NETTALI.COM - Privé des financements internationaux, le Sénégal se concentre sur le marché domestique. Ce contexte, soulignait le ministre de l’Économie, conforte l’ambition du Sénégal d’optimiser le financement endogène sans pour autant se replier sur soi-même. “La souveraineté budgétaire ne veut pas dire autofinancement. Il s’agit de pouvoir financer son déficit budgétaire et ses besoins de refinancement de la dette qui arrivent annuellement à échéance, sans avoir à recourir à l’austérité ou au financement à des conditions draconiennes ou encore à un prêteur en dernier ressort”, justifiait-il.
Pour rappel, le Conseil d’administration du FMI avait approuvé plusieurs accords de financement avec le Sénégal en juin 2023. D’abord, une enveloppe de 1,51 milliard USD au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEC) et de la Facilité élargie de crédit (FEC), et 324 millions USD au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Ce qui fait un total de 1,8 milliard USD.
A fin 2023, le Conseil d’administration a validé et débloqué plusieurs tranches en 2023 : 216 millions USD au moment de l’accord initial en juin 2023 ; 275,7 millions USD à l’issue de la première revue (octobre) ; 279,3 millions USD approuvés en décembre 2023 diffusés. Le montant total versé à fin 2023 s’élevait à environ 770 millions USD, soit approximativement 720–740 milliards F CFA. C’est pourquoi d’ailleurs le Premier ministre annonçait que le plus important avec le FMI, ce ne sont pas les décaissements. Mais la caution du fonds permet de recourir au marché financier avec des conditions financières bien plus intéressantes.
Il faut aussi noter qu’il n’est pas du tout inédit pour le Sénégal de fonctionner sans des prêts du FMI. Le Premier ministre Amadou Ba aimait rappeler que durant tout le temps qu’il était à la tête du ministère des Finances, le Sénégal n’avait pas de programme de décaissement avec le FMI. Il en fut de même pour son prédécesseur Amadou Kane, premier ministre des Finances de Macky Sall en 2012. Avant eux, sous le régime du président Wade, le ministre Abdoulaye Diop est resté cinq ans sans aucun décaissement.
Pour Amadou Ba, ce n’est donc pas le plus important, mais le partenariat. “C’est illusoire de penser que nous pouvons fonctionner sans le concours des partenaires internationaux. Les gens peuvent le dire dans une campagne électorale, mais la réalité est tout autre. Maintenant, il faut des relations de partenariat dans le respect mutuel”, disait-il lors d’une interview sur Walf TV.
“Ce dont nous avons besoin, c’est le FMI qui dit que le Sénégal est un pays sûr, un pays propice à l’investissement privé. C’est très important. Sinon, c’est juste à partir de 2020, avec la crise Covid que le fonds a décidé d’accompagner des pays comme le Sénégal”, informait l’ancien PM de Sall.
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