NETTALI.COM – Incarcéré pour terrorisme depuis quatre ans, Saër Kébé est libre. L’ancien élève de Terminale S au lycée Demba Diop de Mbour est condamné à trois mois assorti du sursis.

La Chambre criminelle spéciale qui a rendu son verdict ce mercredi 10 avril 2019 a estimé que les faits d’acte de terrorisme et d’apologie au terrorisme ne sont pas établis à l’endroit du jeune homme de 24 ans.

« Vous soutenez Israël, nous jeunes révolutionnaires sénégalais, préparons des attentats contre l’Ambassade des Usa et d’Israël. Nous attaquerons tous vos intérêts. Nous préparons des attaques courant mai 2015 et vous serez détruits. Vive le Hamas. »  C’est en substance ce message posté sur la page Facebook de l’Ambassade des Usa au Sénégal et d’autres pages ( Ambassade Israël, armée israléenne et West radio democracy) qui est à l’origine de l’arrestation de Saër Kébé depuis avril 2015. Puis son inculpation et son renvoi en jugement pour acte de terrorisme et apologie du terrorisme.

Mais hier, le juge a estimé qu’il s’agissait « de simples menaces sans ordre, ni condition. » Par conséquent, il a disqualifié le crime d’apologie au terrorisme en délit de menace et a infligé le sursis à Saër Kébé contre qui le parquet avait requis cinq ans de travaux forcés.

L’ancien élève en Terminale S au lycée Demba Diop de Mbour a été jugé le 27 mars dernier. Face aux juges, il avait clamé son innocence. «  Je ne reconnais pas les faits. Je ne suis pas un terroriste et je suis contre le terrorisme », déclarait l’accusé qui se dit « moustarchidine » et décrit comme un brillant élève.

Sur les raisons de ses publications, Saër Kébé a expliqué qu’il a été choqué par des images qu’il a vues sur Youtube en faisant des recherches pour un exposé sur le rôle des Américains dans le processus de décolonisation au Proche Orient. « J’ai vu des femmes enceintes et des enfants massacrés comme des mouches, lors d’un bombardement à Gaza. Cela m’a choqué. Ainsi, j’ai fait les post pour dénoncer cette injustice. J’ai agi sous la colère mais les menaces d’attentat n’étaient pas réelles mais juste pour défendre la cause palestinienne », s’est-il défendu tout en disant qu’il était jeune et immature au moment des faits.

Aussi Saër Kébé s’était confondu en excuses. « Je regrette ce qui s’est passé, mes études sont perdues, ma famille souffre », disait-il en fondant en larmes.

Pour la représentante du parquet, quelles que soient les motivations de l’accusé, les faits sont établis. Car, les publications de Saër Kébé ont suscité un sentiment de terreur. « Dès lors qu’il a rédigé des menaces le délit d’acte de terrorisme est établi », soutenait la parquetière. Pour qui, l’apologie est constante avec l’usage de l’outil informatique pour diffuser les messages. Toutefois, la parquetière considère que l’accusé de 24 ans mérite des circonstances atténuantes. C’est pourquoi elle avait requis cinq ans de travaux forcés.

La chambre criminelle spéciale a plutôt suivi la défense qui avait plaidé l’acquittement.