NETTALI.COM - Déterminé à réduire le déficit public à 3 % en 2025 et à maitriser la dette publique, le nouveau régime serre la ceinture sur les dépenses et revoit à la baisse certaines ambitions du régime précédent.
Le projet est enfin prêt. Il est baptisé “Stratégie nationale de développement (SND)”. Dans un document qui, selon toute vraisemblance, a fuité et a été largement partagé sur les réseaux sociaux, il est clairement indiqué : “Le coût global du PAP pour la période 2025- 2029 est estimé à 18 496,83 milliards F CFA.”
La principale source de financement portera, selon le document, sur le financement public traditionnel (exclusivement pris en charge par l’Administration publique centrale) pour un portefeuille de 11 510 milliards F CFA, soit 62,3 %.
Ensuite viennent les financements sous forme de partenariat public-privé pour un montant de 4 371 milliards F CFA, dont 1 311 milliards (30 %) de contrepartie de l’État, soit un pourcentage de 23,6 %. Et en troisième position arrive le secteur privé, dans le cadre de projets structurants pour un montant de 2 615,8 milliards F CFA, soit 14,1 %.
Par rapport au Plan d’actions prioritaires (PAP 3) du PSE qui devait coûter plus de 27 000 milliards F CFA, une innovation de taille a été apportée. “La SND instaure une innovation, dans la mesure où il n’y a plus de financement public à rechercher pour la prise en charge du plan quinquennal de développement. Le financement privé sera recherché en priorité dans le pays et dans le continent africain. Le gap de financement résiduel pourra être soumis aux investisseurs internationaux”, lit-on dans le document.
Le cout global passe de plus de 27 000 milliards à moins de 19 000 milliards F CFA. Mais comment ces ressources revues à la baisse seront réparties elles entre les différentes priorités ? Il ressort de l’analyse du nouveau référentiel que la priorité sera accordée à l’axe 2 relatif au capital humain et à l’équité sociale. L’un des secteurs prioritaires est l’Habitat-Urbanisme-Aménagement-Développement territorial avec 13,8 % des investissements publics, avec notamment le Programme national de planification urbaine et de gestion des risques (PNPUS) et le Projet d’aménagement et de développement urbain durable du littoral (Padul).
Vient en deuxième position, selon l’importance du portefeuille, le secteur Transports-Infrastructures avec 11,2 % des investissements publics, avec notamment le Projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire Dakar - Tamba et le Projet de construction de l’autoroute Dakar – Tivaouane - Saint-Louis.
L’Agriculture-Elevage-Pêche s’en tire avec 10,5 % des investissements publics, avec notamment le Projet de construction de magasins de stockage et de chambres froides ; le Projet de mécanisation agricole ; le Projet d’appui à la promotion de l’agriculture biosaline ; le Projet de réalisation de bassins de rétention du Sénégal ; le Projet d’autosuffisance en lait et le Projet d’équipement et de surveillance maritime.
Parmi les secteurs les plus prioritaires, il y a l’Education-Formation- Recherche pour 10 % des investissements publics. Il s’agira ici de renforcer la résilience des Daaras ; résorber les abris provisoires ; construire les universités Souleymane Niang de Matam et du Sénégal oriental à Tamba.
L’Environnement-Eau-Assainissement aura 8,8 % des investissements publics avec notamment le Programme intégrateur de la Grande muraille verte ; le Projet de construction d’un canal de transfert d’eau du lac de Guiers vers le triangle Dakar-Thiès-Mbour ; le Projet d’approvisionnement de Touba en eau potable et le Projet d’assainissement des centres urbains.
Pour la Santé-Action sociale, c’est un portefeuille de 6,2 % des investissements publics. On y décèle un Projet d’unité de production de vaccins ; un Projet de construction et d’équipement de neuf centres de santé et un Programme spécial de développement des laboratoires dans 10 régions du pays.
Enfin, il y a le volet Energies-Mines-Hydrocarbures avec 4,8 % des investissements publics. Cela s’explique par le fait que l’essentiel des investissements dans ce secteur viendra du privé.
Priorités, un changement dans la continuité
Au total, le Programme d’investissement public est estimé à 12 821,4 milliards F CFA, tandis que la contribution totale du secteur privé est attendue à 5 675,38 milliards F CFA, informe le nouveau référentiel des politiques publiques du Sénégal.
Sur la période 2025-2029, le nouveau régime table sur un taux de croissance moyen de 6,5 %, avec un pic de 9,7 % en 2025. Le gouvernement compte surtout sur l’amélioration de l’efficacité de l’investissement public à travers une meilleure préparation des projets publics (maturation, évaluation, sélection), mais aussi sur la productivité de l’investissement privé (vulgarisation des résultats de la recherche, encadrement des MPME, mise à niveau des entreprises, renforcement de la formation professionnelle et technique).
Globalement, fait remarquer le document, l’efficacité de l’investissement sera améliorée de 25 %. “La croissance de la productivité est projetée en hausse, de même que l’investissement privé et l’emploi, à la faveur de l’accompagnement du secteur privé dans les pôles régionaux et de réformes structurantes dans le sens d’une liberté économique accrue”, prévoit le SND, qui ajoute : “Au titre des finances publiques, les recettes budgétaires traditionnelles évolueront en ligne avec la richesse nationale et bénéficieront d’un élargissement progressif de l’assiette.”
Ainsi, indique le document, “les recettes fiscales enregistreront une hausse moyenne de 11,1 % sur la période 2025-2029, portant la pression fiscale à une moyenne de 21,7 % sur la période sous-revue”.
Salaires des fonctionnaires : moins d’euphorie que le régime précédent
Pour les cinq prochaines années, le gouvernement semble s’engager dans une dynamique de maitrise des dépenses. Il résulte du document que “la masse salariale devrait enregistrer une croissance modérée de 7,7 %, contre 10,6 % sur la décennie 2014-2023”. Ceci résulterait d’une hausse maitrisée des effectifs de 4,1 % en moyenne annuelle contre 5,8 % sur la période 2014-2023 et d’une augmentation moyenne annuelle du salaire moyen de 3,6 % contre 4,8 % sur la dernière décennie.
Relativement à la dette, le gouvernement entend faire d’énormes efforts pour une maitrise complète à l’horizon 2029. Ceci permettrait, selon la SND, de maitriser l’évolution des intérêts, avec une hausse moyenne de 4,2 % sur la période 2025- 2029, contre 28,5 % entre 2022 et 2024.
Outre la masse salariale, les subventions sur le secteur énergétique vont également connaitre une baisse drastique, mais les consommateurs pourraient ne pas trop le ressentir. “Les subventions à l’énergie, pour leur part, sont attendues en baisse drastique jusqu’à atteindre moins de 1 % du PIB à l’horizon 2029, contre 4 % du PIB sur la période 2020- 2023, en liaison avec la stratégie “gas to power”, qui favorisera la réduction du tarif de l’électricité et la disponibilité, à moindre cout, du pétrole brut pour les besoins de raffinage”.
En revanche, les dépenses d’investissement progresseront en moyenne de 14,7 % sur la période 2025-2029. “… Le relèvement du poids des investissements financés sur ressources internes fait suite au reprofilage de la stratégie d’endettement qui sera davantage orientée vers le marché financier domestique et régional”, stipule la SND qui prévoit également “une baisse des dépenses d’entretien, à la faveur notamment de la promotion du volontariat pour les dépenses liées à la réhabilitation des édifices publics, au reboisement, à la prévention et à la gestion des inondations, etc.”.