NETTALI.COM - Il était attendu au tournant et il a été au rendez-vous de l’organisation de la présidentielle 2024. Une campagne électorale et un scrutin qui se sont déroulés dans un contexte électoral chargé et marqué par une méfiance entre l’opposition et le pouvoir, sur fond de défiance entre le constitutionnel, l’Assemblée nationale et le président de la république.

Une situation et un contexte politique compliqués qui avaient d’ailleurs poussé d’aucuns à se demander ce que Makhtar Cissé est encore allé faire dans cette galère, en acceptant de trôner à la tête du ministère de l’Intérieur, tellement le risque était grand que l’élection virât  à la contestation sans fin et à l’affrontement.

Et malgré son côté consensuel, issu d’une réputation solidement établi d’homme intègre et travailleur, la pression n’avait cessé de peser sur ses épaules, comme cela a été constaté dans les réseaux sociaux où certains recommandaient malgré tout, la méfiance même vis-à-vis de lui.

Mais heureusement qu’il y avait des hommes tels que le très charismatique leader du Pastef Ousmane Sonko pour dire, après son vote à Ziguinchor, tout le préjugé favorable sur la personne de Mouhamadou Makhtar Cissé. « Nous avons confiance au ministre l'Intérieur, mais nous lui lançons encore un appel pour que toutes les dispositions soient prises pour éviter que çà et là des nervis soient recrutés pour venir perturber le déroulement du vote », avait ainsi lancé le leader de Pastef. Une manière de lui mettre une pression bien douce.

Le colonel Ndao, son aîné du Prytanée militaire, s’y était lui aussi mis. Le connaissant bien, il avait en marge de la cérémonie de dédicace de son dernier livre, le 15 mars, « Sahel, terre des conflits », édité par L’Harmattan, déclaré que le Sénégal a une chance, estimant que l’élection allait se dérouler normalement. Il en voulait pour preuve sa confiance au ministre de l’Intérieur qui « est un enfant de troupe » et dont « le problème n’est que de servir ». Il dira d’ailleurs de lui qu’il a  « une histoire, un fanion », pensant au passage qu’il ne laissera pas « ternir  son fanion pour une quelque raison que ce soit ». Pour le colonel Ndao, Cissé croit en quelque chose : « Savoir pour mieux servir » (NDLR : devise du Prytanée militaire). Et cela, pour lui, c’est important, concluant être « heureux que le hasard ait fait que ce soit lui le ministre de l’Intérieur chargé de l’élection ».

A sa passation de service avec Sidiki Kaba, Makhtar Cissé déclarait déjà : « Commis de l’Etat », avec l’aide de DIEU, nous allons préserver l’exception Sénégalaise, l’un des derniers chantiers du Président de la République. Le Sénégal est au-dessus de nos ego et intérêts particuliers. C’est pourquoi, il nous faut élever le service public, l’intérêt général, la nation, le drapeau vers les cimes de la Sacralité républicaine. Rétablir la confiance entre tous est une de mes priorités. Cependant, c’est dans l’action maîtrisée sans démagogie de la part des parties et de chaque acteur que nous arriverons à des résultats probants.  Je reste ouvert aux collaborations nécessaires, dans le respect des valeurs administratives et sociales positives qui transcendent nos égos pour l’intérêt supérieur de la Nation. »

Une prise de position qui en disait déjà long sur le sacerdoce qu’il voyait en sa mission et le cap qu’il allait prendre.

 Et, à l'arrivée, aux côtés de l’inspecteur général de police, Thiendella Fall, un homme rompu à la tâche de l’organisation de l’élection depuis un peu plus de 20 ans, sans oublier les valeureux collaborateurs du ministère de l’intérieur dont Cissé n’avait cessé de louer l’expérience et la compétence  lors de sa passation de service avec Me Sidiki Kaba, le ministre de l’Intérieur Cissé relèvera le défi ô combien périlleux et lourd.

 A la vérité, Cissé n’a jamais cessé de se préoccuper de sécurité, de transparence et de paix depuis qu’il a été nommé à la tête du ministère de l’intérieur. D’abord lors de sa visite à la sûreté urbaine, au camp Abdou Diassé et au commissariat de Mbao, il déclarait à qui veut l’entendre qu’il allait livrer une élection sûre et transparente. De même que le jour du scrutin après son vote dans son Dagana natal.

