NETTALI.COM - L’opposant Ousmane Sonko a été inculpé de 8 chefs d’accusation ce lundi 31 juillet 2023 par le juge du 1e cabinet d’instruction du tribunal de grande instance hors classe de Dakar. Au terme de son face à face avec le Doyen des juges, le leader de Pastef a été placé sous mandat de dépôt, devenant ainsi un pensionnaire de Rebeuss puis de Sébikotane. Oumar Maham Diallo, lié par certaines dispositions jugées «liberticides» du Code pénal et du Code de procédure pénale, n’a rien pu faire que de suivre le réquisitoire introductif du Procureur.

Le Procureur de la République du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, Abdou Karim Diop, n’a voulu aménager aucune échappatoire au leader de Pastef. Il a voulu le cerner de toutes parts en ratissant large. Non seulement, il a visé 8 infractions pour des faits qui se seraient déroulés de 2021 à 2023 non encore purgés par la prescription, mais aussi il a visé des articles liberticides du Code pénal et du Code de procédure pénale pour ne donner aucun choix au juge d’instruction, si ce n’est de suivre à la lettre sa demande.

En effet, dans son réquisitoire introductif, document par lequel il a saisi le Doyen des juges pour lui confier le dossier Ousmane Sonko, Abdou Karim Diop a visé 8 chefs d’accusation, notamment l’appel à l’insurrection, l’association de malfaiteurs, l’atteinte à la sûreté de l’État, le complot contre l’autorité de l’État , les actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, l’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, le vol. La majeure partie de ces infractions sont prévues et réprimées par les articles 56 à 100 du code pénal.

Pour bétonner son dossier, le Procureur de la République a visé l’article 139 du Code de procédure pénale avant de requérir le mandat de dépôt contre Ousmane Sonko. Or, cet article dispose que «sur les réquisitions dûment motivées du ministère public, le juge d'instruction est tenu de décerner mandat de dépôt contre toute personne inculpée de l'un des crimes ou délits prévus par les articles «56» à «100» et «255» du Code pénal». Du coup, Oumar Maham Diallo n’avait d’autres choix que de suivre le parquet dans ses réquisitions.

Raison pour laquelle, il a placé sous mandat de dépôt Ousmane Sonko à la prison de Rebeuss et devra démarrer d’ores et déjà son instruction.

Sonko à la merci du parquet

Ousmane Sonko devra être extrait plus tard de sa cellule pour être entendu dans le fond par le magistrat instructeur. Ce sera ainsi l’occasion, avec ses avocats, de donner ses arguments dans l’espoir d’anéantir toutes les charges retenues contre lui. Ce sera également l’occasion pour ses avocats de déposer une demande de liberté provisoire. Toutefois, même dans ce cas, Ousmane Sonko sera à la merci du procureur. L’alinéa 2 de l’article 139 du Code de procédure pénale note que «la demande de mise en liberté provisoire d'une personne détenue provisoirement pour l'un des crimes ou délit spécifiés à l'alinéa précédent sera déclarée irrecevable si le ministère public s'y oppose par réquisition dûment motivée».

C’est dire que le Procureur a les cartes en main dans ce dossier car il peut le maintenir en prison autant qu’il le voudra, à moins que le juge d’instruction accélère son instruction et lui décerne une ordonnance de non-lieu s’il ne dispose pas de charges suffisantes contre lui.

Ce que n’ignore pas Ousmane Sonko, lui qui compte désormais sur le soulèvement du peuple pour se tirer d’affaire. "Je viens d’être injustement placé sous mandat de dépôt. J’ai toujours placé ma confiance en Dieu. Si le peuple sénégalais, pour qui je me suis toujours battu, abdique et décide de me laisser entre les mains du régime de Macky Sall, je me soumettrai, comme toujours, à la volonté divine", poste-t-il sur sa page facebook, fataliste.