NETTALI.COM-« Je t’aime, moi non plus ». C’est la triste chanson entre Macky Sall et son opposition. Même le dialogue national qui visait à arrondir les angles pourrait tourner au vinaigre. Le reportage de Bbc sur PETRO-TIM a envenimé la situation. Un nouveau rapport de force se dessine. Et l’on redoute une jonction entre l’opposition et des forces syndicales.

Que devient le dialogue national lancé en grande pompe, il y a juste un mois ? L’interdiction, par le préfet de Dakar, des manifestations que voulaient tenir l’opposition et des syndicats, ce vendredi, indique que les compteurs sont remis à zéro. Même les partis réunis dans le Front de résistance nationale (Frn), qui avaient décidé de participer à ces pourparlers, ont fini par rejoindre la dynamique contestataire que charrient les révélations de la Bbc sur l’affaire PETRO-TIM. Le parti Rewmi de Idrissa Seck, resté longtemps aphone sur le cas Aliou Sall, est sorti de sa réserve ce mercredi pour charger le frère du chef de l’Etat.

Même le fait de renoncer à la manifestation, que Aar Li Niu Bokk projetait de tenir cet après-midi, n’est qu’une manière, pour les adversaires de Macky Sall, de reculer pour mieux sauter,  en espérant obtenir le soutien de la « rue » par cette attitude responsable. La preuve, comptant introduire une nouvelle demande d’autorisation de marche dès lundi prochain, ils évoquent le souci de préserver la paix civile pour justifier leur rétropédalage. En réalité, ils sont convaincus de tenir le bon bout avec l’affaire PETRO-TIM et ne vont pas lâcher le morceau.

Après avoir récusé Aly Ngouille Ndiaye comme autorité en charge de l’organisation des élections, l’opposition pourrait réclamer la démission de celui qui est présenté comme l’un des protagonistes de l’affaire PETRO-TIM et qui assumait les fonctions de ministre de l’Energie au moment de la signature des contrats litigieux.

Ainsi, le Frn engage «  le peuple sénégalais à réclamer justice par une forte mobilisation afin que les coupables de tout bord soient punis et que les biens spoliés soient totalement restitués au peuple sénégalais qui en est le propriétaire exclusif ».

Mieux, le front « va rencontrer dans les prochains jours toutes forces en lutte en vue de créer une jonction et une unité d’actions » et « a décidé de lancer, dès la semaine prochaine, un vaste plan d’actions qui devra impliquer toutes les coordinations départementales du pays et celles de la diaspora ».

A cet égard, ce 28 juin risque d’être  un tournant décisif dans ce bras de fer, d’autant plus que la radicalisation du pouvoir pourrait créer les conditions qui avaient conduit à la révolte politico-sociale de Mai 68, en temps de "Parti unique de fait" ou à la crise consécutive à la présidentielle de 1988 quand les contrecoups néfastes des Ajustements structurels favorisèrent l’isolement du gouvernement socialiste.

Chargé de conduire le dialogue national, l’ex-ministre socialiste et ancien président du Conseil économique, social et environnemental a presque disparu, depuis lors. Selon des révélations portées par une certaine presse, rien ne bouge du côté de Famara Ibrahima Sagna et ce retard serait imputable au ministère de l’Intérieur.

Outre le maintien en détention de Khalifa Sall et l’exil de Karim Wade, la situation sociale est une autre pomme de discorde. De plus, un débat grandissant autour de la tension de trésorerie, supposée ou réelle, pollue l’atmosphère entre majorité et opposition.  Ces facteurs, ajoutés au refus du gouvernement d’augmenter les salaires des fonctionnaires, peuvent créer un cocktail explosif.