NETTALI.COM - Jean-Claude Mallet, conseiller spécial du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, et son plus proche collaborateur, a rejoint lundi 3 juin le géant pétrolier français Total après 43 années au service de l'Etat comme spécialiste des questions stratégiques et de défense. "Jean-Claude Mallet est arrivé aujourd'hui chez Total en tant que directeur des Affaires publiques", a annoncé un porte-parole de la compagnie à l'AFP.

Il sera notamment chargé des relations du groupe avec les Etats - Total est présent dans plus de 100 pays - et des questions d'intelligence économique. Enarque, normalien et conseiller d'Etat, ce grand commis de l'Etat, 64 ans, fils du Compagnon de la Libération Jean-Pierre Mallet, a une longue expérience au sein de l'appareil de défense et sécuritaire français.

Il a travaillé avec le socialiste Pierre Joxe au ministère de l'Intérieur puis à la Défense où il imprima sa marque comme directeur des Affaires stratégiques (1992-1998). Entre 1999 et 2004, il se voit confier la tête du Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN), un poste clé dans la mise en oeuvre de la politique de Défense, entre l'Elysée et Matignon.

En 2007, le président Nicolas Sarkozy, toujours soucieux d'ouverture politique, lui confie la rédaction du Livre blanc sur les orientations stratégiques du pays. Jean-Claude Mallet a également alimenté, au côté de Jean-Yves Le Drian, les programmes Défense des candidats socialistes à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, et de 2012, François Hollande.

"Raisons personnelles"

Après l'élection de François Hollande, il retrouve le ministère de la Défense comme conseiller spécial de Jean-Yves Le Drian (2012-2017), élaborant notamment la doctrine de cyberdéfense française. A l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, Jean-Yves Le Drian quitte la Défense pour le Quai d'Orsay, emmenant avec lui son conseiller spécial.

Aux Affaires étrangères, Jean-Claude Mallet a assisté à la mutation accélérée du contexte géopolitique mondial, avec le "America First" de Donald Trump, la montée en puissance de la Chine et les interrogations sur l'avenir de l'Europe.

Ce bourreau de travail dit aujourd'hui rejoindre le secteur privé pour des "raisons personnelles" et se défend de tout conflit d'intérêt avec ses précédentes responsabilités, soulignant avoir "écarté tout le secteur de la défense" de son champ de reconversion.

Jean-Yves Le Drian a pris la défense de son conseiller, dont le départ chez Total fait grincer des dents sur les réseaux sociaux, tout comme de son directeur de cabinet à la Défense, Cédric Lewandowski, nommé directeur du parc nucléaire d'EDF.

"Ils ont droit de vivre leur vie, non ?", a lancé le ministre sur France Inter. "Que mon conseiller spécial, après de nombreuses années au service de la République et de l'Etat, aille prendre d'autres activités ailleurs, cela fait partie de la liberté de l'individu".

En 2016, le directeur général de la gendarmerie nationale et ancien patron de son groupe d'intervention le GIGN, le général Denis Favier, avait lui aussi rejoint le géant pétrolier français, devant le "Monsieur sûreté" du groupe".

 

Source Afp