NETTALI.NET – Alors qu’il était jusqu’à un passé récent la principale locomotive de l’opposition, le Parti démocratique sénégalais (Pds) risque de payer cher son boycott de la présidentielle du 24 février 2019. Le parti de Wade se marginalise de plus en plus au sein de l’opposition au moment où d’autres blocs se forment. Et ces dernières prises de positions ne vont pas faciliter les retrouvailles.  

 Parce qu’il n’avait pas pu présenter son propre candidat, le Parti démocratique sénégalais (Pds) avait préféré boycotter la dernière présidentielle. Une attitude qui est une vraie rupture dans la culture du parti libéral qui, de sa naissance en 1974 à 2019, n’a jamais boycotté une élection. Un boycott qui semble avoir été une erreur. Or, comme disait Abdoulaye Wade, «en politique, les erreurs se payent cash». Et tout indique que le Pds est en train de payer l’erreur d’avoir croisé les bras au moment où les partis de l’opposition croisaient le fer avec le pouvoir de Macky Sall.

L’élection présidentielle du 24 février 2019 a d’abord permis l’émergence de nouvelles forces politiques comme Ousmane Sonko et son parti le Pastef avec un score qui tourne autour de 680 mille voix. Idrissa Seck que beaucoup d’observateurs croyaient «politiquement mort» a réalisé son meilleur score dans une élection nationale avec 899.556 voix. Il s’y ajoute que l’appel de Wade pour le boycott n’a pas produit l’effet escompté. La preuve : le taux de participation au scrutin du 24 février a atteint 66,23%. Autrement dit, les Sénégalais sont effectivement allés voter alors que le pape du sopi leur demander de brûler les cartes.

Mais alors qu’on pensait que le Parti démocratique sénégalais (Pds) allait reprendre sa place dans l’opposition après la présidentielle, les libéraux s’isolent davantage. Ces derniers ne sont dans aucun des blocs de l’opposition qui sont en train de prendre forme. Il y a d’abord Me Madické Niang qui, heureux d’avoir pu obtenir une existence politique grâce à sa participation à la présidentielle, fait tout pour réunir Ousmane Sonko, Idrissa Seck Issa Sall et lui-même. Ce qui lui permet d’isoler le Pds qui ne veut plus le voir. Même en peinture.

Pourtant, pour retrouver sa place dans l’opposition, le parti de Wade devra accepter cette réalité politique que sont devenus les quatre candidats malheureux de la dernière présidentielle dont Madické Niang. A Côté de cette bande des quatre, il y a l’axe Y’en a marre-Fds-Frapp/France dégage. Mais aussi le groupe incarné par Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, la Ld-Debout, Mamadou Lamine Diallo de Tekki ou encore Ibrahima Fall. Tous ces blocs ont la particularité d’avoir des positions claires et nettes sur les révisions constitutionnelles voulues par Macky Sall, notamment la suppression du poste de Premier ministre. Ils opposent tous un niet catégorique à l’initiative de Macky Sall. Surprise : le parti de Wade n’est ni pour ni contre. La réforme est «sans intérêt» pour le Pds, soutiennent les libéraux dans un communiqué signé par Oumar Sarr.

Cette position marginalise davantage l’ancien parti au pouvoir au sein d’une opposition qui se cherche encore depuis sa défaite du 24 février dernier. Pire pour Wade, ses alliés les plus sûrs comme Pape Diop de Bokk Gis Gis et Mamadou Diop Decroix d’And-Jëf/Pads sont dans la coalition «Idy2019» que Idrissa Seck cherchera à pérenniser dans la perspective des prochaines locales. Or, aller aux locales sans les autres forces de l’opposition serait synonyme de défaite certaine pour le Pds.