« Je lance un appel au calme, à la paix, et à la sérénité. Un jour de vote doit être un jour de respiration démocratique, mais ne doit pas être un jour de tensions et de violence », déclarait-il déjà après avoir exercé son devoir civique au bureau de vote 4 de l’école Alioune Sarr, ex-école de Dagana, où il a été écolier dans son enfance. Il appelait ainsi les Sénégalais à ne pas verser dans « des violences, ou dans la destruction des infrastructures » estimant que « le plus dur à reconstruire, ce sont les relations humaines et sociales, ou encore le tissu social ». Avant d’ajouter que « les infrastructures sont les « plus faciles à reprendre alors que le tissu social quand il est détruit, c’est beaucoup plus difficile ». Il sensibilisait ainsi en faveur d' « un vote dans la paix et dans la sérénité », priant que « Dieu aide les Sénégalais, à faire le meilleur choix possible et que le président qui sera élu soit le meilleur pour le Sénégal ».

Les moindres couacs d’ailleurs marginaux, sont vite pris en charge, le jour du scrutin. A Paris dont l’un des bureaux de vote a connu l’affluence, la fermeture est prolongée pour permettre à tous ces Sénégalais, bien trop nombreux et déterminés à voter, à exercer leur devoir de citoyen. Ailleurs à Keur Massar où des Sénégalais qui ne sont pas allés à l’information liés au changement de bureaux de vote, suite au découpage électoral, il leur a été permis de voter malgré les agitations de certains membres de Benno. Ceux qui ont tenté de se livrer à l’achat de consciences dans certains bureaux, ont vite été repérés et empêchés d’agir.

Toute cela pour dire que l’organisation de cette présidentielle, a été une réussite pour cet enfant de troupe « nourri au lait du service public depuis le prytanée militaire de Saint Louis dont la devise est « savoir pour mieux servir » ».

Des défis, Makhtar Cissé en a relevés tout au long de sa riche carrière en pilotant les projets  tels que celui de la Douane. Notamment le guichet unique, la dématérialisation des procédures de dédouanement avec une nouvelle version du Système Gaindé, la construction du siège de la Douane et le changement des uniformes, ainsi que l’élaboration d’un nouveau Code des douanes. Des innovations qui avaient pour but de dépoussiérer les pratiques d’une Administration sclérosée, incapable de répondre aux défis et enjeux des temps modernes. Son passage aux douanes sénégalaise est d’ailleurs couronné par le prix des Nations Unies pour la qualité du service public obtenu en 2012 et remis au siège de l’ONU à New York. Réformateur dans l’âme, il entre au gouvernement d’Abdoul Mbaye comme ministre délégué chargé du Budget. MMC participe alors à l’élaboration du PSE, au Groupe consultatif de Paris en février 2014 avant de devenir ministre directeur de cabinet du président de la République en juillet 2014.

« Soldat dans l’âme », selon un de ses condisciples à l’ENA, il est envoyé en commando à la Senelec à un moment où personne ne voulait prendre en main les destinées de la société, marquée par des délestages incessants. Là aussi, il relève le défi. Cissé va engager le doublement de la capacité de production et de transport de l’électricité, un nouveau système d’information, la promotion du Woyofal, la construction de neuf centrales solaires et d’une centrale éolienne de 150 MW à Taïba Ndiaye, pour porter la part de l’énergie renouvelable de 0 à 30 %. Parallèlement, il met en place diverses réformes préparant ainsi le développement du mix énergétique dans notre pays qui ambitionne d’atteindre 40 % d'énergies renouvelables dans la production nationale d’électricité d’ici 2030. Il atterrira par la suite au département du ministère du Pétrole et des Energies où il initie les Concertations nationales sur le contenu local, le Forum des experts sénégalais Oil and Gas de la diaspora et l’adoption du Code gazier et des décrets d’application de la loi sur le contenu local et enfin la finalisation des négociations avec la Mauritanie pour la commercialisation du gaz de GTA, le financement pour l’exploitation du pétrole de Sangomar avec la FID.

Homme de devoir et de mission, il est rappelé, après un nouveau retour à l’Inspection générale d’Etat, au cabinet du président où il est encore reconduit Directeur de cabinet, jusqu’à cette mission sensible de l’organisation de la présidentielle. De quoi être fier de lui. Makhtar Cissé est assurément un homme de valeur et fait partie de la race des Sénégalais dont la pays  a grandement besoin.