NETTALI.COM – Désigné candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba rêve de remplacer Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal. Si le fauteuil présidentiel semble lui tendre les bras, le chemin qui mène à la victoire est encore très long pour l’actuel Premier ministre. Et les résultats obtenus par la coalition présidentielle lors des dernières échéances électorales ne plaident pas du tout en sa faveur.

Exit Macky Sall, qui sera le prochain président de la République ? Réponse attendue entre février et mars 2024. Toujours est-il que du côté de Benno Bokk Yakaar, on rêve de voir l’actuel Premier ministre devenir le 5e président du Sénégal après Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall. Amadou Ba a en effet été désigné candidat de la mouvance présidentielle à la prochaine présidentielle. Election à laquelle ne prendra pas part le président sortant. Une première dans l’histoire politique du Sénégal. Amadou Ba a-t-il des chances de devenir le premier inspecteur des Impôts à devenir chef de l’Etat du Sénégal ? S’il a l’avantage de pouvoir s’appuyer sur l’appareil Benno et les moyens dont dispose la coalition au pouvoir, le candidat désigné par Macky Sall sait mieux que quiconque que 2024 risque d’être compliqué pour lui. Très compliqué.

En février 2024, Amadou Ba sera à la tête d’une grande coalition. Toutefois, Benno, la plus vieille coalition de l’histoire politique du Sénégal, est en train de perdre du terrain depuis la réélection de Macky Sall en 2019. Les résultats des deux derniers scrutins qu’a connus le Sénégal tendent à le prouver. Il y a d’abord les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022. Scrutin au cours duquel les grandes villes du Sénégal échappent au contrôle de la coalition de Macky Sall. Dakar, Guédiawaye, Kaolack, Thiès, Diourbel, Ziguinchor… tombent dans l’escarcelle de l’opposition. Et même si Macky Sall et sa coalition ont essayé de relativiser la défaite parce que conservant la majorité des communes du pays, il se trouve que les zones où les candidats de Benno ont gagné ne représentent pas plus de 40% de l’électorat. C’est donc dire…

Cette tendance à la baisse de l’électorat de la mouvance présidentielle s’est confirmée lors des législatives du 31 juillet 2023. Scrutin au cours duquel Benno n’a récolté que 1.518.137 voix sur les 3.279.110 Sénégalais ayant effectivement voté, soit 46,56%. Au même moment, la coalition Yewwi askan wi récoltait 1.071.139 voix, soit 32,85%. Wallu Sénégal, autre coalition de l’opposition, s’en sortait avec 471.517 voix, soit 14,46%. Ainsi, l’inter-coalition Yewwi-Wallu fait 47,31%, dépassant ainsi Benno avec ses 46,56%. Autrement dit, Benno n’a pas une majorité lui permettant de faire passer son candidat dès le premier tour. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les responsables de la mouvance présidentielle n’ont cessé de pousser Macky Sall à briguer un 3e mandat. Leur argument : Macky Sall a son "quotient personnel" qui pourrait lui permettre de passer dès le premier tour. Un "quotient personnel" qu’Amadou Ba n’a certainement pas. Lui qui n’a jamais conduit les troupes de Benno au cours d’un scrutin national. Et même s’il peut revendiquer sa part des rares victoires de Benno à Dakar depuis 2012 (référendum de mars 2016 et législatives de 2017), l’influence d’Amadou Ba est encore limitée à Dakar.

Pis, le candidat désigné de Benno va devoir se partager l’électorat de Macky Sall avec des candidats comme Mame Boye Diao ou Aly Ngouille Ndiaye si ces derniers maintiennent leur candidature et réussissent à passer l’étape des parrainages.

Amadou Ba, qui se définit comme le candidat de la continuité, a donc la lourde tâche de renverser cette tendance baissière des résultats de la coalition au pouvoir. Mission d’autant plus difficile que l’électorat sénégalais s’est fortement rajeuni. Et les jeunes nouvellement inscrits sur les listes ont souvent tendance à voter contre le candidat du pouvoir. Cependant, l’élection présidentielle étant une rencontre entre un homme et son peuple, Amadou Ba a peut-être le discours qui pourrait lui permettre de convaincre les Sénégalais qui sont nombreux à réclamer plus qu’une "continuité" de l’ère Macky Sall.