé sa première sortie à la Rfm. Et c'est pour fustiger la manière dont il a été arrêté, ses conditions de détention et l'article 80 du code pénal qui a été visé contre lui. 

«J’ai été pris manu militari en otage, capturé comme un criminel, alors que je n’ai exercé que mes droits, à l’aube du 29 juillet, comme on le faisait dans les dictatures, que ce soit dans l’ère du nazisme ou dans les dictatures est-européennes des années de braises. Et on m’a amené sous le sceau d’une justice illégitime, parce que agissant de façon illégitime dans l’utilisation du pouvoir, en m’imputant des propos dont certains relèvent de mes écrits, alors que d’autres ne sont pas de ma paternité. Les choses que j’ai écrites, je les assume. Celles qui ont été plaquées sur mon compte internet ne relevant pas de mon espace intellectuel sont l’un des grands problèmes qui se posent aujourd’hui par rapport à notre pays, relativement à la souveraineté des données. Sur ce plan, je suis la victime d’une situation, dont tout le monde se devrait d’être inquiet face à ce qu’un régime de façon aveugle puisse utiliser les moyens de répression à sa disposition pour s’en prendre à un individu", déclare Adama Gaye.

Poursuivant, il ajoute : "je ne suis pas un insulteur. Je dis la vérité. J’ai toujours été un homme de vérité. Que ces gens soient allés à la soupe ou soient aplatis face au pouvoir, devenus des larbins, ce n’est pas Adama Gaye. Ce n’est pas négociable. Mes écrits resteront vivaces. Je ne regrette rien. Ce sont eux qui sont dans une logique de regret, ils ont peur. Les chasseurs sont maintenant dans une logique d’être pourchassés. Ils vont devoir rendre compte, ils vont rendre gorge, ils payeront. Je ne suis pas quelqu’un qu’on envoie comme ça en prison et qu’on libère après. Ce serait très facile. Ce combat sera déployé. La liberté provisoire, c’est le cadet de mes soucis. Même si j’avais zéro liberté, j’allais mener ce combat à l’intérieur de la prison. Ceux qui ont commis la bourde de me jeter en prison n’oseront pas recommencer leur bêtise. C’est une bourde judiciaire, la plus grave de l’histoire du Sénégal. Ils ont péché et ils devront le payer. Une faute politique se paie cash.»

S'attaquant à l'article 80 du code pénal pour lequel il a été inculpé, il déclare : «c’est un article obsolète. Ce n’est pas un article qui a sa place dans une démocratie. Il est regrettable qu’il y ait un abandon des combats démocratiques par beaucoup d’acteurs de la démocratie. Je n’ai pas entendu certains que j’ai connus de longues dates, comme Idrissa Seck, certains politiciens et même des mouvements nouveaux. C’est comme si le fait qu’on parle de ma personne allait leur porter ombrage".

Selon lui, les conditions de détention à Rebeuss sont exécrables. "Quand on vous met dans une chambre de 90 personnes. Quand pour se doucher, il faut attendre une longue file. Quand vous prenez du café avec de l’eau chaude, les gens qui boivent remettent ça dans la cafetière, c’est comme si c’était une volonté d’écraser la personne. J’ai été un roc dans la prison. C’est la raison pour laquelle j’ai engagé une grève de la faim pour leur montrer que j’ai des cordes à mon arc et ces cordes étaient nombreuses. J’étais sur le point d’envoyer une lettre de ma fille au Secrétaire général de l’Onu, y compris déclencher aux États-Unis devant la Maison Blanche des grèves pour que plus jamais au Sénégal, personne n’ose prendre quelqu’un et l’amener en prison», déclare Adama Gaye.