NETTALI.COM – Une page importante de l’histoire militaire franco-sénégalaise s’est tournée, jeudi, avec la cérémonie officielle de restitution du camp Geille, à Ouakam, aux forces armées sénégalaises. Un moment hautement symbolique qui marque la fin de la présence militaire française permanente au Sénégal, amorcée depuis plus d’un siècle.
Sur le site du camp Geille, créé en 1920 comme base aérienne coloniale, le chef d’état-major général des armées sénégalaises, le général de corps d’armée Mbaye Cissé, a présidé une cérémonie empreinte de solennité. Plusieurs hauts gradés sénégalais et français, des représentants diplomatiques — dont l’ambassadrice de France au Sénégal — ainsi que des notables de la communauté lebou, ont pris part à l’événement.
Dans son discours, le général Cissé a salué “la fin d’un cycle historique” et a insisté sur la volonté du Sénégal d’ouvrir une nouvelle phase de coopération militaire, fondée sur le respect mutuel et la pleine souveraineté de chaque partenaire. “Nos armées, toujours ouvertes aux apports de partenaires extérieurs, entendent désormais consolider leurs acquis et avancer vers une autonomie stratégique assumée”, a-t-il déclaré.
Le retrait des Éléments français au Sénégal (EFS), créés en 2011 après la dissolution des Forces françaises du Cap-Vert, ne signifie pas une rupture, mais plutôt une évolution vers un modèle de coopération repensé, selon les deux parties.
Le général Cissé a précisé que ce nouveau cadre inclura des échanges renforcés dans la formation, l’entraînement et l’instruction militaire, dans un esprit de co-construction, répondant aux orientations politiques du moment. “Il est temps de tourner une page et d’en écrire une autre, plus équilibrée, plus respectueuse des souverainetés respectives”, a-t-il affirmé, tout en rendant hommage à la communauté de Ouakam pour son hospitalité et sa proximité historique avec le camp.
La France acte un tournant
De son côté, le général de division Pascal Ianni, commandant du Commandement français pour l’Afrique, a qualifié cette transition de “transformation profonde du partenariat militaire entre la France et l’Afrique”.“Le départ des EFS n’est pas une fin, mais une étape vers une coopération repensée, ancrée dans la confiance et le respect des États africains”, a souligné l’officier français.
“Ce site de Ouakam a été témoin de l’histoire commune, de l’Aéropostale aux escadrilles militaires, jusqu’aux accords de défense d’après-indépendance. Nous en sortons la tête haute, pour laisser place à une coopération réinventée.”
La cérémonie s’est conclue par la remise symbolique des clés du camp Geille au général Cissé, marquant officiellement le transfert complet des emprises militaires françaises au gouvernement sénégalais.
Cette restitution clôt une présence militaire française continue, débutée bien avant les indépendances, à une époque où Saint-Louis était la capitale de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Après l’indépendance du Sénégal, cette présence avait été encadrée par l’accord de défense du 1er juillet 1974, suivi d’un nouvel accord signé en 2012.