NETTALI.COM - En prison depuis le jeudi 11 avril 2024, le bloggeur guinéen Djibril Agi Sylla a comparu à la barre du tribunal le tribunal des flagrants délits de Dakar, le mardi 16 avril. Arrêté à la suite d’une plainte de l’homme d’affaires KPC pour diffamation et injures publiques, le mis en cause est jugé pour séjour irrégulier au Sénégal. Le délibéré est fixé pour mardi prochain.

Djibril Agi Sylla, est le bloggeur guinéen qui a été arrêté à la suite d’une plainte de l’homme d’affaires KPC pour diffamation et injures publiques. Toutefois,  après son audition, il a été inculpé pour séjour irrégulier au Sénégal. Le parquet lui reproche d'être venu au Sénégal illégalement puisqu'il ne dispose pas de titre de séjour

Celui qu’on surnomme « Agi le king 224 » a, face aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar, reconnu les faits. Toutefois, il a expliqué sa venue au Sénégal pour des raisons de survie. « Je suis arrivé au Sénégal par voie terrestre pour fuir la persécution en Guinée. Je crains pour ma vie. J'ignorais que j'avais besoin d'un titre de séjour. A mon arrivée, je me suis rendu au siège d'Amnesty international pour l'obtention du statut d'asile politique. Cependant j'ai été orienté vers le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. J'ai apposé mes empreintes mais par négligence, je ne suis pas reparti recueillir le document y afférent », a-t-il confié.

Si le procureur a demandé l'application de la loi, la défense elle, a soutenu que la loi de 1971 qui a été visée, est obsolète. Pour les avocats, « c’est une humiliation de viser le séjour irrégulier contre un citoyen membre de la CEDEAO qui garantit la libre circulation des personnes et des biens ».

« Votre décision peut avoir des conséquences sur la communauté. Le condamner, c'est le remettre à la merci d'un régime totalitaire qui veut se servir d'une décision judiciaire Sénégalaise. Rendez justice à Sylla, c'est participer à la construction de la communauté », a imploré Me Amadou Diallo.

Selon Toujours la défense, Me Amadou Aly Kane fait noter que « le bloggueur est victime d'une erreur judiciaire car il n'existe pas de texte de loi qui permet de le punir en tant que citoyen CEDEAO »

Le parquet a à son tour rétorqué que le principe de libre circulation ne peut pas être évoqué lorsqu'il s'agit d'une affaire de police ou de sûreté publique.

Pour finir, les avocats de la défense ont sollicité une demande de liberté provisoire avec le renvoi du délibéré, tout en maintenant leur argumentaire.

Une demande que le ministre public a refusé, évoquant des risques de trouble à l'ordre public.

Le tribunal a finalement rejeté la demande et fixé le délibéré au mardi 26 avril 2024.