NETTALI.COM - Les avocats d’Ousmane Sonko ont demandé au juge de la Cour suprême de surseoir à statuer et de transmettre l’exception d’inconstitutionnalité qu’ils ont soulevé au Conseil constitutionnel. Car de la réponse du juge constitutionnel dépend sa solution du litige. Le président de la 1e chambre correctionnelle de la Cour suprême a préféré joindre les exceptions au fond avant d’ouvrir les débats.

Dans sa prise de parole, Me Youssoupha Camara a déclaré n’avoir pas compris la décision de la Cour d'appel qui a condamné son client à 6 mois assortis du sursis pour « diffamation et injures ». Pour lui, Ousmane Sonko n'a jamais injurié Mame Mbaye Niang.

«Ousmane Sonko n'a jamais dit que Mame Mbaye est un menteur. Et dans l'arrêt, il est mentionné que Sonko a traité Mame Mbaye de menteur. Ce que Ousmane Sonko a dit c'est : «S'il dit qu'il n'est pas épinglé par un rapport, il ne dit pas la vérité ». Ce qui n'est pas une injure. Parce que ceci n'a rien d'outrageant. Donc, nos moyens sont bien recevables. Nous considérons sur ce point de vue que cet arrêt mérite une infirmation ».

S'agissant de la sanction pécuniaire infligée à Sonko, Me Camara fait remarquer que ce dossier est « éminemment politique". «Comment dans le dossier Ndiaga Diouf on accorde à la partie civile 25 millions FCFA et pour l'honneur de Mame Mbaye Niang, on met 200 000 millions. C'est quelle justice ? », s'interroge l'avocat qui dit au juge : «Quand on vous demande de régler des problèmes politiques vous sortez de votre sacerdoce ».

Me Djiby Diagne, lui pense que la Cour d'appel n'a pas suffisamment motivé son arrêt. « Il suffit de prendre la dernière page du procès-verbal. Il est mentionné que Sonko a versé une clé USB et une autre de couleur grise. Et là, le lien des articles prouve bel et bien de l'existence du rapport. Pour vous dire que le contrôle qui devait se faire n'a pas été fait. Ce qui constitue un défaut de base légale, donc je vous prie de casser cet arrêt», dit-il.

Pour sa part, Me Ndoumbé Wane fustige la manière dont le dossier a été accéléré. « Il n’y a que Sonko qui peut avoir une décision de justice le 30 mars et être enrôlé en moins de 17 jours. C'est pour enlever à Sonko la possibilité de faire un recours », soutient-elle. Elle ajoute que la diffamation est un délit de presse. « Elle ne peut pas faire l'objet de contrainte de corps. C’est pour dire que le Cour d'appel a violé les dispositions du Code pénal. M. le Président cassez l’arrêt de la Cour d’appel", dit-elle

Me Bamba Cissé, lui, a voulu que le juge statue sur l'exception d'inconstitutionnalité soulevée par la défense avant d’aller au fond du dossier. « Tout le monde sait que ce procès est la dernière chance pour éliminer Sonko. Alors pourquoi vous accepterez que notre ami (Président Macky) qui part dans un mois, détruise une vie », soutient Me Khoureyssi Ba au président de la Cour.

Pour Me Ciré Clédor Ly, « Sonko a usé de son droit de critique. Ce qui est un droit fondamental ». « Il a critiqué et cela ne peut être fait que par l'expression. L'article 260 du Code pénal qui réprime la diffamation commise contre les membres du gouvernement à raison de leurs fonctions qui est à la base de la condamnation de notre client devant la Cour d'appel est la pierre angulaire de tout ça. Et il n'est pas conforme à la Constitution ».

Il demande ainsi à la Cour de surseoir à statuer et de renvoyer la procédure devant le Conseil constitutionnel. « Quelles que soient les promesses, sachez que c'est éphémère. Rendez le droit », dit-il.

Notons que l’audience est présidée par le juge Abdourahmane Diouf. Oumar Guèye, avocat général, assure le ministère public.
Le juge a décidé de joindre les exceptions soulevée par les avocats de Sonko dans le fond.