NETTALI.COM- Marcel Mendy peut maintenant procéder à la diffusion et à la vente son livre sur Hissein Habré. La Cour d’appel a levé ce mercredi 24 avril 2019 la mesure d’interdiction qui frappait l’ouvrage.

«Affaire Hissein Habré : Entre ombres, silences et non-dits ». C’est le titre du livre en question. Mais, en novembre dernier,  le juge des référés du Tribunal de grande instance de Dakar a ordonné sa suspension et sa diffusion. Marcel Mendy avait été condamné à verser à l’ex-Président tchadien la somme de 500.000 F Cfa pour chaque exemplaire distribué. Hissein Habré avait saisi la justice pour protester contre le fait que sa photo soit mise sur la couverture du livre.

Le chargé de communication des défuntes chambres africaines extraordinaires avait fait appel de la décision et la Cour lui a donné raison ce matin.

« La décision de la Cour d’appel rend nulle l’ordonnance portant interdiction de diffusion, de distribution et de vente du livre rendue en première instance et favorable à Habré qui avait porté plainte. A partir d’aujourd’hui cette décision est inopérante dans la mesure où elle est nulle et de nul effet », réagit le journaliste.

Etant donné que les avocats du tchadien peuvent se pourvoir en cassation, M. Mendy n’a pas de souci à se faire. « La distribution et la diffusion du livre peuvent parfaitement commencer aujourd’hui car c’est une décision exécutoire. Même si les avocats de Habré font un pourvoi en cassation, celui-ci n’est pas suspensif », confie-t-il.

Par ailleurs, le journaliste-écrivain s’est réjoui de la décision de la juridiction d’appel. « Je rends grâce à dieu pour la grâce qu’il a fait pleuvoir sur la justice sénégalaise et lui a permis de prendre la bonne décision. Je suis un homme soulagé car le droit a été dit et le livre pourra continuer son petit bonhomme de chemin », confie-t-il.

Tout en soulignant que « la liberté d’expression et le droit du public à l’information étaient en jeu », M. Mendy rappelle que c’est une première en Afrique qu’un ancien chef d’Etat soit jugé et ce procès mettait en branle toute la justice sénégalaise, la communauté internationale mais surtout des milliers de victimes.

« Donc, se justifie-t-il, on ne peut pas dire que c’est une affaire banale qui a été jugée. Et pour l’histoire, il était souhaitable qu’un ouvrage fasse le point sur le dossier. Comme des réalisateurs ont fait des documentaires, il était normal pour la postérité, qu’on écrive sur cette affaire et c’est ce que j’ai fait. »

 

Et de poursuivre pour s’en désoler : « Malheureusement, Habré a pris prétexte de la photo que j’ai mise sur la couverture pour faire interdire le livre. »

L’ex-homme fort de N’Djaména avait été condamné le 30 mai 2017 à la perpétuité pour crimes contre l’humanité, de viol, crimes autonomes de torture, de traitement inhumain, d’esclavage forcé, d’exécution sommaire. Le pensionnaire de la prison du Cap Manuel était aussi condamné à allouer des dommages et intérêts variant entre 15 millions et 20 millions de francs CFA.