NETTALI.COM- Bécaye Diouf, responsable adjoint de l'ex Pastef à D'Angoulême Nord à Rufisque, a fait face au juge du tribunal correctionnel de grande instance de Dakar. Accusé d’avoir publié les photos de deux magistrats avec des messages haineux dans le cadre de l'affaire Sonko, le prévenu a fait son mea culpa à la barre. Le procureur a requis 2 ans dont 6 mois fermes contre lui.

Le procès du commerçant Bécaye Diouf, le responsable adjoint de l'ex-Pastef à  Dangou Nord à Rufisque qui avait divulgué les photos des juges Yakham Keita et Amath Sy avec des messages compromettants, s’est tenu ce jeudi 15 février 2024. Les photos étaient accompagnés de messages qui frôlent l'incitation au meurtre. « C'est lui Yakham Keita qui doit nous juger. Nous avons affaire avec lui », avait-il écrit et illustré avec sa photo. Tandis que pour le juge Amath Sy, présenté comme étant celui qui devait juger Ousmane Sonko dans l'affaire Adji Sarr, les propos étaient : « c'est un bandit, un individu mais sa neutralisation est urgente ».

Devant le juge, Bécaye Diouf,  poursuivi pour collecte illicite et diffusion d'images appartenant à autre, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique et mise en danger de la vie d'autrui, a reconnu avoir diffusé les photos. Toutefois, il conteste la paternité des messages joints en prétendant les avoir envoyés par inadvertance. « Je peux les avoir partagés par erreur car je partage jusqu'à 10 messages par jour. Les écritures ne sont pas les miennes et ce n'était pas mon intention d'exposer ces magistrats. Ça a été une curiosité de voir la photo de Amath Sy, la personne qui devait juger notre leader alors je l'ai partagé en guise d'information mais je n'ai pas écrit le message ».

Cependant, le président du tribunal ne lui a pas laissé le choix, il lui lance : « une personne que vous ne connaissez pas, que vous ne n'avez jamais vu et vous vous permettez de partager sa photo. Le pire, vous êtes resté chez vous en demandant aux autres de sortir». Le juge poursuit « vous avez aussi envoyé ces messages : « Le combat ce n'est pas d'être dans les rues pour affronter les forces de l'ordre mais d'aller brûler les maisons des leaders et leurs biens". Si on applique cette méthode en 24heures, Macky Sall va dégager. " Sonko ou la mort de tout le gouvernement". "...Brûlez les boutiques Auchan et Total... ». Le prévenu répond : « c’est parti par erreur ».

Le juge martèle : « finalement le téléphone est un danger pour vous ».

A la question du procureur qui demande si le prévenu connait Amath Sy, Bécaye Diouf répond : « J’ai connu le juge à travers la presse. J'ai partagé le texte pour informer mes amis sur le magistrat qui devait juger notre leader. J'ai vu sa photo dans le groupe Patriote Debout et j'ai partagé dans le nôtre ». Le patriote a réitéré ses regrets en soutenant qu'il ne pensait pas que cette affaire lui coûterait 9 mois de liberté puisqu'il ne participe jamais aux manifestations non autorisées.
Face à ses regrets, le parquet a requis 2 ans dont 6 mois fermes non sans dénoncer la lâcheté du prévenu qui s'est mis derrière son clavier pour inciter les gens à sortir dans les rues et attaquer des magistrats.

Me Babacar Ndiaye, son avocat, soutient pour défendre son client : « au sortir de cette affaire, il participera au débat politique de manière prudente. Il a trébuché". "Cette détention préventive de 9 mois lui a suffit pour faire amende honorable. Il a besoin de rejoindre sa famille », dit-il.

Bécaye Diouf sera édifié sur son sort le 21 mars 2024.