NETTALI.COM Le Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) a été présenté, le vendredi 26 septembres, aux acteurs de la presse sénégalaise. Et même si la plateforme d’inscription sera lancée, d’après les autorités, les travailleurs des entreprises de presse sont lasses d’attendre ces subventions qui n'ont pas été octroyées en 2024 et en 2025 ; sans oublier les contrats publicitaires liant les entreprises de presse avec les entreprises publiques qui ont été unilatéralement résiliés.

Aux yeux des acteurs, cette rencontre était impérative en raison d’une situation d’urgence. “Nous estimons qu’aujourd’hui, le ministère de la Communication doit discuter avec les chefs d’entreprise pour pouvoir trouver une solution à la situation de crise qui prévaut au niveau de la presse. Parce qu’après la Covid-19, nous avons enchaîné avec une période de 19 mois où les entreprises de presse n’ont bénéficié d’aucun fonds public, où elles n’ont pas reçu la subvention aux médias depuis maintenant deux années”, a déclaré Mamadou Ibra Kane, saluant ainsi la possibilité donnée par le ministère de discuter avec les acteurs des médias.

En même temps qu’il se réjouit de cette solution de l’État avec les entreprises de presse, une grande crainte se lit sur son visage. “La subvention pour l’année 2024 a été retournée au Trésor public parce qu’elle n’avait pas été distribuée. Cette année, c’est la même menace qui nous guette, en ce sens que si ce n’est pas distribué avant le dernier trimestre de l’année 2025, cette aide-là sera encore perdue”, a expliqué le Président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse du Sénégal.

À cet effet, le journaliste souligne l’impératif de considérer la situation actuelle des entreprises qui, depuis 2020, ont subi les conséquences de la Covid-19 et dont l’activité est déficitaire à 60 %, voire 90 %. Cette crise est aggravée par le changement de régime, le non-paiement des prestations fournies aux entreprises de presse, l’absence de distribution de l’aide à la presse et la résiliation unilatérale des contrats de publicité par le gouvernement actuel. “Aujourd’hui, c’est une situation d’urgence. Il ne s’agit pas de dire si on doit distribuer la subvention aux médias ou pas. Il s’agit de voir comment, de manière ponctuelle, en l’espace d’un mois, on puisse octroyer des subventions pour l’exploitation des médias. Parce qu’il y a eu des milliers d’emplois qui ont été perdus rien qu’entre 2024 et 2025. Il y a des arrêts de salaire pour certains qui dépassent un an, il n’y a plus de cotisation sociale, c’est-à-dire pour la retraite, ni pour les allocations familiales et les accidents de travail. Il n’y a plus de couverture maladie. C’est une situation d’urgence”, a indiqué Mamadou Ibra Kane.

Peut-on dire que ce sont les types de besoins prioritaires ? “Oui, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, cette année-là, en ce seul mois qui nous reste, il nous faut nécessairement des subventions pour l’exploitation”, a soutenu le Président du patronat de la presse.

Interrogé sur les critères d’éligibilité, Mamadou Ibra Kane rétorque : “Vous savez, vous ne pouvez pas sortir de cinq ans de Covid, deux ans d’absence de distribution de subvention et d’absence de cotisation, et parler de critères. C’est parce que vous voulez être complice de l’assassinat de la presse privée sénégalaise.

Le journaliste d’ajouter, en insistant sur la situation qu’il qualifie d’urgence : “Aujourd’hui, c’est des subventions. Nous avons connu des problèmes ; maintenant, on oublie pour que la presse puisse souffler. Et à partir de l’année prochaine, on met en place un système. Mais raconter comme ça des critères ; des critères pour qui ? Même les entreprises du secteur public de la presse, ont des arriérés de cotisation sociale. Elles ne pourraient pas, en principe, avoir le quitus ni fiscal, ni social.” En ce qui concerne la gouvernance du fonds, le journaliste fait confiance aux membres du comité d’attribution.

Nous sommes des républicains. Il y a des représentants de différents ministères qui sont dans ce comité d’attribution. Oui, nous avons un préjugé favorable, jusqu’à preuve du contraire”, dit-il avant d’insister sur la situation qui le préoccupe tant.

Je parle pour vous : les gens voudraient que la situation soit décantée très rapidement. Oui, dans ce mois-là. On ne doit pas aller au-delà des 30 jours. Sans ça, les fonds seront perdus. La situation est exceptionnelle. Absolument. Et ça, c’est la volonté politique uniquement du président de la République et de son Premier ministre. Ce n’est pas autre chose”, a-t-il poursuivi.

Présentation de la plateforme de l’ADPME liée au Fonds d'appui et de développement de la Presse 

Parallèlement, une présentation du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) a été faite, le vendredi 26 septembre, devant les acteurs, à Dakar, par le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. Elle a permis de montrer aux acteurs comment remplir la plateforme de l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADPME) et de rappeler les critères d’éligibilité. Très bientôt, cette plateforme sera ouverte pour les inscriptions, selon les autorités. “Les critères restent les mêmes par rapport au fonds, ça n’a pas changé”, a soutenu Mamadou Moustapha Diouf de la direction de la Communication.

Celui-ci note qu’il y a des postes budgétaires tels que la formation et le financement de matériel. Ces lignes sont prévues. Mais désormais, le fonds s’attache au projet. M. Diouf précise que les entreprises reçoivent du financement sur la base de la pertinence du projet qu’elles présentent et de l’expression des besoins. “Vous venez, vous présentez un projet ; on ne sait pas si c’est l’entreprise d’un tel ou d’un tel. C’est le projet qu’on regarde, la viabilité, la pertinence. Et on accompagne ce projet-là avec un système de suivi et d’évaluation piloté par l’ADPME, qui a l’expérience de ça”, a-t-il souligné.

Le budget global du fonds est de 1,9 milliard FCFA. Qu’en est-il du mécanisme de contrôle à posteriori ? Cette partie est gérée par l’ADPME. Il y a un mécanisme de suivi qui se fera au fur et à mesure. Un contrôle se fera après le financement pour déterminer l’impact des projets financés.

À la question de savoir s’il existe des mécanismes concrets pour garantir que le fonds ne devienne pas un instrument de pression, Mamadou Moustapha Diouf rétorque : “Non, non, ça ne risque pas d’arriver, dans le sens où, comme je l’ai dit tout à l’heure, on va financer des projets. C’est structurant ! C’est un accompagnement structurant qui se démarque de ce qui se faisait avant. Parce que les gens venaient et recevaient le fonds à la tête du client, selon la proximité avec certaines autorités, etc. Donc, maintenant, comme je l’ai dit, le processus, avec l’ADPME et le comité de gestion, c’est de suivre le projet, de rester sur le projet, la viabilité, la pertinence et surtout l’impact.