NETTALI.COM  - Prévues le 31 juillet prochain, les législatives de 2022 risquent de se tenir dans un fort climat de tension. En fait, tous les ingrédients semblent réunis pour mener le Sénégal dans un chaos électoral lourd de dangers.

En juillet 2017, le Sénégal avait connu des élections législatives dont l'organisation est considérée comme la pire de toute l'histoire politique du Sénégal. Ces élections auxquelles avaient pris part 47 listes (contre 24 en 2012) s'étaient tenues en plein hivernage. Résultat : la pluie avait fortement perturbé le vote dans certaines zones du pays. C'était le cas à Touba où près d'une centaine de bureaux de vote n'avaient pas fonctionné. Pis, des électeurs mécontents avaient attaqué certains lieux de vote, créant un véritable chaos. Bagarres, coups de feu, armes blanches... avaient marqué la journée. Et c'est le même scénario qui risque de se répéter le 31 juillet prochain. Pis, il risque de s'étendre dans d'autres parties du pays.

Alors que nous sommes encore à quelques semaines des législatives, tous les ingrédients semblent réunis pour un chaos électoral. Et les dernières décisions rendues par le Conseil constitutionnel risquent d'aggraver la situation. La preuve : pour la première fois dans l'histoire politique du Sénégal, des coalitions de partis vont présenter des moitiés de listes aux prochaines législatives. Si Benno Bokk Yakaar y va avec une liste nationale composée que de titulaires, Yewwi askan wi, elle, n'aura qu'une liste de... suppléants. Ainsi se posent de nombreuses questions.

Le constitutionnaliste Ngouda Mboup s'interroge par exemple sur la tête de liste de Yewwi. Il écrit : "Si Ousmane Sonko dirige la liste des titulaires et tout autant la liste des suppléants, avec l'irrecevabilité déclarée de la liste des titulaires qui dirigera la liste des suppléants (indication pourtant obligatoire et prévue à l'article L.173-2 du Code électoral ("le nom du candidat occupant le 1er rang sur la liste nationale", c'est à dire le 1er candidat titulaire) ?" Et de poursuivre : "Si la photo d'Ousmane Sonko doit figurer sur la liste nationale, avec l'irrecevabilité déclarée de la liste des titulaires quelle photo doit figurer sur la liste nationale de la Coalition Yewwi Askan Wi ("la photo du candidat occupant le 1er rang sur la liste nationale", c'est à dire le 1er candidat titulaire, indication pourtant obligatoire et prévue à l'article L.173-2 du Code électoral) ?" Ce qui lui fait dire que "le ministre de l'Intérieur et le Conseil constitutionnel doivent des explications et des réponses précises aux Sénégalais et aux électeurs."

Ngouda Mboup souligne des questions de droit. Mais d'autres bizarreries vont se poser dans les semaines qui viennent. Qui va diriger la campagne de Yewwi si sa tête de liste n'est pas... candidat ? Des interrogations auxquelles le ministère de l'Intérieur va devoir trouver des réponses pour une bonne organisation des élections.

Il s'y ajoute que les législatives vont se tenir dans un contexte de forte tension. Les deux coalitions (Benno et Yewwi) se regardent en chien de faïence. Un véritable dialogue de sourds s'est installé entre les acteurs politiques. Et le rassemblement de Yewwi askan wi prévu ce mercredi risque d'être celui de tous les dangers. Puisque du côté de la mouvance présidentielle également, on appelle à manifester.