NETTALI.COM - La machine tournait à plein régime. Dans le plus grand silence, des milliards de francs CFA disparaissaient à travers les méandres opaques de l’administration. Mais la supercherie a éclaté au grand jour, dévoilant les contours dévastateurs : un vaste système de détournement de fonds impliquant des agents du Trésor, transitaires et intermédiaires de l’ombre.
Tout part de 150 chèques volés, répartis dans trois carnets aux entêtes aussi sensibles que stratégiques : Centre comptable des armées, Cellule anti-terroriste et Entretien des détenus de Dakar. Ces titres de paiement ont été subtilisés au bureau « Guichet et compte dépôt » du Trésor public, pour un préjudice hallucinant de 7,863 milliards FCFA.
Le système était diaboliquement rodé : les chèques volés servaient à régler des droits de douane au Port de Dakar, via des quittances officielles. Problème : ces paiements échappaient systématiquement au contrôle du Payeur général, seul comptable assignataire habilité à les traiter. Ce verrou contourné, c’était l’autoroute ouverte pour les fraudeurs.
Des sociétés de transit au cœur de la fraude
Parmi les bénéficiaires de cette fraude d’État :
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Touba Darou Salam Transit : plus de 3 milliards FCFA encaissés
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Madina Transit : 1,85 milliard FCFA
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Midwestern : 682,35 millions FCFA
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Portal : 557,31 millions FCFA
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Niany Transit : 574 millions FCFA
Des entreprises qui ont profité de cette filière frauduleuse sans état d’âme.
Des commissions occultes et des complicités en série
Devant les enquêteurs de la Division des Investigations Criminelles (DIC), plusieurs responsables de ces sociétés ont reconnu avoir versé des commissions en espèces, oscillant entre 10% et 12% des montants détournés. Un nom revient avec insistance : Mansour Kane, agent du Trésor incarcéré depuis octobre 2024. D’autres évoquent l’existence d’un intermédiaire fantôme encore dans la nature.
Ce nouveau dossier jette une lumière crue sur l’urgence d’assainir les finances publiques et de renforcer les dispositifs de contrôle et de transparence. Chaque franc détourné, c’est une école non construite, un hôpital sous-équipé, une route impraticable et une jeunesse abandonnée.
Il est temps que les citoyens exigent des comptes et refusent que leur avenir soit hypothéqué par des prédateurs dissimulés dans les rouages de l’État.