NETTALI.COM - Le torchon brûle à nouveau entre le leader du mouvement Geum Sa Bopp / Jambars, Bougane Guèye Dani, et les autorités administratives de Dakar. Le préfet Chérif Mouhamadou Blondin Ndiaye a interdit la tenue du rassemblement dénommé « Niakhtou national », prévu ce samedi 8 novembre sur le terrain de Sacré-Cœur 3, au grand dam de son initiateur.
Dans une note rendue publique, Bougane Guèye a exprimé sa colère, accusant le pouvoir de museler l’opposition et de trahir les principes de la rupture promis au peuple sénégalais : « Le préfet de Dakar demande de localiser le ‘Niakhtou national’ parce que l’autre doit passer par la VDN. C’est ça la rupture. Honte à vous ! », fulmine-t-il.
Le ton est cinglant, l’ironie mordante. Pour l’homme de médias devenu opposant politique, cette interdiction s’inscrit dans une stratégie de marginalisation des mouvements citoyens et partis hors du cercle du pouvoir.
Du côté de l’administration, la justification est classique : risques de troubles à l’ordre public et perturbations majeures de la circulation dans une zone stratégique de la capitale.
Le préfet souligne que la VDN, axe vital reliant plusieurs quartiers de Dakar, ne saurait être bloquée pour un rassemblement de masse en pleine fin de semaine.
Cependant, pour les partisans de Bougane, ces arguments ne tiennent pas : « On autorise des concerts et des meetings ailleurs, pourquoi pas le Niakhtou ? », s’interrogent-ils, y voyant une discrimination politique flagrante.
Entre droit de manifester et ordre public
Cette interdiction relance le débat sur l’usage politique du pouvoir de police administrative. Depuis plusieurs mois, plusieurs mouvements de l’opposition affirment subir des restrictions récurrentes sur leurs activités publiques, alors même que la Constitution garantit la liberté de réunion pacifique.
Pour un juriste contacté par nos soins, « il existe une dérive préoccupante : l’administration privilégie systématiquement la logique de précaution sécuritaire au détriment du droit fondamental à la manifestation ».
Ce “Niakhtou national” devait être une démonstration de force pour Bougane Guèye, à la fois entrepreneur, patron de presse et figure politique montante. Il entendait y lancer une nouvelle phase de son offensive politique, après avoir consolidé son mouvement Geum Sa Bopp au sein de la coalition Jambars.
L’interdiction du meeting pourrait paradoxalement lui offrir une visibilité accrue et nourrir son discours d’« exclusion politique » face à un pouvoir qu’il accuse d’user de l’administration comme d’un instrument de censure.






