NETTALI.COM- Le phénomène de l’émigration irrégulière s’intensifie davantage causant ainsi de nombreux morts et des dizaines de disparus en mer. Pour Moussa Balla Fofana, membre du cabinet du cabinet d’Ousmane Sonko invité sur le plateau de jury du dimanche sur la 90.3 Iradio, cette situation prouve l’échec de nos politiques publiques. 

Il ne passe pas un jour, ou on n’annonce pas la mort ou la disparition de personnes en mer à cause de l’émigration irrégulière. Un phénomène prisé par les jeunes consistant à prendre des pirogues pour se diriger vers l’Europe espérant un avenir meilleur et ou réussir. Cette situation Moussa Balla Fofana, membre du cabinet du cabinet d’Ousmane Sonko l'impute à l'Etat. « Depuis nos indépendances, nous avons raté des orientations stratégiques et des politiques de souveraineté qui auraient dû nous permettre de bâtir une économie fondée sur nos moteurs. Parce que c’est l’économie qui retient les gens. La société sénégalaise a tendance à préparer l’individu pour qu’il ait une obligation de réussite. Dès votre naissance, depuis l’espace familial, il y a un conditionnement social qui fait sentir à l'enfant qu’il a l’obligation de s’occuper de sa mère, de s’occuper de son père, d’aider » analyse-t-il.

Poursuivant, il souligne : « pour parler de la réussite en wolof, on dit « tekki ». Si on fait une définition littérale, du terme « réussir », cela ne veut pas dire « réussite » concrètement. Nous associons la réussite à la signification. Si vous n’avez pas réussi, c’est comme si vous ne signifiez rien dans ce pays. Si vous avez votre salaire, et votre entreprise, c’est comme si vous commencez à exister dans la société. Et ça, c’est le conditionnement social qui veut ça ». Et pourtant, note-t-il, « nous avons des valeurs extraordinaires que malheureusement des régimes ont toujours échoué sur comment bâtir une économie capable d’absorber cette énergie positive qui est l’envie de travailler, d’innover et de produire ».

Poursuivant son analyse, Moussa Balla Fofana ajoute : « l’Arabie Saoudite vient acheter des terres arables. Nous avons plus de 500 km de côtes. Où est cette flotte moderne qu’on devait avoir pour permettre à nos jeunes pêcheurs de rivaliser avec les Portugais et les Espagnols. Pourtant, les chalutiers ne valent que deux milliards. Avec les forces de nos bras, on était capable de construire des pirogues, et d’aller en mer, on revenait avec suffisamment de matières, et quand on vendait ce poisson, on faisait une marge. Modèle économique rentable qui nourrissait des centaines de familles. Mais à cause de la raréfaction de la ressource, des accords qu’on a signés, et du fait qu’on n’a pas compris que ce secteur halieutique doit être équipé, que nous devons s'industrialiser pour en faire une priorité. On a dormi pendant 60 ans. Aujourd’hui, ce modèle économique ne marche plus ».

Par ailleurs l'invité de JDD estime qu'il ne faut pas regarder ceux qui prennent les pirogues mais ceux qui conduisent les pirogues. « Ce sont des capitaines, ce sont eux les armateurs, qui savent naviguer pour ramener du poisson. Ce sont les acteurs clés d’un système économique qui partent. Si nous continuons comme ça, ce sont les acteurs économiques les plus importants qui vont disparaître dans l’un des secteurs les plus importants de notre économie » dit-il. Ainsi , il se demande le rôle que joue le régime dans tout ça.