NETTALI.COM - La situation politique et sécuritaire de la région a été passée au crible lors de la 5ème Session du Conseil de Médiation et de sécurité de la Cedeao (CMS-Cedeao) par les ministres des Affaires étrangères de l’organisation. Les récents événements en Sierra Léone et en Guinée Bissau ont particulièrement retenu l’attention.

La situation politique et sécuritaire de la région était au menu de la 5ème Session du Conseil de Médiation et de sécurité de la Communauté économique des État de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui s’est tenue le mercredi 6 décembre, à Abuja. Il a été notamment question des récents développements politiques et sécuritaires en Sierra Léone et en Guinée Bissau, du suivi des transitions politiques au Burkina, au Mali, en Guinée et du processus électoral au Ghana et au Sénégal en particulier.

Présidés par Yusuf Maitama Tuggar, Ministre des Affaires étrangères de la République Fédérale du Nigéria, les travaux de la rencontre ont ainsi porté sur les récents déve- loppements aux niveaux politique et sécuritaire dans les États de la région (Sierra Léone, Guinée Bissau Niger, Mali, Burkina Faso, République de Guinée), sur la situation humanitaire et le dispositif régional d’alerte pré- coce pour la sécurité humaine.

Sur le plan sécuritaire, le cas de la Sierra Léone, où il y a eu, selon le gouvernement de ce pays, une tenta- tive de coup d’État le 26 novembre 2023, a particulièrement retenu l’at- tention du Conseil qui a préconisé

l’envoi d’une mission de stabilisation de la Cedeao, à l’image de celles en cours Gambie et en Guinée Bissau. Pour ce qui est des événements qui se sont déroulés en Guinée Bissau, le 1er décembre 2023, et en vue de soutenir le processus de stabilisa- tion, le Conseil a prévu le déploie- ment d’une mission de haut niveau dans le pays, en vue d’échanger avec le Président de la République et les acteurs clés sur le rétablissement de l’Assemblée nationale du Peuple.

Concernant la lutte contre le terrorisme, la Commission a informé du dégel du fonds régional de sécurité et de la reprise des activités de forma-

tion dans le cadre du Plan d’Action 2020-2024. Le Conseil a réitéré sa demande à la Commission de redou- bler d’effort en vue d’activer la Force en attente de la Cedeao, conformé- ment aux instructions de la Conférence.

Pour ce qui est de la sécurité et de la sureté maritime, il a été relevé une tendance à la baisse de la piraterie et des braquages dans le Golfe de Guinée, ce dont le Conseil s’est félicité en exhortant les États membres à accroître le financement des opérations et exercices maritimes conjoints dans la région. La mise en place du dispositif régional de l’alerte précoce suit son cours avec l’effectivité des Centres au niveau de neuf pays.

En ce qui concerne le Sénégal, le processus suit son cours. La question de l’ancrage institutionnel a été réglée, dit-on, avec l’instruction don- née par le Chef de l’État de loger la structure nationale au niveau de la primature en rapport avec les Ministères concernés.

Patrice Talon mandaté pour renouer le dialogue avec les autorités malienne, burkinabé et guinéenne

Sur la situation au Niger, le Conseil a fortement dénoncé la situation du Président Mohammed Bazoum. Il a recommandé la mise en place d’un Comité de Chefs d’État pour dialoguer avec le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et les autres parties prenantes nigériennes en vue d’élaborer une feuille de route pour une transition de courte durée. "Jusqu’à l’aboutissement desdites négociations, les sanctions devraient être maintenues ainsi que l’option militaire, préconise le Conseil", indique le communiqué qui a sanctionné la rencontre.

Toutefois, précise la même source, "le Conseil informe que des mesures seront prises pour débloquer l’acheminement de l’aide humanitaire au Niger prioritairement. A l’endroit des États soumis à des sanctions, il sera examiné un système de dérogation pour les transactions et activités humanitaires critiques. Le Conseil a aussi recommandé la désignation d’un Envoyé spécial sur la situation humanitaire dans la région avec un mandat clair. Il s’agirait, en résumé, d’une main tendue de la Cedeao aux régimes de transition mais, pour l’instant, les sanctions seraient maintenues, comme recommandé notamment par la réunion des Chefs des services de renseignement qui s’est tenue à Abuja, le 4 décembre 2023".

En effet, le Conseil manifeste sa préoccupation par rapport à la remise en question par les autorités malienne, burkinabé et guinéenne des chronogrammes des processus de transition convenus avec la Cedeao.

Ainsi, face à la main tendue aux juntes militaires, il est recommandé d’envoyer des missions dans ces trois pays, sous le leadership du Président Patrice Talon, du Bénin, afin de renouer le fil du dialogue pour une reprise des chronogrammes de transition.

Remplacement des membres de la Cena : Madior Fall parle d’un acte légal

L’autre point important qui a été débattu est relatif aux élections qui se sont déroulées dans les différents pays de la région (en Côte d’Ivoire, au Nigéria, en Sierra Léone et au Libéria), et celles à venir (Ghana, Sénégal). Présent à cette réunion, le Pr Ismaëla Madior Fall a apporté quelques réponses relativement au remplacement des membres de la Commission nationale électorale (Cena) qu’une partie de l’opposition sénégalaise avait dénoncé.

"Le Ministre de Affaires étrangères a rappelé qu’il s’agissait d’un acte légal et ne violait aucune disposition communautaire, pris par l’Autorité compétente, le mandat desdits membres ayant expiré. Par ailleurs, le Pr Fall a rassuré le Comité sur le bon déroulement du processus électoral et de la tenue de l’élection à la date fixée. D’ailleurs, leur a-t-il signifié, une mission d’information préélectorale s’est déroulée fin novembre 2023 au Sénégal et a pu faire le constat du déroulement normal du processus dans sa phase actuelle de collecte des parrainages par les différentes parties concernées", renseigne le document.