NETTALI.COM - C’est une tâche bien ardue qui attend Macky Sall. Après avoir décliné, lors de sa prestation de serment, sa vision d’un « Sénégal nouveau », pardon « nouveau Sénégal »  qu’il entend dérouler : lutte contre les constructions anarchiques, l’insalubrité, réforme de l’administration, cap sur la formation professionnelle, politique d’emploi des jeunes, le Président Sall a étalé toute la littérature sur la rupture qu’il entend mener.

Lors de son message à la nation du 3 Avril, même topo, il a été beaucoup question d’éducation des jeunes, de morale, de conseils et que ne sais-je encore. Le Président aura bien fait passer sa sauce au grand dam des journalistes qui attendaient des biscuits bien plus croustillants que ce cours d’éducation morale caractérisé par une grande vacuité. Et les médias comme à leur habitude, ont tous relayé et commenté le discours à l’envi, profitant d’un moment médiatique fort.

Mais, le hic dans tout cela, est que Macky Sall, en embouchant sa trompette de cette manière-là et en axant son discours sur ce thème oh combien moraliste, a révélé à la face du monde qu’il ne s’était, lors de son 1er mandat, préoccupé que de ce qui émerge,  qui émerveille, oubliant les fondations. Eh oui, c’est cela le Programme Sénégal Emergent qui lui a coûté si cher, mais qui fonctionne selon ses intérêts du moment. On était à la phase 1, on doit passer à la phase 2 bon sang ! Retournons à la l'orthodoxie.

Comme le diront certains, Il n’est jamais trop tard pour faire bien faire, pour se rattraper. Eh oui les politiques ont cette fâcheuse tendance à toujours prendre le jeu à leur compte, quitte à vous donner ensuite, les explications les plus acrobatiques possibles. L’objectif de Macky Sall, l’homme qui ne jure que par la politique, n’était-il pas juste inscrit dans une logique de réélection d’abord avant de s’occuper ultérieurement d'éducation, d'ordre, d'organisation  ? Bref. Il fallait bien entendu développer une politique d’infrastructures tous azimuts, en mettre plein la vue aux Sénégalais afin de conquérir les plus pragmatiques d'entre eux. Ne dit-on pas que chacun voit midi à sa porte.

Après la déclinaison de sa vision de la rupture, ce fut l’épisode de la formation de l’équipe qui doit la mettre en musique. Cette rupture tant chantée devant la pléthore de chefs d’Etat africains présents à ce qu’on pouvait assimiler à un mini-sommet africain.

Qu’elle fut longue et stressante cette journée d'attente interminable pour la presse qui a fait le pied de  grue jusque tard dans la nuit au palais présidentiel pour ne finalement qu'entendre lire des noms sur du papier ! Sur les plateaux télé, on sentait l'embarras, l'ennui et cette volonté de meubler le temps, tellement l'attente fut longue. Et les plus malheureux ont été sans nul doute, les journalistes de la presse écrite qui ont à peine eu le temps de préparer des papiers de fond et visiter des CV.

Le verrouillage de Macky a été si efficace que même qu’aucun nom de ministrable n’a pu filtrer avant le moment fatidique de la lecture des noms des heureux élus. On aura noté que toutes les prévisions des météorologues de la presse, durant tout ce temps fort médiatique, depuis la prestation de serment jusqu’à la publication des listes, se sont effondrées comme un château de cartes. L’on avait dit que Wade serait là au défilé du 4 Avril ! Que Khalifa serait gracié le 4 Avril ! Mais heureusement que votre site d’informations en ligne www.nettali.com a sauvé l’honneur en évoquant, avant tout le monde, la suppression future du poste de PM dès le 3 Avril ; le saucissonnage du ministère de l’Economie, de finances et du plan.

Sans verser dans le pessimisme, l’on est tenté de se demander si cette si longue et stressante attente des journalistes, a vraiment valu la peine ? That’s the question ? On a en tout cas assisté à un grand chamboulement : Amadou Ba aux Affaires étrangères, qui l’aurait cru ? Ismaêl Madior Fall, artisan des différentes réformes « consolidantes » (lol), absent de la liste ; Cheikh Oumar Hann qui était promis à un avenir à l’OFNAC, prend du galon ; une proche d’Aliou Sall nommée ministre ? Mansour Faye, ministre du développement communautaire – équité sociale. Quel titre ! Moustapha Diop, ministre du développement industriel et des PME/PMI ! Quel résultat veut-on atteindre avec lui ? Que de surprises ! Mais heureusement qu’il y a quelques éclaircies dans cette brume épaisse ! Des ministres bien à leur place, reconnus et respectés pour leur compétence et intégrité. L’on ne pourra bien évidemment juger certains qu’à l’épreuve de leur gestion. Mais alors qu’on s’attendait à une réduction significative du nombre de ministres, on passera de 39 à 32 ministres seulement !

Une rupture annoncée par Macky Sall qui en tout cas pouvait être mieux assumée en donnant des signaux plus clairs. Macky a ce gros talon d’Achille, la politique, il aura beau vouloir rompre avec, elle finit par le rattraper. Comment comprendre ce jeu clair-obscur s’agissant du cas Dionne ? Sa loyauté vis-à-vis de Macky Sall a toujours été chantée sur tous les toits. A-t-il seulement été à la hauteur de sa mission ? On n’en saura rien. Macky, cherche-t-il à étouffer toute ambition prématurée en supprimant le poste ? Lui seul sait. Ce qu’on nous a servi, c’est sa volonté d’animer lui-même sa rupture, aller lui-même au charbon. Il tient décidément à elle. La mayonnaise, prendra-t-elle ? Ne prendra-t-elle ? Personne ne sait, car de toute façon, avec Macky, on  ne sait jamais.