NETTALI.COM- C’est un nouveau coup de tonnerre, dans une affaire qui n’en finit pas d’embarrasser le Vatican et de miner l’Eglise australienne. Le cardinal George Pell, 77 ans, a été jugé coupable ce mardi 26 février 2019, d’agressions sexuelles et d’attentats à la pudeur par le tribunal de Melbourne.
Le verdict remonte au 11 décembre 2018, mais une ordonnance du tribunal avait imposé un black-out médiatique sur le procès et son issue – black-out que certains médias étrangers avaient choisi de briser. Cette ordonnance a été finalement levée après l’abandon d’une deuxième série d’accusations contre le cardinal, qui devait donner lieu à un deuxième procès.
On sait donc, désormais, que le cardinal Pell a été reconnu coupable pour des abus pratiqués sur deux enfants de chœur, alors âgés de 12 et 13 ans. Les faits se seraient déroulés entre la fin 1996 et le début 1997, à la cathédrale de Melbourne, dont George Pell était alors l’archevêque. L’une des deux victimes est décédée en 2014, d’une overdose que ses proches attribuent au traumatisme de ces abus.
Le Vatican, de son côté, a pris acte de la décision de la justice australienne. Le timing est pour le moins délicat pour Rome, deux jours après la clôture d’un sommet inédit sur la protection des mineurs dans l’Église.
Dans une brève déclaration à la mi-journée, mardi 26 février, Alessandro Gisotti, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, s’est « uni » au communiqué de Mgr Mark Coleridge, président de la conférence des évêques australiens. La nouvelle de la condamnation « a choqué beaucoup de personnes, en Australie et dans le monde, y compris les évêques catholiques », affirmait ce dernier. Le Vatican a exprimé son « total respect à l’égard de la justice australienne », et dit désormais attendre le résultat du procès en appel, « tout en rappelant que le cardinal Pell clame son innocence et qu’il a le droit de poursuivre sa défense jusqu’au bout ».
Le haut prélat conserve donc pour l’heure ses fonctions de préfet pour le secrétariat à l’économie du Saint-Siège, qui lui valent souvent le surnom de « Numéro trois du Saint-Siège », dont il est officiellement en congé depuis qu’il est retourné en Australie pour assurer sa défense, en juillet 2017. Alessandro Gisotti a toutefois révélé que le cardinal faisait, depuis cette date, l’objet de mesures conservatoires prises par l’Église australienne, que le pape a confirmées après le verdict : George Pell est interdit d’exercer tout ministère public, et il lui est défendu d’entrer en contact avec des mineurs. Il avait également été remercié de son siège au « C9 », le conseil rapproché du pape pour la réforme de la Curie, le 12 décembre dernier, soit le lendemain de sa condamnation.