NETTALI.COM - Nous reproduisons, ci-dessous, in extenso,l' allocution du ministre du Pétrole et des Energies. C'était à

l'occasion de la table-ronde ministérielle sur l’impact de la Covid-19 sur le secteur énergétique en Afrique, organisée ce mardi par visioconférence. 

"Je voudrais vous dire combien j’apprécie les analyses croisées sur le système énergétique africain, avec l’avènement de la pandémie liée à la COVID 19, ce qui nous a permis aujourd’hui d’identifier les défis et les opportunités au niveau de ce secteur.

Une chose est sûre, nous n’aurons pas dans nos pays africains de développement économique et social harmonieux, si nous ne réglons pas de manière durable la question de la disponibilité et de la qualité de l’énergie, à des prix compétitifs, particulièrement en milieu rural. Le potentiel du continent est énorme sur tous les plans disponibilité des ressources énergétiques en particulier l’énergie renouvelable, jeunesse de la population, terres arables, etc.

L’Afrique a besoin d’investissements structurants dans le domaine de l’énergie

Cependant l’Afrique a besoin d’investissements structurants dans le domaine de l’énergie, pour mettre en valeur tous ses potentiels. Elle doit être appuyée pour participer de manière active à la transition énergétique en respectant ses engagements environnementaux au niveau mondial, pour ne pas subir des contraintes fortes de réduction de gaz à effet de serre. N’oubliez pas que nos populations subissent les conséquences néfastes du réchauffement climatique alors qu’elles contribuent très peu dans cette pollution. C’est pourquoi nous devons travailler de manière coordonnée pour réduire l’usage de la biomasse dans notre bilan énergétique et éviter tout report d’investissements ou de retards de travaux dans les infrastructures de
production, de transport et de distribution d’électricité. La demande en électricité va augmenter et nous devons travailler à réduire les coûts de production, pour faciliter l’accès universel suivant les projections des Nations Unies.

Près de 600 millions d’Africains n’ont pas encore accès à l’électricité

Je rappelle que selon la Banque Africaine de Développement (BAD), près de 600 millions d’Africains n’ont pas encore accès à l’électricité. La COVID-19 ne devrait pas être un obstacle au droit inaliénable de ces populations d’accéder à l’électricité.

Au niveau du sous-secteur des hydrocarbures, nous devons soutenir les pays producteurs de pétrole qui font face aujourd’hui à la chute des cours. Bien vrai que cette baisse peut profiter aujourd’hui aux pays importateurs, avec une baisse des coûts de l’énergie, il va sans dire que certains pays qui s’apprêtent à entrer dans le cercle fermé des pays producteurs, comme le
Sénégal, nourrissent quelques craintes quant aux retards susceptibles de se produire dans le planning de développement des projets pétroliers et gaziers.

Nous devons challenger les compagnies pétrolières pour les amener à amoindrir au maximum les retards potentiels sur ces projets, reprendre les activités au plus vite et surtout éviter des surcoûts. Cela m’amène à plaider pour le renforcement des échanges intra-africains, la nécessité d’harmoniser
par exemple les spécifications des carburants propres au niveau du continent, en parfaite cohérence avec la nouvelle technologie automobile et les normes environnementales, repenser la réglementation et la politique tarifaire dans le secteur des hydrocarbures pour favoriser l’accès et baisser les coûts.

Nous pouvons sortir de la pandémie avec un élan plus fort, si...

La reprise de l’activité économique post COVID doit se faire autour de l’accès des populations et des entreprises à une énergie moderne, de grande qualité et à moindre coût. Ces dernières années, nos économies ont été parmi les plus dynamiques en termes de croissance, avant l’avènement de la COVID-19. Des pays comme le Sénégal ont connu une croissance constante de près de 6,5% par an pendant près de cinq (5) ans, sans compter la chance que nous avons, comme le Mozambique, la Mauritanie et d’autres pays, de découvrir des gisements intéressants de pétrole et de gaz. Ce serait un coup dur si cette dynamique devait être freinée par la pandémie du COVID-19, parce que certains de nos partenaires se seraient désengagés, parce que nous remettons en cause nos investissements, ou que nous retardions les travaux des projets engagés, fondamentaux pour la croissance, la création d’emplois et la sauvegarde de notre environnement.
Nous pouvons sortir de la pandémie avec un élan plus fort, si nous travaillons
main dans la main, pour assurer une énergie sûre, durable et accessible pour
nos populations.