NETTALI.NET – Le rituel est le même chaque année. En cette veille de fête de Tabaski, les chefs de famille remuent ciel et terre afin de trouver un bon bélier. C’est qu’au-delà des recommandations de leur religion, ces braves goorgorlu sont victimes de pesanteurs sociales, mais aussi des autorités incapables de trouver des solutions au casse-tête du… mouton.

 75O mille. C’est le nombre de moutons dont ont besoin les Sénégalais pour cette Tabaski 2019. C’est en tout cas le chiffre que donnent les prévisions du gouvernement. Les mêmes sources soulignent que la seule région de Dakar a besoin de 250 mille béliers. Voilà qui a au moins le mérite d’être clair. Malgré tout, cet Aïd-el-kébir 2019 n’échappe pas à la polémique afférente à l’approvisionnement en moutons. A quelques petits jours de la fête, de nombreux chefs de famille ne dorment plus que d’un seul œil. Leur sommeil est perturbé par les prix exorbitants des moutons. Et Dakar n’est pas seule dans cette situation. A Ziguinchor par exemple, les autorités avouent que seuls 40% de la demande est satisfaite. Autrement dit, si l’Etat ne prend pas les dispositions nécessaires, beaucoup de Ziguinchorois risquent de ne pas immoler de bélier le jour de la Tabaski sauf s’ils déboursent plus d’argent que prévu. Le Sud du pays n’étant pas une zone d’élevage, il va falloir en trouver ailleurs.

Cette situation repose le débat sur l’absence d’une véritable politique de planification. En effet, les autorités sénégalaises savent, depuis des mois voire des années, que les éleveurs nationaux ne peuvent pas, à eux seuls, satisfaire la forte demande en moutons. Pourtant, l’Etat ne semble pas faire grand-chose pour faciliter l’arrivée des moutons venant du Mali et de la Mauritanie par exemple. Car malgré les mesures annoncées ici et là pour faciliter le transport, les acteurs se plaignent toujours et encore des tracasseries. A cela, il faut ajouter l’insécurité qui décourage de nombreux éleveurs. Ces derniers attendent désormais le dernier moment pour débarquer à Dakar où les charges liées au transport et les frais d’entretien et d’alimentation se répercutent sur le prix du mouton. Pis, le ministère de l’Elevage ne semble s’intéresser à… l’élevage qu’en période de Tabaski. On voit par exemple le ministre faire le tour des foirails pour voir si toutes les mesures ont été prises pour assurer une bonne campagne aux éleveurs. Oubliant ainsi que pour assurer un bon approvisionnement en moutons, on n’attend pas le dernier moment. Et puis, l’Elevage ce n’est pas que le mouton de Tabaski.

Toutefois, si le gouvernement est à blâmer, les Sénégalais, eux aussi, ne sont pas exempts de tout reproche. A cause des pesanteurs sociales, les chefs de famille ont tendance à en faire plus que de raison. Pourtant, les téfankés le rappellent souvent : «les prix des moutons ne dépendent que de la race». Autrement dit, il y a un bélier pour toutes les bourses.