NETTALI.COM - Les partis de l’opposition ayant pris part au Dialogue national du 28 mai 2025 ont exprimé, dans une lettre ouverte rendue publique le 5 août, leur profonde déception quant au traitement réservé aux conclusions de cette concertation politique. Réunis à la maison du Parti socialiste, les signataires dénoncent des manquements graves, qu’ils estiment contraires à l’objectif affiché de réconciliation nationale et de consolidation démocratique.

Dans cette correspondance adressée au président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, l’opposition déplore l’absence de réponse à une première lettre en date du 28 juin. Une attitude qu’elle juge révélatrice d’un manque de considération à l’égard de ses contributions. En décidant de rendre publique cette seconde lettre, les partis d’opposition affirment vouloir alerter l’opinion nationale et internationale sur ce qu’ils considèrent comme un dévoiement du processus.

Malgré un contexte marqué, selon eux, par des « brimades », des « arrestations » et des violations de la présomption d’innocence, ces partis affirment avoir participé au dialogue avec l’espoir d’y porter des préoccupations majeures, notamment d’ordre économique et social. Or, ils regrettent que leurs propositions aient été « systématiquement rejetées », en dépit de la gravité de la situation, reconnue aujourd’hui même par les autorités.

Un rapport contesté et un processus vidé de son sens

Les griefs portent également sur la transmission du rapport final du Dialogue national au président de la République. L’opposition déclare n’avoir été ni informée ni associée à cette étape cruciale. Pis encore, le document remis serait, à ses yeux, incomplet, partial et bâclé. La commission « Démocratie, libertés et Droits humains » en serait l’illustration la plus flagrante, avec un taux de consensus estimé à seulement 26 %.

Les signataires accusent un « passage en force » orchestré par une minorité, qui aurait court-circuité les mécanismes de concertation nécessaires à un véritable consensus. En conséquence, ils rejettent formellement le rapport final ainsi que le dispositif de mise en œuvre enclenché par le président Faye, estimant que cette démarche est en contradiction avec l’esprit même du Dialogue.

Appel à un nouveau cadre de concertation

Tout en réaffirmant leur attachement à la paix et à un dialogue constructif, les partis de l’opposition mettent en garde contre les risques de fragilisation démocratique que pourrait entraîner l’adoption, en l’état, des recommandations issues du Dialogue. Ils plaident pour la création d’un véritable comité de suivi pluraliste, qui permettrait de relancer le processus sur des bases plus crédibles et inclusives.

Malgré les frustrations, les signataires disent garder l’espoir que le chef de l’État saura « rectifier le tir » et renouer avec les idéaux de justice, de transparence et de dialogue sincère qu’il avait portés au début de son mandat.