NETTALI.COM - C’est une loi d’airain : en politique, il ne faut jamais dire jamais. Ousmane Sonko l’a appris à ses dépens, lorsqu’au lendemain de sa douche froide des législatives de 2017, il s’était précité pour rencontrer Me Abdoulaye Wade à Fann Résidence.

Trois mois plus tôt, en théoricien d’une rupture copernicienne, de type sankariste, il avait, selon une certaine presse, décliné de prendre Karim au téléphone. Le néophyte, à en croire les colporteurs, ne voulait pas se salir les mains, en se rendant coupable de complicités avec l’ex-« ministre du Ciel, de la terre et des mers ».

L’ancien inspecteur des impôts et domaines opèrera un autre rétropédalage, sur le terrain glissant de la politique politicienne quand, en pleine campagne électorale pour la présidentielle de 2019, il ira, toutes affaires cessantes, quémander le soutien de Me Abdoulaye Wade, après avoir recommandé qu’on fusille tous les chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête du Sénégal. Répondant à l’invitation du malin pape du Sopi qui n’avait besoin de lui que pour accroitre la pression sur Macky Sall, le leader de Pastef était accompagné de  ses alliés Pierre Goudiaby Atepa et  Boubacar Camara : deux personnalités qui furent de la garde rapprochée des Wade avant 2012.

De ce qui précède, procède une seule question : de quel système Sonko est-il l’anti-système ?

C’est à se demander si le discours révolutionnaire à faire table rase de tout le passé n’était chez lui qu’un filon électoralement productif pour se faire un nom dans le landerneau. Comme il a pris de la bouteille depuis qu’il est arrivé 3e à la dernière présidentielle, le monsieur snobe son monde et ne participe même plus aux réunions de l’opposition. Même certains de ses ex-alliés de « Sonko Président », accrochés par nettali.com, n’ont plus accès à lui.

Le  Conseil d’orientation de Pastef/Front Républicain, réuni autour de  Alioune Raki Sall, coordonnateur de ladite structure, a lancé un appel vibrant à son leader Ousmane Sonko pour que ce dernier participe « physiquement » au dialogue politique initié par le chef de l’Etat.

En clair, dans sa résolution finale signée le samedi 18 Mai 2019, le conseil a demandé, « avec insistance la présence physique du leader de la Coalition lors du dialogue ouvert et constructif du 28 Mai 2019 ».

Ces alliés de Sonko ignorent-ils que leur leader avait déjà refusé la main tendue de Macky Sall, juste après l’élection de février dernier ?

Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique et mis en ligne le 24 mars 2019, le patron de Pastef déclinait l’invite de Macky Sall en ces termes : « Dans une démocratie, le dialogue national doit se tenir à l’Assemblée, là où les questions sont débattues entre la majorité et l’opposition. Pour ce qui est du processus électoral, le Sénégal a une expérience et une expertise avérées. Si Macky Sall veut parvenir à un consensus, il lui suffit de reproduire les schémas du passé – c’est un travail purement technique. Chaque parti a déjà identifié les vrais problèmes et pourrait alors envoyer son responsable chargé des élections. Tant que nous n’avons pas été saisis officiellement d’un projet de dialogue et de son ordre du jour, mon parti ne peut pas donner de position officielle. En mon nom personnel, je peux seulement dire qu’il n’y a ni pertinence ni urgence à dialoguer, d’autant que cela reviendrait à reconnaître la légitimité du président Macky Sall ».

Il est clair que tous les « cadres unitaires » de l’opposition auxquels a adhéré Sonko ont décidé de répondre au dialogue. Cependant, ce dernier, qui a fondé son ascension politique sur le discours anti-système, risque de paraitre versatile, en participant « physiquement » aux pourparlers du 28 mai prochain, compte-tenu des revirements antérieurs listés supra.

Voilà pourquoi il faut rouler sept fois sa langue dans la bouche avant de parler. D’autant plus qu’en politique, il est nécessaire de maitriser la dialectique des situations contradictoires et mouvantes, en faisant montre de pro-activité.