NETTALI.COM - Hier mardi 15 octobre à Dakar, le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) a accueilli son nouveau président lors d'une cérémonie de passation de service.
Marqué par l'émotion et le respect mutuel, le président sortant, Babacar Diagne, a transmis le flambeau à Mamadou Oumar Ndiaye, nouveau président du CNRA. "Je ne serai pas le gendarme de l'audiovisuel. Je privilégierai la prévention, la sensibilisation et la pédagogie”, a déclaré le nouveau président du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) Mamadou Oumar Ndiaye, en précisant que la sanction ne serait utilisée qu'en dernier recours. “Si la sanction doit intervenir, elle n'interviendra vraiment qu'en dernier ressort. Quand toutes les autres voies de règlement de contentieux auront été épuisées. Mais j'espère que je n'en arriverai pas là”, a-t-il précisé.
L'une des priorités du président entrant, est d’adapter la régulation aux évolutions technologiques, notamment face à l'essor du numérique et à l'émergence de l'intelligence artificielle.
“La presse écrite vit ses derniers jours. Elle est bousculée par le numérique. Il s'agira donc de récupérer et de réguler. Je connais bien la presse écrite pour y avoir passé 44 ans”, a-t-il fait remarquer.
Mamadou Oumar Ndiaye a ainsi insisté sur la nécessité de réformer les textes législatifs pour mieux encadrer ces nouveaux défis. “Il va falloir que le législateur adapte les textes qu’on intégrera dans notre manière de réguler, car c'est un très vaste chantier”.
Ndiaye mesure toutefois le poids de la tâche qui l'attend. “Remplacer une personnalité telle que Babacar Diagne, ainsi que son prédécesseur Babacar Touré, est pour moi un défi de taille. (…) Il n'est pas facile de remplacer des géants. Car les deux derniers présidents du CNRA sont véritablement des géants, des monuments de la presse. Je veux parler de Babacar Touré avec qui j'ai mené des combats”.
D’après le nouveau président du CNRA, les combats tels que la présidence du CNRA autrefois sous tutelle des magistrats, ont été remportés. “On a dit qu'il est hors de question que les journalistes soient sous tutelle de qui que ce soit et ces combats ont abouti”, dit-il.
Au-delà de ses appréhensions, il s'est dit rassuré par l'équipe “rodée” du CNRA bien qu’il prenne le train en marche. “Je suis rassuré, parce que je vais pouvoir compter sur une équipe rodée, sur une machine huilée qui a l'habitude (…) d'organiser des élections et avec très peu de moyens. J’ai été surpris par la modicité du budget, mais surtout par le très petit nombre de collaborateurs qui fait ce travail extraordinaire”, a-t-il confié.
Selon lui, cette équipe est prête à aborder les enjeux critiques à venir, notamment avec les élections législatives anticipées du 17 novembre prochain.
Une exhortation à défendre la liberté responsable de la presse.
Quant au président sortant Babacar Diagne, il a rendu hommage à ses collaborateurs, exprimé sa gratitude envers l'équipe qui l'a accompagné durant ses six années à la tête du CNRA, tout en rappelant par la même occasion, à son successeur Mamadou Oumar Ndiaye, les défis qu’il devra relever, notamment en matière de liberté de la presse et de régulation audiovisuelle. “La presse doit être libre, mais elle doit aussi être responsable. Dans votre mission de régulation, il s'agira de protéger cette liberté avec, en ligne de mire, la responsabilité qui doit faire corps avec son expression. C'est ma conviction. Il lui incombe cependant d'être responsable”, a-t-il affirmé.
Soulignant l'importance d'un équilibre délicat entre liberté d'expression et responsabilité. “Il incombe toujours aux acteurs de travailler à le maintenir et là réside tout le challenge”, a-t-il dit.
Diagne a également évoqué les enjeux du paysage médiatique dominé par des changements technologiques et des influences financières.
“L’autre raison essentielle est qu’aujourd’hui, nous vivons dans un paysage médiatique miné par les tensions financières”. C’est dans cette optique que l’ex-président Diagne a exprimé sa confiance en son successeur Mamadou Oumar Ndiaye, qu'il considère comme l'homme de la situation pour poursuivre la mission du CNRA. “Vous êtes l'homme qu'il faut à la place qu'il faut”, a-t-il déclaré.