NETTALI.COM- Dans une tribune au vitriol, Thierno Alassane Sall accuse le président Bassirou Diomaye Faye de se soumettre aux dérives de son Premier ministre Ousmane Sonko. Le député dénonce un pouvoir qui banalise les attaques contre la justice, les médias et la société civile, et alerte sur une crise profonde de gouvernance, masquée selon lui par un pacte d’ambition entre deux hommes : « Diomaye mooy Sonko ».
« Le président Faye a parlé », écrit Thierno Alassane Sall. Mais au lieu d’un recadrage attendu de son Premier ministre, c’est une prise de parole « qui a choqué presque autant » que les propos d’Ousmane Sonko, selon le député. Une posture que l’ancien ministre juge symptomatique d’un pouvoir captif de ses propres contradictions et incapable de faire respecter l’autorité de l’État.
Pour Thierno Alassane Sall, la réponse du chef de l’État aux propos polémiques de son Premier ministre a été « un glissement grave ». Le député estime que le président a fait le choix de défendre son « ami » au détriment des piliers de la République. « Il a donné le sentiment que l’essentiel ne résidait ni dans l’outrage fait à la magistrature, ni dans les insultes adressées à la société civile, ni dans la censure choquante des médias… mais plutôt dans la nécessité de préserver la qualité de ses relations personnelles avec Ousmane Sonko. »
Thierno Alassane Sall rappelle que les attaques du Premier ministre ont visé des institutions fondamentales. « Des magistrats ont été gravement mis en cause. Des accusations aussi violentes que gratuites ont été proférées contre une institution dont l’indépendance est le socle de tout État de droit. » Face à cela, « l’émotion légitime de beaucoup… ne méritait ni réponse claire, ni condamnation ferme ».
Le député s’interroge sur la crédibilité des engagements du chef de l’État à défendre la justice et la démocratie. « Que valent désormais ses refrains répétés sur la nécessité de libérer la Justice (otage de qui ?), si lui-même n’est pas en mesure de prononcer un mot de compassion envers les magistrats ? »
Pour Thierno Alassane Sall, ce silence est d’autant plus préoccupant que Sonko n’est pas un acteur politique extérieur : « Il n’est pas un opposant. Il n’est pas un militant lambda. Il est le Premier ministre d’un gouvernement adoubé par le Président Bassirou Diomaye Faye. » Dès lors, refuser de désavouer ses propos, c’est accepter une remise en cause de l’autorité présidentielle. « Il n’y a pas d’autorité là où l’on hésite à rappeler à l’ordre ceux qui franchissent les lignes rouges de la République. »
Au-delà du malaise institutionnel, Thierno Alassane Sall met en accusation ce qu’il appelle le « Protocole du Cap Manuel », un accord politique secret entre Diomaye et Sonko qui aurait organisé leur conquête du pouvoir plus sur la base d’ambitions personnelles que de projet commun. « Ce que nous vivons n’est pas seulement une crise de gouvernance, c’est une lutte de pouvoir entre deux hommes », écrit-il, « un épisode de plus du Protocole du Cap Manuel, passé entre les deux non en considération de l’intérêt général mais de leurs carrières politiques propres.».
Selon lui, « cette guerre n’a rien à voir avec des projets divergents pour le Sénégal. Elle est, avant tout, un affrontement des ambitions, une bataille d’ego ».
Autre grief soulevé, celui l’incohérence entre les déclarations d’intention du Président et la réalité des actes judiciaires. « Il n’est pas apparu paradoxal aux yeux du Président qu’au moment où il parle de libérer la Justice, des prisonniers d’opinion continuent à affluer dans les geôles de la République comme jamais ».
Thierno Alassane Sall pointe une justice « manifestement truquée », où « le parquet, capable d’une intraitable sévérité contre des pécadilles quand il s’agit d’Abdou Nguer, de Moustapha Diakhaté ou encore de Badara Gadiaga, se bouche les oreilles pour ne pas entendre les propos de Ousmane Sonko ».
Pour le député, seule une action immédiate pourra convaincre de la sincérité du président.
Thierno Alassane Sall conclut sa tribune sur une alerte grave quant à l’avenir du Sénégal. À ses yeux, la gestion actuelle du pouvoir par le duo Diomaye–Sonko conduit le pays à l’instabilité. « Le Sénégal est au bord de la rupture. Est-ce cette rupture dont parlaient Diomaye et Sonko ? »
Et de prévenir : « À trop laisser pourrir cette drôle de guerre, le Président portera une lourde responsabilité dans la chute à laquelle le Sénégal semble promis».